La critique gastronomique en France toujours marquée par la disparition du chef étoilé Loiseau

Un cuisinier travaille dans la cuisine du restaurant «La Côte d'Or - Le Relais Bernard Loiseau» à Saulieu, dans le centre de la France, le 9 février 2023 (Photo, AFP).
Un cuisinier travaille dans la cuisine du restaurant «La Côte d'Or - Le Relais Bernard Loiseau» à Saulieu, dans le centre de la France, le 9 février 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 17 février 2023

La critique gastronomique en France toujours marquée par la disparition du chef étoilé Loiseau

  • Dominique Loiseau, la veuve du chef, a coupé court à ces polémiques et disculpé les guides, en affirmant que son mari était «bipolaire»
  • Ce n'est pas la mort de Loiseau qui a rendu la critique gastronomique française «aseptisée» et «politiquement correcte»

PARIS: Chroniques culinaires plus aseptisées, rétrogradations au compte-gouttes: la disparition il y a 20 ans du chef étoilé Bernard Loiseau, à l'âge de 52 ans, a laissé des traces dans le milieu de la critique gastronomique en France.

"Votre appréciation aura coûté la vie d'un homme", avait déclaré après la tragédie le chef Paul Bocuse, à propos du guide Gault et Millau qui venait d'abaisser la note de Loiseau de 19/20 à 17/20.

Le Michelin, soupçonné à l'époque de vouloir lui enlever sa troisième étoile, a également été mis en cause. Faux, a démenti le guide rouge à maintes reprises. L'étoile a été maintenue, mais le couple Loiseau a été reçu par le patron du Michelin qui les avait avertis que la cuisine n'était plus à la hauteur, selon une enquête publiée en 2013 par l'hebdomadaire L'Express.

Dominique Loiseau, la veuve du chef, a coupé court à ces polémiques et disculpé les guides, en affirmant que son mari était "bipolaire" et souffrait d'une "dépression".

"Après la disparition, il y a eu un moment de choc (...) +Et si on y avait contribué?+", se souvient Jörg Zipprick, critique gastronomique allemand et cofondateur de l'agrégateur La Liste qui établit les 1 000 meilleurs restaurants au monde.

Ce n'est pas la mort de Loiseau qui a rendu la critique gastronomique française "aseptisée" et "politiquement correcte", mais c'était "un des accélérateurs", dit-il à l'AFP.

"En lisant une critique des années 1960-1980 et en partie 1990, on dirait aujourd'hui +ils ont laissé passer ça?! Il n'y a pas de rédacteur en chef, de département juridique?+ C'était dur, mais souvent aussi drôle".

«Peur de raccourcis abusifs»

En France, où la critique gastronomique est née, "il y a de moins en moins de jugement", ce qui avait pourtant fait son succès, estime Jörg Zipprick. Et beaucoup de chroniqueurs préfèrent ne rien écrire quand ils n'aiment pas un restaurant, contrairement au monde anglo-saxon.

Le Michelin a "mené une réflexion" et "hésite toujours aujourd'hui à rétrograder les grandes tables", pense Franck Pinay-Rabaroust, qui après être passé au Michelin, a fondé en 2010 le média culinaire Atabula récemment transformé en Bouillant(e)s.

La perte d'une étoile "est un tsunami, cela peut provoquer des licenciements (...). C'est dangereux pour Michelin, on ne sait jamais comment les uns et les autres vont réagir", poursuit-il, auprès de l'AFP.

Or, "tout le monde s'accorde (à dire) que plusieurs trois étoiles n'ont plus du tout le niveau depuis de longues années, mais paradoxalement ils ne sont pas rétrogradés".

Le restaurant emblématique de Paul Bocuse, le "cuisinier du siècle", n'a ainsi perdu sa troisième étoile qu'en 2020, après la mort du patriarche.

De son vivant, "Michelin avait très peur, comme Paul Bocuse était malade et fatigué (...), que certaines langues disent +voilà le Michelin a tué Bocuse+... Il y aurait eu des raccourcis abusifs et le guide s'est longtemps retenu".

Le Michelin "l'a fait au pire moment" quand le restaurant a commencé à remonter la pente en modernisant sa cuisine, mais "ils l'ont fait parce qu'il fallait mettre un coup de semonce", analyse Franck Pinay-Rabaroust.

«Le plus humain possible»

Interrogé par l'AFP, le directeur des guides Michelin, Gwendal Poullennec, dit que la mort de Bernard Loiseau a été vécue "comme un drame par les inspecteurs", mais n'a pas changé l'approche du guide qui se veut "équitable, rigoureuse et professionnelle".

"Michelin s'efforce d'être le plus humain possible" pour accompagner les chefs, souligne-t-il, en reconnaissant que "certaines décisions sont difficiles à communiquer".

Sollicité par l'AFP, Gault et Millau a refusé de s'exprimer sur le sujet.

En 2019, le guide a pourtant instauré une "académie" de grands chefs qui y figureront à vie et où a été inscrit Marc Veyrat, qui avait perdu sa troisième étoile cette année-là.

Dans une démarche similaire, 50 Best a établi le groupe "Best of the Best" des restaurants qui ont un temps dominé ce classement et sont désormais hors catégorie.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).


Les Marionnettes enchantent Dubaï: une scène multilingue et inclusive pour les enfants

Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
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  • Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe
  • «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella, la fondatrice

DUBAÏ: À Dubaï, dans un paysage dominé par les écrans et les technologies dernier cri, un petit théâtre de marionnettes attire l’attention des familles en quête d’activités culturelles pour leurs enfants. Fondé par Gabriella Skaf, Les Marionnettes propose une expérience ludique, éducative et multilingue qui séduit aussi bien les enfants que leurs parents.

