MUNICH: Les alliés occidentaux de l'Ukraine ont de nouveau exhorté samedi à donner à l'Ukraine ce dont elle a besoin pour vaincre la Russie, le chef de l'Otan mettant en garde contre les risques d'une victoire de Moscou, à l'approche de l'anniversaire du début de la guerre.
Au deuxième jour de la Conférence annuelle sur la sécurité de Munich, en Allemagne, le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a jugé qu'il n'y a "aucune indication montrant" que Vladimir Poutine "a changé ses ambitions".
A ce moment jugé critique du conflit, il est essentiel de "donner à l'Ukraine ce dont elle a besoin pour gagner et subsister en tant que nation souveraine indépendante en Europe", a plaidé dans un discours le chef de l'Alliance atlantique.
"Le plus grand risque de tous est que Poutine gagne. Si Poutine gagne en Ukraine, le message pour lui et d'autres dirigeants autoritaires sera qu'ils peuvent utiliser la force pour obtenir ce qu'ils veulent", a-t-il averti.
Le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken doit également s'exprimer samedi dans la capitale bavaroise.
Et une réunion du G7 des ministres des Affaires étrangères est également au programme de la deuxième journée de conférence.
Le Kremlin mobilise
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a lancé un appel vibrant en faveur d'une accélération du soutien des Occidentaux à Kiev.
Il faut "redoubler d'effort" dans l'aide militaire à l'Ukraine, afin de "faire échouer les plans impérialistes de (Vladimir) Poutine", a-t-elle déclaré à Munich.
Près d'un an après le lancement, le 24 février 2022, de l'invasion russe, aucun signe d'apaisement n'est en vue. Les combats ont fait des dizaines de milliers de victimes dans les deux camps, et l'Otan redoute une nouvelle offensive de grande envergure de Moscou prochainement.
Le Kremlin mobilise "des centaines de milliers de troupes" et se procure "plus d'armes auprès de pays autoritaires tels que l'Iran et la Corée du Nord", a souligné M. Stoltenberg
La veille, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz avaient dit craindre une guerre longue.
"Aujourd'hui, très clairement, l'heure n'est pas au dialogue", avait reconnu M. Macron qui a longtemps tenté de conserver des canaux de discussion avec Vladimir Poutine, s'attirant parfois de vives critiques de pays européens, Ukraine en tête.
«Désepérément besoin»
La présidente de la Commission a insisté sur une accélération de la production d'armements standard, comme les munitions, dont Kiev "a désespérément besoin".
"Il n'est pas possible qu'il faille attendre des mois, des années avant que nous soyons en mesure de nous réapprovisionner" pour livrer ce matériel à l'Ukraine, a-t-elle martelé.
Les membres de l'UE étudient actuellement les moyens de procéder à des achats communs de munitions pour l'Ukraine, selon des sources diplomatiques à Bruxelles.
L'Estonie, pays balte en pointe dans le soutien à l'Ukraine, a présenté à ses partenaires une proposition de dotation commune de 4 milliards d'euros pour acheter un million d'obus de 155 mm.
Le sujet sera à l'agenda de la réunion lundi à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères des 27.
L'armée américaine a annoncé vendredi un contrat de près d'un milliard de dollars pour augmenter la production de munitions d'artillerie de calibre 155 mm, utilisées en grande quantité par l'Ukraine.
Les alliés soutiennent l'Ukraine via des aides financières et militaires, et via des sanctions économiques drastiques envers la Russie.
Fin janvier, Olaf Scholz avait donné son son feu vert à des livraisons de chars de combat par l'Allemagne mais aussi d'autres pays européens, mais les pourparlers ultérieurs avec les partenaires de l'Otan n'ont pas permis à ce stade de réunir les effectifs nécessaires à la constitution d'un bataillon complet.
L'Ukraine réclame aussi à cor et à cri des avions de combat aux occidentaux qui restent réticents à ce stade.
"Il n'y aura pas de livraison de jets, certainement pas dans cette phase de la guerre", a tranché le ministre de la Défense britanique Ben Wallace dans une interview parue samedi dans Der Spiegel. "Et surement pas non plus dans les six mois à venir", a-t-il ajouté.