BEYROUTH: La livre libanaise a atteint mercredi un nouveau plancher face au dollar américain sur le marché parallèle, dans un pays en plein effondrement économique et sans président depuis plus de trois mois.
Depuis le début de la crise économique sans précédent déclenchée en 2019, la monnaie nationale a perdu plus de 95% de sa valeur par rapport au billet vert.
La livre s'échangeait à plus de 75 000 pour un billet vert selon des sites surveillant le taux de change et des cambistes, alors que début février, elle s'échangeait autour de 60 000 LL pour un dollar.
Cette nouvelle chute s'est traduite par une hausse des prix de l'essence, le prix d'un bidon de 20 litres valant près d'un tiers du salaire d'un policier, dans un pays où plus 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.
Depuis 2021, les autorités ont levé les subventions sur le carburant et les produits essentiels tels que la farine et les médicaments.
En réaction à cette hausse des prix, des dizaines de chauffeurs de taxi ont bloqué la route devant le ministère de l'Intérieur à Beyrouth pour protester contre la baisse de leurs revenus, le tarif moyen d'une course valant désormais près de 1,3 dollar.
"On étouffe à cause de l'effondrement de la livre", affirme Rabih Farah, 33 ans, chauffeur de taxi depuis 12 ans. "Mon revenu ne me suffit même plus à acheter de l'essence."
"Le loyer de ma maison est de 300 dollars, je dois acheter de quoi me nourrir. Où puis-je trouver l'argent ?", a-t-il poursuivi.
Les supermarchés ont cessé d'indiquer les prix des denrées alimentaires ces derniers jours à cause de la dégradation rapide de la livre, dans un pays qui dépend principalement des importations.
Le Liban connaît l'une des pires crises économiques au monde depuis 1850 selon la Banque mondiale marquée par une paupérisation inédite de la population et de graves pénuries.
La vacance du pouvoir aggrave la situation. Depuis le 1er novembre, le Parlement, divisé, a échoué à élire un président à onze reprises.
Le pays est dirigé par un gouvernement intérimaire incapable d'adopter des réformes indispensables pour obtenir une aide de la communauté internationale.
Lundi, cinq pays qui ont récemment tenu à Paris une réunion sur le Liban ont mis en garde contre de graves conséquences si les députés n'élisent pas un chef de l'Etat.