Retraites: le gouvernement garde l'espoir de rallier une majorité malgré le coup de semonce des LR

Une vue d'ensemble lors d'une session pour discuter du plan de réforme des retraites du gouvernement à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 15 février 2023. (Photo, AFP)
Une vue d'ensemble lors d'une session pour discuter du plan de réforme des retraites du gouvernement à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 15 février 2023. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 15 février 2023

Retraites: le gouvernement garde l'espoir de rallier une majorité malgré le coup de semonce des LR

  • «En toute logique», les nouvelles annonces mardi de la Première ministre Elisabeth Borne sur les carrières longues «devraient rassembler une large majorité de parlementaires», a estimé Olivier Véran
  • L'intersyndicale prévoit une nouvelle journée de mobilisation jeudi, et menace de mettre le pays «à l'arrêt» le 7 mars si le gouvernement ne renonce pas à reporter l'âge de la retraite à 64 ans

PARIS: A la veille d'une nouvelle journée de mobilisation, le gouvernement garde l'espoir de rallier une majorité de députés sur son projet de réforme des retraites, malgré le rejet mardi d'un article du texte par une partie des Républicains. 

Malgré ce premier revers majeur à l'Assemblée sur l'article instaurant un index des seniors, "sur ce texte comme les autres, nous croyons dans la possibilité de cette majorité", a assuré mercredi lors du compte-rendu du Conseil des ministres le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, rappelant qu'elle "s'est déjà démontrée avec un vote qui supprime les régimes spéciaux". 

"En toute logique", les nouvelles annonces mardi de la Première ministre Elisabeth Borne sur les carrières longues "devraient rassembler une large majorité de parlementaires", a-t-il estimé, en regrettant le rejet de l'article par une "majorité de circonstance" alliant le RN et la Nupes et 38 députés LR. 

"Le gouvernement souhaite que cet article puisse être restauré lors de l'examen du texte au Sénat", a-t-il précisé. 

Le patron des LR Eric Ciotti avait dans la matinée soufflé le chaud et le froid, rappelant l'appui de son parti à cette "nécessaire" réforme tout en justifiant le rejet la veille de l'article "alibi", "un espèce de machin qui allait peser sur le travail quotidien des entreprises". 

"Ma famille politique a voté hier une motion à la quasi unanimité disant que nous souhaitions voter cette réforme parce qu'elle est nécessaire", a-t-il néanmoins rappelé, le gouvernement misant sur un accord avec LR pour faire adopter le texte. 

« Mentir » 

Face aux nombreuses demandes de clarifications, le ministre du Travail Olivier Dussopt, dont la sécurité personnelle a été renforcée à la suite de menaces de mort selon une source policière, a surtout tenté d'expliciter mercredi les nouveaux dispositifs sur les carrières longues... tout en soulignant que "dire sur un plateau ‘personne ne travaillera jamais plus de 43 ans jour pour jour’, ce serait mentir parce qu'il y a toujours des effets de génération". 

Le revers du gouvernement a requinqué les oppositions. Pour le vice-président du RN Sébastien Chenu, cela prouve qu'on "peut s'opposer à la réforme des retraites à travers le vote et pas à travers l'obstruction". 

De leur côté, les dirigeants de la Nupes et de plusieurs syndicats devaient se retrouver à Paris mercredi pour des discussions stratégiques concernant la bataille contre la réforme des retraites mais ils ont finalement reporté sine die leur rencontre, après des fuites dans la presse, a-t-on appris de sources concordantes. 

Des tensions sont en effet apparues au sein de la coalition de gauche, et entre les syndicats et les parlementaires de la Nupes, concernant la stratégie de la France insoumise de ralentir les débats avec des milliers d'amendements. 

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, et son homologue de la CGT, Philippe Martinez, ont tous deux souhaité que le débat et le vote puisse avoir lieu sur l'article 7, qui porte la mesure d'âge. 

A l'Assemblée, les députés vont redémarrer à 15H00 sur une série d’amendements de la Nupes, pour la taxation des "superprofits" ou des dividendes. 

"Les trois jours vont être compliqués et ça va se tendre de plus en plus à l’approche de la fin", s’inquiète une cadre Renaissance. 

« Un million de signatures » 

L'intersyndicale prévoit une nouvelle journée de mobilisation jeudi, et menace de mettre le pays "à l'arrêt" le 7 mars si le gouvernement ne renonce pas à reporter l'âge de la retraite à 64 ans. 

Lancée en janvier, la pétition des 8 syndicats (CFDT-CGT-FO-CFE-CGC-CFTC-Unsa-Solidaires-FSU) contre une réforme des retraites jugée "injuste et brutale" a atteint le cap symbolique d'un million de signatures, selon la plateforme change.org. 

Jeudi, les numéros un de l'intersyndicale défileront à Albi, symbole de cette France des petites villes très mobilisée contre la réforme. A Paris, la manifestation partira de Bastille en direction de la place d'Italie. 

