PARIS: Plusieurs grand noms du capitalisme français, dont les familles Peugeot et Wertheimer (Chanel) vont entrer au capital de la banque d'affaires Rothschild qui a pour projet de sortir de la Bourse de Paris.
Un accord doit permettre l'arrivée au capital, aux côtés de la holding de la famille Rothschild Concordia, "de nouveaux membres" dont Peugeot Invest et Mousse Partners, véhicule d'investissement de la famille Wertheimer, propriétaire de Chanel, selon un communiqué publié lundi par la banque en marge de ses résultats annuels.
Des actionnaires actuels seraient amenés à se renforcer, à l'image du groupe Dassault et de l'industriel italien Giammaria Giuliani.
D'autres investisseurs, comme des membres de la famille Rothschild anglaise, dont Hannah Rothschild, ou les associés, feront également partie de ce nouveau pacte, intitulé "Concert".
"Peugeot Invest s'est engagée à investir aux côtés de Concordia et d’autres investisseurs de long terme et pourrait détenir, en cas de succès de l'offre, jusqu'à 5,1% du capital de Rothschild and Co", a confirmé dans un communiqué séparé le véhicule d'investissement de la famille Peugeot, précisant avoir "vocation à être représentée [au sein] du conseil de surveillance".
"Ce sont des investisseurs de long terme, qui partagent les mêmes convictions quant aux développement d'une société comme la nôtre", a expliqué lors d'une présentation à la presse François Pérol, associé et coprésident du comité exécutif de la banque d'affaires.
2023 plus difficile
Les différents investisseurs se sont engagés à conserver les titres pendant une durée d'au moins huit ans et n'ont pas l'assurance de pouvoir s'en séparer ensuite, la liquidité n'étant pas garantie, a précisé M. Pérol.
La semaine dernière, la holding de la famille Rothschild avait révélé un projet de retrait de la cote parisienne, après dépôt d'une offre publique d'achat sur la part de près de 40% du capital qu'elle ne détient pas.
Le prix proposé pour l'acquisition des parts est de 48 euros par action, un prix qui sera diminué des distributions aux actionnaires, soit une hausse de 15% par rapport au plus haut historique atteint en janvier 2022.
In fine, la holding Concordia détiendra à l'issue de l'opération, prévue pour commencer à la fin du semestre, environ 55% du capital, les investisseurs de long terme environ 35% et les associés 10%.
Il y a une semaine, au moment de l'annonce, la holding avait expliqué qu'"aucun des métiers du groupe ne requérait de faire appel aux marchés de capitaux" et que "leurs performances devaient être appréciées sur le long terme".
Pour autant, la stratégie du groupe, qui "a toujours reposé sur une priorité donnée à la croissance organique de nos métiers", selon François Pérol, ne devrait pas évoluer, même si la banque ne "s'interdit pas" des acquisitions selon les opportunités, précise-t-il.
Le groupe a par ailleurs publié lundi un bénéfice net en baisse de 21% en 2022, par rapport au record de 2021, à 606 millions d'euros.
Le chiffre d'affaires s'est élevé à près de 3 milliards d'euros, en hausse de 1%.
Des résultats "solides", pour "une année très chahutée", selon M. Pérol.
Pour l'année 2023, la banque affiche sa prudence. Elle prévoit que ses activités "continueront d'afficher des performances de bonne facture", mais prévient que ce sera "en deçà des niveaux de 2022".
L'année "2023 sera une année plus difficile compte tenu de l'environnement macroéconomique et géopolitique", selon la banque d'affaires.
A l'assemblée générale des actionnaires, qui se tiendra le 25 mai, le groupe proposera un dividende "ordinaire" de 1,40 euro par action, (en hausse par rapport au 1,15 euro annoncé l'année précédente) et "une distribution exceptionnelle de réserves de 8 euros par action", à condition que l'offre de rachat soit effectivement déposée par Concordia, rappelle le communiqué.