L'inquiétante disparition d'enfants après le séisme en Turquie

Une psychologue s'occupe d'enfants touchés par le séisme dans la province de Kahramanmaras, en Turquie (Photo, AFP).
Une psychologue s'occupe d'enfants touchés par le séisme dans la province de Kahramanmaras, en Turquie (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 14 février 2023

L'inquiétante disparition d'enfants après le séisme en Turquie

  • Des familles recherchent leurs proches dans les hôpitaux et les morgues autour de la zone frappée par le séisme
  • Les réseaux sociaux sont inondés de messages émouvants montrant des photos d'enfants disparus

ANKARA: Neval Akgol a été réveillée à l’aube lundi par un violent tremblement de terre. Sa mère et son père se sont précipités dans sa chambre, et ils ont immédiatement quitté leur appartement.
Mais alors qu'ils évacuaient le bâtiment par les escaliers, un lourd réservoir d'eau est tombé sur Neval et son père.
Ce dernier s'est fracturé le bras et Neval a été grièvement blessé à la tête.
Sa mère est restée coincée sous les décombres du bâtiment, qui s'est complètement effondré. Ils ont été secourus plusieurs heures plus tard.
Neval a réussi à sortir du bâtiment et a été transportée par des voisins vers un hôpital voisin. Ces derniers l'ont confiée à un ambulancier qu'ils ont croisé en chemin, estimant que c'était la meilleure solution, et lui ont donné son nom et ses coordonnées.
La famille Akgol n'a depuis plus reçu de nouvelles de sa fille unique.

turquie
Neval Akgol fait partie des quelque 225 enfants qui ont été portés disparus depuis le séisme qui a frappé la Turquie la semaine dernière.

«Les gens se moquent de notre douleur. Ils nous envoient de fausses informations sur la localisation de Neval. Cela nous vide de notre énergie et détruit nos espoirs», a déclaré Emre, le cousin de Neval, à Arab News.
Depuis que les séismes ont frappé la Turquie la semaine dernière, environ 225 enfants ont été portés disparus: 42 ont été retrouvés et 69 sont morts à l'hôpital.
Comme de nombreuses familles sont restées coincées sous les décombres et séparées pendant des jours, certains parents ont perdu le contact avec leurs enfants, si ces derniers ont été sauvés avant eux.
Certains enfants sont incapables de communiquer avec les autorités en raison du traumatisme subi, alors que d'autres sont des bébés, sans aucune information d'identité sur leurs vêtements ni possibilité de communiquer.
Les réseaux sociaux en Turquie sont inondés de messages émouvants montrant des photos d'enfants disparus, donnant des détails sur le lieu où ils ont été secourus et vus pour la dernière fois.
Après plusieurs jours de recherche auprès des autorités et par le biais des réseaux sociaux, un avocat de Hatay a retrouvé son nourrisson, Suleyman, secouru par un autre citoyen qui avait trouvé le bébé dans les décombres d'un immeuble.
En temps normal, un travailleur social s'occupe de chaque enfant hospitalisé ou trouvé dans les décombres, et se charge d'apposer sur son lit une étiquette indiquant son nom, les coordonnées de sa famille et des informations sur la localisation des secours.
Mais, comme de nombreux fonctionnaires ont également été pris au piège pendant le séisme, le chaos et le désordre règnent dans les différentes administrations de la région.
Par ailleurs, la situation de certains enfants réfugiés syriens, principalement à Hatay, est également inquiétante.
Les familles fouillent les hôpitaux et les morgues de la zone touchée par le séisme à la recherche de leurs enfants disparus. Ces recherches se sont compliquées car des enfants non accompagnés ont été évacués vers des dizaines de villes en dehors de la zone du séisme pour être mis en sécurité, notamment à Istanbul, Ankara, Kayseri, Samsun et Zonguldak.
Vendredi, l'agence turque pour la science et la recherche Tubitak a mis au point un nouveau programme, baptisé Bilen Goz, qui permet de comparer les photos des enfants disparus avec celles des enfants retrouvés dans différents hôpitaux du pays.
Le système contient des informations sur les lieux où les enfants ont été secourus, leurs photos et des détails sur leur famille, et n'est accessible que pour les fonctionnaires du gouvernement et la police.
Les personnes qui contactent les autorités à la recherche d'enfants disparus devront prouver leur lien avec l'enfant en question.
Après le séisme meurtrier de 1999 qui a frappé le nord-ouest de la Turquie et fait environ 18 000 morts, plusieurs enfants ont disparu et n'ont toujours pas été retrouvés.
Certains d'entre eux auraient été emmenés hors de la zone sinistrée par de fausses ambulances, les histoires abondant sur l'implication de réseaux d'adoption internationaux, de trafiquants d'enfants et même du commerce illicite d'organes.
Il n'y a actuellement aucune information sur les enfants décédés enterrés sans identification ni prélèvement d'ADN. Les données relatives à la répartition des enfants non identifiés et non accompagnés dans les hôpitaux du pays ne sont pas non plus rendues publiques.
Depuis le séisme de magnitude 7,8 survenu lundi dernier, 36 217 personnes ont été déclarées mortes, dont environ 31 643 en Turquie.
Hatice Kapusuz, de l'équipe de coordination civile des enfants victimes de catastrophes en Turquie, a déclaré que la mise en place d'un système centralisé, tel que celui utilisé pour réunir les familles avec plus de 5 000 enfants perdus à la suite de l'ouragan Katrina aux États-Unis en 2005, était primordiale pour la Turquie.
«Toutes les données recueillies dans les hôpitaux des différentes villes devraient être compilées dans une base de données commune et des travailleurs sociaux et des infirmières devraient être chargés de gérer les canaux de communication entre les familles et les enfants», a-t-elle indiqué à Arab News.
«Mais aujourd'hui, les familles doivent se déplacer dans toutes les villes et dans tous les hôpitaux, y compris les morgues et les unités de soins intensifs, pour retrouver leurs petits parce qu'elles ne peuvent accéder à aucune base de données centralisée», a expliqué Mme Kapusuz.
Vu l'urgence de la question, un poste de consultant national à court terme a été ouvert par l'Unicef pour l'analyse de la situation des enfants disparus en Turquie.
Dans le même temps, plusieurs équipes internationales de recherche et de sauvetage, notamment d'Europe et d'Israël, ont commencé à quitter la Turquie, bien qu'environ 4 500 opérations de recherche et de sauvetage, impliquant près de 34 700 personnes, se poursuivent dans la zone sinistrée.
Un septième avion de secours saoudien est arrivé en fin de semaine dernière pour venir en aide aux victimes dans la région, transportant de l'aide médicale et des équipements d'une valeur de plus de 9,6 millions de dollars.
Le Royaume a également envoyé plusieurs équipes de secours la semaine dernière.
L'aéroport de Hatay – un canal clé pour les livraisons d'aide et les évacuations – a rouvert après la réparation des dégâts.
À l'issue d'un appel téléphonique avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'est engagée à fournir une aide supplémentaire à la Turquie, notamment des radiateurs, des couvertures et des tentes.
Une conférence des donateurs sera également organisée en mars à Bruxelles afin de mobiliser des fonds internationaux.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.