BRUXELLES: Les vetos hongrois et polonais bloquant l'adoption du plan de relance de l'UE sont « simplement irresponsables », a déclaré mercredi la présidente de la Commission européenne, qui a dénoncé les « mensonges » affirmant par exemple que Bruxelles tentait de s'ingérer dans la politique anti-avortement de Varsovie.
La Hongrie et la Pologne ont mis leur veto la semaine dernière au budget pluriannuel et au plan de relance européens pour s'opposer à un mécanisme permettant de les priver de fonds en cas de violations de l'Etat de droit (justice indépendante, politique anticorruption...) ayant un impact financier.
Ce plan de relance de 750 milliards d'euros, élaboré par les Vingt-Sept en juillet, « illustre la solidarité » européenne et « les vetos de la Hongrie et de la Pologne sont simplement irresponsables », a indiqué Ursula von der Leyen devant les eurodéputés.
« Je veux discuter (avec les deux Etats) car, par exemple, cette idée que l'Europe essaye d'organiser la façon dont les avortements devraient être pratiqués en Pologne, c'est un pur mensonge. L'avortement est une compétence nationale », a ajouté la chef de l'exécutif européen.
Epinglés régulièrement par Bruxelles pour leurs réformes accusées de saper les valeurs démocratiques, Varsovie voit dans ce dispositif conditionnant les fonds européens à l'Etat de droit « un combat idéologique » contre ses « valeurs », et Budapest redoute d'être sanctionné pour sa politique « anti-immigration ».
Or, les questions de société, de santé ou de migration ne relèvent pas du champ du mécanisme contesté.
Le texte prévoit seulement qu'après avoir établi l'existence d'une violation par un Etat avec un impact direct et « suffisant » sur le budget, la Commission propose de déclencher le mécanisme, les 27 Etats disposant alors d'un mois pour adopter des sanctions à la majorité qualifiée.
« N'écoutons pas les arguments erronés. Si cette proposition n'est pas conforme au Traité de Lisbonne, comme le prétend (le Premier ministre hongrois) Viktor Orban, allons devant la Cour de justice européenne (...) C'est là où les différends sont tranchés », a insisté Ursula von der Leyen.
L'eurodéputée polonaise Beata Szydlo (ECR, droite eurosceptique), ex-Premier ministre, a répliqué : « Je tiens à dire que l'Etat de droit se porte très bien en Pologne ».
« Le gouvernement polonais défend les intérêts de ses citoyens (...) Vous ne pouvez pas arbitrairement imposer la volonté de la majorité sur la minorité », s'est-elle indignée.