Attentat déjoué de Villepinte : l’Iran sur le banc des accusés

Un gendarme de l'institut de recherche médicale à Villepinte, en banlieue parisienne. (AFP)
Un gendarme de l'institut de recherche médicale à Villepinte, en banlieue parisienne. (AFP)
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Publié le Jeudi 26 novembre 2020

Attentat déjoué de Villepinte : l’Iran sur le banc des accusés

  • Le 27 novembre, quatre Iraniens seront jugés à Anvers, en Belgique. Ils sont accusés d’avoir fomenté un attentat le 30 juin 2018, sous l’impulsion de l’Iran, contre un rassemblement d’opposants iraniens réunis à Villepinte
  • Un des accusés étant attaché de l’ambassade d’Iran à Vienne, chargé de collecter des renseignements sur les opposants iraniens en exil, le procès pourrait avoir de larges répercussions géopolitiques

BRUXELLES : C’est un procès inédit, celui d’un attentat déjoué in extremis, qui s’ouvrira ce 27 novembre, à Anvers, en Belgique. 

Un diplomate iranien, Assadolah Assadi, sera jugé aux côtés de trois complices pour tentative de meurtre, terrorisme et participation aux activités d'un groupe terroriste. Le groupe est accusé d’avoir fomenté un attentat à la bombe contre le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) à l’occasion d’un meeting organisé par celui-ci le 30 juin 2018 à Villepinte, en région parisienne. Ce rassemblement accueillait 25 000 personnes, parmi lesquelles des personnalités politiques telles que Rudy Giuliani, ancien maire de New York, ou Ingrid Betancourt, ancienne candidate à la présidence colombienne. 

Le 30 juin 2018, jour du rassemblement, Amir Saadouni et son épouse Nasimeh Naami sont arrêtés à Bruxelles. La police fédérale découvre dans leurs effets un engin explosif, une télécommande et trois téléphones portables, ainsi que 35 000 euros en liquide. Le couple qui vit à Beveren, une petite ville flamande de 50 000 habitants, se rendait à Villepinte au moment de son arrestation. Ils avoueront plus tard aux enquêteurs qu’ils s’y rendaient pour commettre un attentat contre le rassemblement des opposants au régime iranien, tout en affirmant ne pas en savoir davantage.

L’enquête révélera qu’Amir Saadouni et Nasimeh Naami agissaient pour le compte d’Assadolah Assadi, diplomate iranien, troisième secrétaire de l’ambassade iranienne à Vienne depuis 2014. Le diplomate a été arrêté le lendemain, le 1er juillet, sur un parking d'autoroute près de Francfort par la police allemande et livré à la Belgique. 

Selon la Sûreté de l’État (services de renseignements belges), l’activité diplomatique d’Assadi ne servait en fait que de couverture à son travail pour le département 312, un service attaché au ministère iranien du Renseignement et de la Sécurité (MOIS). Espion plutôt que diplomate, il était chargé de collecter des renseignements sur les opposants iraniens. C’est dans le cadre de cette mission qu’il aurait approché Amir Saadouni et Nasimeh Naami à partir de 2012 afin qu’ils lui livrent des informations en échange d’importantes sommes d’argent. Il aurait également approché Merhad Arefani, le quatrième accusé du procès d’Anvers, arrêté à Villepinte avant d’être extradé en Belgique.  

Un dossier sensible aux répercussions internationales

Les quatre accusés sont poursuivis pour tentative de meurtre, terrorisme et  participation aux activités d'un groupe terroriste. La sensibilité de ce procès tient à ce que le groupe en question est en fait un État, à savoir la République islamique d’Iran. C’est en effet ce que semble révéler l’enquête diligentée par les autorités belges. Le parquet confirmerait ainsi l’analyse de la Sûreté de l’État selon laquelle cette tentative d’attentat n’était pas une initiative personnelle des accusés, mais a été «conçue pour le compte de l’Iran et sous son impulsion». Cette implication des services de renseignements iraniens dans l’attentat de Villepinte donne au procès d’Anvers une dimension internationale extrêmement sensible. 

Depuis 2018, l’Iran dément toute implication dans cette tentative d’attentat, dénonçant une «machination politique» montée de toute pièce par l’opposition iranienne, et accusant les autorités belges et allemandes d’avoir, dans le cas de l’arrestation d'Assadolah Assadi, violé l’immunité diplomatique. 

Consciente du caractère ultrasensible du dossier, la justice belge s’est montrée particulièrement discrète tout le long des investigations qui ont mené à la mise en examen des prévenus. Cette volonté de prudence et de discrétion se traduit par un procès au format extraordinairement limité. En effet, il devrait se dérouler en seulement deux audiences, à partir du 27 novembre, ce qui est inédit dans ce type de dossiers judiciaires.

La condamnation des accusés au terme de ce procès écornerait l’image de l’Iran. Elle ranimerait les souvenirs douloureux des épisodes où l’Iran a eu recours au terrorisme d’État pour faire avancer ses intérêts. Une telle conclusion aurait pour conséquence d’intégrer officiellement l’Iran au rang des États ayant recours au terrorisme d’État en Europe occidentale. Elle ouvrira la voie à des affaires similaires au Danemark, en Albanie et en Allemagne. 

Ainsi, le procès d’Anvers qui s’ouvre dans quelques jours pèsera non seulement sur la destinée des quatre accusés qui risquent jusqu’à vingt ans de prison, mais il pourrait également avoir d’importantes répercussions géopolitiques. 

 

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Pour l'Iran, le mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu signifie «la mort politique» d'Israël

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  • Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue"
  • Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant

TEHERAN: Le chef des Gardiens de la Révolution iraniens a estimé vendredi que les mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et son ancien ministre de la Défense signifiaient la "mort politique" d'Israël.

"Cela signifie la fin et la mort politique du régime sioniste, un régime qui vit aujourd'hui dans un isolement politique absolu dans le monde et dont les responsables ne peuvent plus se rendre dans d'autres pays", a déclaré le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, dans un discours diffusé par la télévision d'Etat.

Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue" et de "grande victoire pour les mouvements de résistance palestinien et libanais", respectivement le Hamas et le Hezbollah, tous deux soutenus par la République islamique.

Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024".

La CPI a aussi émis un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, pour les mêmes chefs, "sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", jour de l'attaque sans précédent du Hamas en Israel, qui a déclenché la guerre en cours dans la bande de Gaza.

L'Iran fait du soutien à la cause palestinienne un des piliers de sa politique étrangère depuis l'instauration de la République islamique en 1979, et ne reconnaît pas l'Etat d'Israël.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de M. Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

 


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
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  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.