Après 963 000 manifestants, selon les autorités, plus de 2,5 millions selon les syndicats samedi, l'affluence devrait être moindre jeudi. Au plan national, une source policière dit attendre entre 450 et 650 000 personnes, dont 40 à 70 000 personnes à Paris. 

Les perturbations s'annoncent limitées dans les transports, avec 4 TGV sur 5 en circulation et un trafic normal dans le métro parisien. Seul 1 TER sur 2 circulera dans les régions et à Paris. Le service sera partiellement perturbé sur certains trains de banlieue. 

De même, 30% des vols à Orly seront annulés et des aéroports en région affectés. 


Le gouvernement annule 3 milliards d'euros de crédits dans le cadre de l'effort budgétaire

La ministre française en charge des comptes publics Amélie de Montchalin (G) et le ministre français de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique Eric Lombard tiennent une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
La ministre française en charge des comptes publics Amélie de Montchalin (G) et le ministre français de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique Eric Lombard tiennent une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, avait alors expliqué que ces 5 milliards d'euros devaient permettre de respecter les objectifs de déficit public cette année, dans un contexte de croissance moindre.
  • « Ces 5 milliards d'euros que nous allons soit annuler, soit reporter, soit réorienter, c'est notre réponse à un monde instable. C'est la manière de faire face quoi qu'il arrive à ce monde instable », avait-elle déclaré.

PARIS : Le gouvernement a acté dans le Journal officiel des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards, dans le cadre de l'effort supplémentaire de 5 milliards d'euros déjà annoncé par Bercy début avril.

La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, avait alors expliqué que ces 5 milliards d'euros devaient permettre de respecter les objectifs de déficit public cette année, dans un contexte de croissance moindre.

« Ces 5 milliards d'euros que nous allons soit annuler, soit reporter, soit réorienter, c'est notre réponse à un monde instable. C'est la manière de faire face quoi qu'il arrive à ce monde instable », avait-elle déclaré.

Une partie de cette somme a été concrétisée par le décret publié au Journal officiel.

« Afin de prévenir une détérioration de l'équilibre budgétaire sur le budget de l'État », selon le Journal officiel, « le présent décret porte des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards d'euros en autorisations d'engagement ». 

« Cet effort porte essentiellement sur les crédits hors masse salariale mis en réserve en début d'année », est-il précisé, « ces annulations ne devraient ainsi pas remettre en cause de façon significative la capacité d'exécution des politiques publiques, selon les termes de la loi de finances initiale pour 2025 ».

Parmi les annulations de crédits, sont concernées la mission « écologie, développement et mobilité durable » (549,6 millions d'euros), la mission « économie » (517,7 millions d'euros), la mission « recherche et enseignement supérieur » (493,3 millions d'euros) ou encore la mission « agriculture, alimentation et affaires rurales » (140 millions d'euros).

« La dégradation récente des perspectives macroéconomiques conduit à anticiper de moindres recettes publiques, en lien notamment avec une révision à la baisse de la prévision de croissance à 0,7 %. Ces risques sont également renforcés par le contexte géopolitique incertain », souligne le décret.

« Dans ce cadre, un effort supplémentaire de maîtrise de la dépense est nécessaire pour respecter la trajectoire de redressement des comptes publics sur laquelle le gouvernement s'est engagé », ajoute le décret. 


France: prières et recueillement pour le pape François à Paris et Marseille

Des fidèles participent à un défilé aux flambeaux et à un service de prière après la mort du pape François, devant le sanctuaire Notre-Dame à Lourdes, dans le sud de la France, le 21 avril 2025. (AFP)
Des fidèles participent à un défilé aux flambeaux et à un service de prière après la mort du pape François, devant le sanctuaire Notre-Dame à Lourdes, dans le sud de la France, le 21 avril 2025. (AFP)
Short Url
  •  De nombreux fidèles se sont à nouveau déplacés vendredi pour le pape François, lors d'une messe à Notre-Dame à Paris puis d'une veillée de prières à Notre-Dame de la Garde à Marseille dans le sud de la France
  • A Paris, le Premier ministre français François Bayrou a assisté à la messe dans la cathédrale, chef d'oeuvre de l'art gothique récemment rénové après l'incendie de 2019

PARIS: De nombreux fidèles se sont à nouveau déplacés vendredi pour le pape François, lors d'une messe à Notre-Dame à Paris puis d'une veillée de prières à Notre-Dame de la Garde à Marseille dans le sud de la France, à la veille de ses funérailles au Vatican.

A Paris, le Premier ministre français François Bayrou a assisté à la messe dans la cathédrale, chef d'oeuvre de l'art gothique récemment rénové après l'incendie de 2019.

"J'ai vu les foules de la place Saint-Pierre et du parvis (de Notre-Dame) depuis lundi. Je me réjouis beaucoup de l'attachement des catholiques, du peuple d'une façon générale, à cette personnalité qui nous a marqués et a fait bouger les lignes dans l'Eglise et dans la société", a salué Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, auprès de journalistes.

"La transformation des coeurs humains a pu s'opérer sous son aura", a poursuivi le prélat, qui a présidé la messe solennelle "d'action de grâce et pour le repos de l'âme du Saint Père" décédé lundi à Rome.

