Huit mois après le début d’une crise multifactorielle qui menace les fondations du Liban, sa classe politique n’a toujours pas pris de véritable mesures afin d’enrayer l’effondrement à venir (…). Aujourd’hui, quatre des cinq piliers-clés qui ont longtemps soutenu le Liban s’effritent.
Pour commencer, le système de partage du pouvoir qui a caractérisé le pays depuis sa fondation – et repose à la fois sur une répartition équitable des postes entre les différentes communautés et la « double négation » (ni Occident ni arabisation) – ne fonctionne plus et ne cesse d’être affaibli par des blocages persistants(…). Le deuxième pilier, le rôle du Liban en tant que république marchande basée principalement sur le secteur bancaire et les services, touche lui aussi à sa fin (…). Le troisième pilier du pays, à savoir sa classe moyenne, historiquement l’une des plus riches, des plus ingénieuses et des plus professionnelles de la région. La société libanaise s’appauvrit rapidement, tandis que les plus jeunes et les plus brillants de ses membres cherchent des opportunités ailleurs. Le quatrième pilier du système libanais, à savoir les libertés publiques, est également en train de s’éroder (…).
Quant au cinquième pilier du système libanais, l’armée et les Forces de sécurité intérieure, il ressent également les effets de la crise économique (…). Si la troupe se porte mieux que ceux qui ont perdu leur emploi, elle a perdu nombre des avantages dont elle bénéficiait auparavant. Dans un contexte de tensions accrues, la pression économique sur les institutions militaires et sécuritaires ne devrait cesser de s’accroître, alors même que la criminalité est en hausse.
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