Une idée née d’un besoin personnel

Gabriella Skaf, franco-libanaise et ancienne juriste en droit bancaire, a quitté les salles d’audience pour donner vie à un tout autre théâtre: celui des marionnettes.

«J’ai toujours rêvé de créer quelque chose qui me ressemble, mais je n’avais pas encore trouvé la bonne idée», confie-t-elle avec sincérité.

C’est lors de vacances en France que tout a commencé: «Nous emmenions souvent nos enfants voir des spectacles de marionnettes, et ils étaient fascinés. Mon fils n’avait même pas deux ans, mais il restait captivé du début à la fin. À Dubaï, rien de tel n’existait», raconte Gabriella.

De retour aux Émirats, elle décide alors de donner vie à ce manque. «Au départ, c’était une petite idée… Puis les choses se sont enchaînées: nous avons trouvé un local, pris contact avec des marionnettistes en France, et après plusieurs mois de préparation, le théâtre a ouvert ses portes en novembre 2024.»

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Les Marionnettes propose des spectacles interactifs pour enfants en plusieurs langues (français, anglais, arabe, russe…).

Une programmation multilingue et interactive

Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe. «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella.

Le théâtre offre deux formats principaux:

  • Les spectacles de marionnettes, qui durent environ une heure avec une pause au milieu.
  • Le storytelling, plus court (30 minutes), où un animateur lit un livre, parfois accompagné de marionnettes, suivi d’une activité créative comme du bricolage, du dessin ou la fabrication de masques.

«L’objectif, c’est de rendre la lecture vivante et de faire participer les enfants. On essaie aussi de varier les langues: italien, arabe, français, russe… bientôt l’espagnol.»

Une activité éducative qui séduit les écoles

Les écoles ont rapidement adhéré au concept. «Les retours sont extrêmement positifs, confie Gabriella. Les enseignants apprécient le fait que ce soit à la fois pédagogique et ludique. Les enfants participent activement, posent des questions, interagissent avec les marionnettes… et surtout, ils gagnent en confiance.»

La différence entre les visites scolaires et familiales est notable. «À l’école, les enfants sont plus calmes, attentifs, et respectent davantage les consignes. Lorsqu’ils viennent avec leurs parents, ils se montrent plus spontanés, plus libres… mais tout aussi enthousiastes. Ce sont deux énergies différentes, et chacune a son charme.»

Les enfants sont encouragés à s’exprimer pendant les spectacles. «Les marionnettes posent des questions, les enfants répondent. Même les plus timides finissent par participer.»

Un message fort autour de l’inclusion

Le 30 avril, Les Marionnettes lancera un spectacle inédit en partenariat avec Sanad Village, une organisation qui accompagne les enfants à besoins spécifiques. «C’est une histoire sur l’inclusion. Le but, c’est d’apprendre aux enfants à accepter les différences, à être gentils et ouverts aux autres», explique Gabriella.

Le spectacle sera présenté en anglais, en français et en arabe, et proposé aux écoles ainsi qu’au grand public.  C’est un sujet important. On veut que les enfants comprennent qu’il ne faut pas avoir peur de ce qui est différent.»

Une ambition régionale

L’objectif de Gabriella ne s’arrête pas à Dubaï. «On aimerait bien développer le concept dans d’autres pays de la région: Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Liban. Il existe un véritable besoin pour ce type d’activité culturelle.»

Pour rendre le projet plus mobile, un théâtre itinérant est en préparation. «On pourra l’emmener dans les écoles, dans d’autres villes, et même l’utiliser pour des événements privés ou des anniversaires.»

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Gabriella Skaf - Fondatrice, Les Marionnettes. (photo: fournie)

Une programmation à découvrir en famille

Les spectacles ont lieu les week-ends – vendredi, samedi et dimanche – tandis que les séances de storytelling se déroulent en semaine. Une activité pour les tout-petits, appelée «Bright Minds», est aussi proposée le lundi matin.

«Le programme change chaque mois et on publie les détails chaque semaine sur notre site et nos réseaux sociaux. Les gens peuvent réserver en ligne ou acheter leurs billets sur place», précise Gabriella.

Prochaine étape: un club de lecture pour enfants, des ateliers théâtre et même des cours pour apprendre à créer ses propres marionnettes.


Les îles Farasan célèbrent l'arrivée annuelle du hareng

Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
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  • Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.
  • Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

RIYAD : Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.

Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

Reconnaissable à son bec de perroquet et à ses couleurs vives, le harid prospère dans les habitats riches en coraux, avec plus de 90 espèces, chacune ayant des formes et des couleurs uniques.

Farasan, un groupe d'îles coralliennes situées à 40 km de la côte de Jazan, devient le site de cet événement naturel lorsque de vastes bancs de poissons harid se rassemblent, selon l'agence de presse saoudienne. 

Les habitants peuvent prédire l'arrivée du poisson grâce à une odeur distincte qui se dégage de la mer après le coucher du soleil, le 15^e jour du mois lunaire.

La pêche annuelle au harid, célébrée à la fin du mois d'avril, est une tradition qui reflète l'héritage culturel des îles et qui fait la joie des habitants des îles Farasan depuis des siècles.

Reconnaissant l'importance culturelle et touristique de cette pêche, le prince Mohammed bin Nasser, gouverneur de Jazan, a inauguré le premier festival du harid des îles Farasan en 2005.

La 21^e édition du festival a été lancée lundi, mettant en avant les îles comme une destination prometteuse pour les touristes et les investisseurs. 

Le festival met en avant les coutumes, les traditions, les jeux folkloriques, l'artisanat et les sites historiques uniques de Farasan, tout en présentant l'artisanat local, comme les pièges à pêche, le tissage de palmiers, la création de sacs et de tapis, ainsi que le tricotage de chapeaux. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com