Une heure avant l'office, une queue de plusieurs centaines de mètres composée de fidèles attendait déjà de pouvoir entrer dans l'édifice.

"Les institutions françaises ont le devoir d'être présentes chaque fois qu'une partie importante du peuple français est bouleversée, touchée, est en deuil", a estimé M. Bayrou, à l'issue de cette cérémonie, estimant que le pape François "était une figure que beaucoup de Français ressentaient comme de bonté, de générosité et du côté des plus faibles et des plus fragiles".

A Marseille, une centaine de personnes ont participé à une veillée de prière à la basilique Notre-Dame de la Garde, la "Bonne mère", symbole de la deuxième ville de France, juchée sur une colline face au soleil couchant.

Le pape François s'était rendu dans cette basilique néo-byzantine aux murs recouverts d'ex-votos lors d'un déplacement à Marseille en septembre 2023. Il y avait dénoncé le sort des migrants en Méditerranée, martelant son message de secours et d'accueil.

- "Valeurs d'humanité" -

A Marseille, la veillée a débuté par une procession sur l'esplanade de la basilique, jusqu'au mémorial aux marins et migrants disparus en mer. Ce même monument devant lequel le jésuite argentin avait souhaité "prier pour les morts en mer, particulièrement les migrants", a rappelé à l'AFP le recteur de la basilique, le père Olivier Spinosa.

"Nous ne pouvons plus assister aux tragédies des naufrages provoqués par des trafics odieux et le fanatisme de l'indifférence", avait lancé le pape à cet endroit, assurant que "les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu'elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues".

"C'est un devoir d'humanité, c'est un devoir de civilisation", avait-il insisté.

"Marseille est cosmopolite, le pape aimait cela, et il avait demandé à ce que la Méditerranée ne soit pas un cimetière", s'est remémoré Robert Olivieri, 73 ans, qui avait assisté à la messe du pape dans le stade de la ville, lors de ce déplacement orchestré par l'archevêque de Marseille, le cardinal Jean-Marc Aveline.

"J'aurais aimé pouvoir aller à Rome mais ce n'est pas possible. Je me sens proche des écrits de François, sa proximité avec les pauvres et les migrants. Ça me touche beaucoup plus que Benoît XVI qui était plus un théologien", a témoigné Sandrine Gougeon, 46 ans, auprès de l'AFP. Pour elle, "le décès de François rajoute de l'incertitude, une forme d'insécurité au monde".

Les funérailles du pape François, décédé lundi à 88 ans, se déroulent samedi. Après la messe en plusieurs langues, place Saint-Pierre, son cercueil sera transporté à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où il sera inhumé.


Arrivée de 115 personnes évacuées de Gaza à l'aéroport de Paris-Orly

Selon une source diplomatique, "500 personnes" ont été évacuées par la France depuis l'attaque du 7 octobre. (AFP)
Selon une source diplomatique, "500 personnes" ont été évacuées par la France depuis l'attaque du 7 octobre. (AFP)
Short Url
  • Le groupe est constitué de "ressortissants français et de leurs ayants droit, de personnels de l'Institut français de Gaza et leurs familles, de personnalités palestiniennes proches de notre pays"
  • La semaine dernière, 59 personnes étaient déjà arrivées en région parisienne, selon la même source

ORLY: Un groupe de 115 personnes évacuées de la bande de Gaza, à l'initiative de la France, est arrivé à l'aéroport de Paris-Orly vendredi, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le groupe est constitué de "ressortissants français et de leurs ayants droit, de personnels de l'Institut français de Gaza et leurs familles, de personnalités palestiniennes proches de notre pays", a détaillé une source diplomatique, précisant que cette arrivée depuis Gaza est la plus importante depuis le début de la guerre lancée en représailles à l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

La semaine dernière, 59 personnes étaient déjà arrivées en région parisienne, selon la même source.

Les familles déjà présentes en France ont attendu en fin de matinée l'arrivée de leurs proches dans une ambiance joyeuse, ont constaté les journalistes de l'AFP.

Parmi les nouveaux arrivés, il y a "des étudiants, boursiers du gouvernement français, qui ont leur bourse depuis 15 ou 18 mois à peu près, mais qui n'avaient pas encore pu venir effectuer leurs études en France", ainsi que des "chercheurs et artistes", venus "pour la plupart avec leur famille", selon Annick Suzor-Weiner, professeure émérite à l'université Paris-Saclay, vice-présidente du réseau Migrants dans l'enseignement supérieur.

Selon une source diplomatique, "500 personnes" ont été évacuées par la France depuis l'attaque du 7 octobre.

Rompant une trêve de près de deux mois dans la guerre déclenchée il y a plus d'un an et demi, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre dans la bande de Gaza et au moins 1.978 Palestiniens ont été tués depuis, selon les chiffres publiés jeudi par le ministère de la Santé du Hamas.

Ce bilan porte à 51.355 le nombre de morts dans la bande de Gaza, selon la même source, depuis le début de la guerre.

Cette attaque sans précédent a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.