RAMALLAH: Le ministère palestinien des Affaires étrangères a exprimé son profond mécontentement face à la faible réaction internationale à ce qu’il a décrit comme un «massacre odieux» perpétré par le gouvernement israélien et son armée à Naplouse mercredi.
Une grève générale a été décidée dans les territoires palestiniens jeudi, en signe de deuil, après la mort de onze Palestiniens tués par les forces armées israéliennes lors de l’opération de Naplouse.
Le ministère des Affaires étrangères a qualifié la réponse internationale de «réactions et déclarations timides et faibles» et de «formules générales répétitives et routinières».
Le ministre des Affaires étrangères, Riyad al-Maliki, a chargé les ambassadeurs de l’Autorité palestinienne de s’adresser d’urgence aux ministères des Affaires étrangères, aux centres de décision et à l’opinion publique des pays hôtes et de l’Organisation des nations unies (ONU) pour exercer la plus grande pression internationale possible sur le gouvernement israélien afin qu’il mette fin à ses mesures unilatérales illégales.
M. Al-Maliki affirme que les ambassadeurs devraient exiger des réponses mondiales et des mesures efficaces afin qu’Israël cesse son agression généralisée contre les Palestiniens.
La grève de jeudi a entraîné la fermeture des magasins, des écoles et des banques, tandis que certaines rues principales des villes de Cisjordanie étaient vides.
La grève initiée par les forces palestiniennes s’est étendue à Jérusalem-Est et à la bande de Gaza.
Les forces palestiniennes ont appelé à des manifestations et à la résistance contre les forces armées israéliennes en Cisjordanie pour condamner fermement les massacres de Naplouse.
Les forces armées et de police israéliennes ont renforcé l’état d'alerte et de préparation aux représailles palestiniennes contre des cibles israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem.
Par ailleurs, l’Autorité palestinienne a renouvelé sa volonté de poursuivre Israël devant la Cour pénale internationale (CPI).
Le ministre Ibrahim Melhem, porte-parole du gouvernement palestinien, déclare à Arab News que d’autres meurtres seraient inévitables tant que les Israéliens continueront d’agir avec un sentiment d’impunité.
Les États-Unis et l’ONU doivent intervenir immédiatement pour mettre fin aux assassinats ciblés de Palestiniens par Israël, insiste-t-il.
L’éminent analyste politique palestinien Ghassan al-Khatib indique à Arab News que le nombre de victimes palestiniennes et le moment choisi pour l’opération mettent l’Autorité palestinienne dans un grand embarras, en particulier après avoir reporté la soumission d’un projet au Conseil de sécurité de l’ONU contre Israël en réponse à la pression et à la médiation américaines.
Les résultats de l’opération militaire israélienne à Naplouse ont porté atteinte au statut et à la crédibilité de l’Autorité palestinienne aux yeux des Palestiniens, déclare M. Al-Khatib.
«Il semble évident qu’Israël ne se soucie nullement de l’Autorité palestinienne et ne tient pas compte de sa présence ou de son absence sur le terrain lorsque le pays décide de mener des opérations militaires en Cisjordanie», explique-t-il à Arab News.
Il accuse la coalition dirigée par le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, de tenter d’exporter ses crises internes en créant une autre arène de conflit dans laquelle elle pourrait remporter des victoires.
M. Netanyahou considère manifestement que le fait de tuer des Palestiniens ainsi que d’affaiblir et d’embarrasser l’Autorité palestinienne est la meilleure façon d’y parvenir, précise-t-il.
Esmat Mansour, un expert palestinien des affaires israéliennes, déclare à Arab News que le gouvernement israélien assène constamment des coups à l’Autorité palestinienne, malgré les efforts de médiation et d’accords sous l’égide des États-Unis.
«Benjamin Netanyahou essaie de faire passer un message clair: tout accord doit permettre à l’armée israélienne de faire ce que bon lui semble à tout moment et en tout lieu, et les Palestiniens sont la seule partie qui doit respecter les accords, pas Israël», ajoute M. Mansour.
La situation en Cisjordanie est devenue compliquée, souligne-t-il à Arab News.
La marge de manœuvre de l’Autorité palestinienne est inexistante après ce qui s’est passé à Naplouse mercredi, poursuit Esmat Mansour.
Il affirme que l’armée israélienne était consciente que ses offensives à Naplouse occasionneraient de lourdes pertes aux Palestiniens.
«Mais tant que les pertes sont uniquement du côté palestinien, l’armée israélienne considère leurs effets secondaires comme quelque chose de normal et d'attendu.»
Hazem Qassem, le porte-parole du Hamas, indique que «la vaillante résistance dans la bande de Gaza sera toujours présente pour défendre notre peuple et lui servir de bouclier».
M. Qassem soutient que le mouvement surveille chaque détail des crimes israéliens contre le peuple palestinien, ajoutant que sa patience était à bout.
Tarik Selmi, porte-parole du mouvement Djihad islamique, souligne: «Notre peuple a le droit de se défendre et de défendre sa terre. Il a le droit de faire face à l’agression et à la terreur de l’occupation.»
M. Selmi avertit que la situation pourrait exploser et conduire à une escalade si l’occupation ne mettait pas fin à ses agressions.
Des responsables palestiniens ont déclaré que près de cinq cents personnes avaient été blessées lors du raid israélien.
«Nos équipes ont soigné quatre cent quatre-vingt-huit blessés lors de l’invasion de Naplouse par les forces d’occupation. Cent trois blessés par balles réelles ont été transportés dans les hôpitaux de Naplouse», informe le Croissant-Rouge palestinien.
D’autres blessures ont été provoquées par l’inhalation de gaz lacrymogène et des éclats d’obus.
Le ministère palestinien de la Santé a confirmé ces statistiques.
Le raid, qui, selon les Forces de défense israéliennes, visait trois militants, a fait au moins onze morts palestiniens, ont indiqué des responsables palestiniens.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com