WASHINGTON: Avec le succès de l'accord sur la frontière maritime conclu avec Israël sous l'égide des États-Unis, le Liban pourrait être sur la voie de la reprise économique, déclare Amos Hochstein, coordinateur spécial du président américain pour les infrastructures mondiales et la sécurité énergétique.
M. Hochstein, le principal médiateur de l'accord, s'exprimait lors d'un événement organisé mercredi par l'Institut américain pour la paix à Washington, D.C. et auquel Arab News a assisté.
Israël et le Liban ont signé l'accord le 27 octobre 2022. Il visait à mettre fin à un différend sur les frontières maritimes entre les deux pays dans la région de la Méditerranée orientale, où du pétrole et du gaz naturel ont été découverts ces dernières années.
«L'accord, dans son esprit, est un accord sur les frontières, pas un accord sur l'énergie», indique Amos Hochstein, ajoutant qu'il créait des frontières maritimes légalement et internationalement reconnues entre les deux pays.
Le Liban et Israël sont officiellement toujours en état de guerre depuis la création de ce dernier en 1948.
Selon M. Hochstein, l'accord donne au Liban les droits sur le champ gazier de Cana, qui n'a pas encore été exploré.
Il précise toutefois qu'Israël a un «droit équitable à une partie du gaz», car certaines parties du champ s'étendent au-delà de la frontière convenue.
Israël a accepté dans l'accord qu'un consortium dirigé par la société énergétique française Total achète sa part du gaz découvert.
Amos Hochstein qualifie les négociations de «complexes», car les deux pays n'ont pas de liens officiels et ils ne traitent pas directement l'un avec l'autre; ils ont donc dû signer des accords distincts avec les États-Unis et avec le consortium.
Par conséquent, «l'accord maritime n'est pas un seul accord, mais plusieurs accords distincts.»
Il ajoute que les nouvelles conditions politiques et économiques sur le terrain dans les deux pays, en particulier au Liban, ont contribué à rendre cet accord possible après des années de tentatives infructueuses.
M. Hochstein souligne que le Liban souffre d'une grave crise économique, qu'il ne dispose pas d'infrastructures énergétiques appropriées et que sa production d'électricité est très limitée, ce qui a provoqué une pression publique sur l'élite dirigeante.
Il ajoute qu'Israël dispose d'amples réserves de gaz naturel qu'il extrait d'autres gisements, notamment du gisement voisin de Karich en Méditerranée. Ce gisement permet de fournir à son économie une électricité bon marché. Ce qui a motivé Israël à signer l'accord, ce sont ses considérations politiques et sécuritaires, affirme-t-il.
Amos Hochstein souligne des mesures positives prises par le Liban concernant certaines des réformes économiques recommandées par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, qui contribueront à attirer les investisseurs étrangers à la suite de l'accord maritime avec Israël.
Il explique que l'un des avantages de l'accord est qu'il crée un environnement économique et politique permettant à des entreprises internationales telles que Total d'investir au Liban.
À titre d'exemple, il déclare que lorsqu'un membre du consortium international censé explorer le gaz dans le champ de Cana a quitté le pays, le Qatar a rapidement rejoint le consortium à sa place.
M. Hochstein indique que l'accord régional parrainé par les États-Unis pour fournir au Liban du gaz et de l'électricité en provenance d'Égypte et de Jordanie via la Syrie est prêt, et que le Liban pourra en bénéficier immédiatement une fois que les obstacles bureaucratiques et politiques nationaux auront été levés.
«Le Liban pourrait en bénéficier dès demain», annonce-t-il, ajoutant que le pays doit réfléchir à la mise en place d'une infrastructure d'énergie renouvelable qui lui apporterait la sécurité énergétique et davantage d'électricité.
Selon lui, le gouvernement devrait exiger que chaque nouveau bâtiment soit équipé d'un système d'énergie solaire sur sa toiture.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com