Mort et dévastation dans la province de Hatay en Turquie, signes de la précarité de la vie

Les sauvetages dans les zones touchées par le tremblement de terre en Turquie sont de plus en plus rares (Photo, Fournie).
Les sauvetages dans les zones touchées par le tremblement de terre en Turquie sont de plus en plus rares (Photo, Fournie).
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Publié le Dimanche 12 février 2023

Mort et dévastation dans la province de Hatay en Turquie, signes de la précarité de la vie

  • Les équipes de secours continuent de fouiller les décombres des bâtiments malgré l'espoir de trouver d'autres survivants sont minces
  • Les survivants traumatisés hésitent à rentrer chez eux alors que de légères secousses se sont poursuivies toute la semaine

ANKARA: Baris Yapar a réussi à s'échapper de son immeuble lorsque le premier tremblement de terre massif a frappé le sud-est de la Turquie aux premières heures de lundi. Ses grands-parents vivaient à quelques pas de là, mais lorsqu'il a atteint leur immeuble, il n'a trouvé que des décombres.

«Nous avons attendu toute la nuit. Nous avons passé plusieurs appels, mais personne n'est venu nous aider», a déclaré Yapar à Arab News près de son domicile dans le district de Samandag, dans la province de Hatay.

Il a indiqué: «Après 40 heures, nous avons loué le matériel nécessaire pour ouvrir nous-mêmes certaines parties des décombres.»

La période qui suit immédiatement un tremblement de terre est considérée comme la plus critique pour les efforts de recherche et de sauvetage. Mais les routes de la zone sinistrée étant bloquées ou gravement endommagées par les tremblements de terre, les équipes de secours ont eu du mal à atteindre les zones dévastées.

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Des sauveteurs turcs s'efforcent de sortir un homme d'âge moyen d'un immeuble effondré à Hatay, le 11 février 2023, cinq jours après les deux tremblements de terre qui ont frappé la Turquie et la Syrie (Photo, AP/Can Ozer).

Au bout de 60 heures, n'utilisant que des machines rudimentaires et leurs mains nues, Yapar et d'autres habitants ont réussi à sauver leurs proches de la montagne de décombres. Ses grands-parents n'ont pas survécu.

«Nous n'avons trouvé aucune ambulance ou véhicule funéraire après avoir sorti ma grand-mère et mon grand-père de leur bâtiment effondré», a signalé Yapar.

«Nous les avons transportés dans notre coffre jusqu'à la morgue. Nous sommes ensuite venus l'autre jour pour trouver leurs cadavres parmi des centaines d'autres. Nous les avons finalement trouvés et les avons transportés au cimetière dans notre voiture pour les enterrer», a-t-il affirmé.

Près d'une semaine après le double tremblement de terre dévastateur de lundi, les équipes de secours continuent de fouiller les décombres des villes du sud-est de la Turquie, même si l'espoir de trouver d'autres survivants diminue.

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Des sauveteurs transportent Mohammed Alkanaas, 12 ans, vers une ambulance après l'avoir sorti des décombres cinq jours après le tremblement de terre de lundi à Antakya, dans le sud de la Turquie, le 11 février 2023 (Photo, AP/Can Ozer).

Environ un quart des 166 334 secouristes déployés sur le terrain sont venus de l'étranger. Bien qu'il y ait un mince espoir de retrouver des personnes vivantes sous les débris, les opérations de recherche devraient se poursuivre.

À la date de samedi soir, les autorités turques affirment qu'au moins 21 848 personnes ont été tuées et environ 80 104 blessées. Si l'on ajoute à cela les 3 553 personnes tuées dans la Syrie voisine, le nombre total de morts dépasse désormais les 25 000.

La Turquie, qui se trouve sur une série de lignes de fracture majeures, a connu plusieurs tremblements de terre importants ces dernières années. Cependant, le tremblement de terre de lundi, déclenché par le mouvement de la faille de l'Anatolie orientale, est considéré comme le plus dévastateur du pays depuis 1939.

Les survivants traumatisés restent sur le qui-vive, hésitant à rentrer chez eux, alors que de petites secousses se sont poursuivies tout au long de la semaine. Les sismologues ont détecté environ 1 972 répliques depuis lundi.

Bien que plusieurs jours se soient écoulés depuis le tremblement de terre de magnitude 7,8 suivi d'un séisme de magnitude 7,5 quelques heures plus tard, les équipes de secours de différents pays trouvent miraculeusement des survivants parmi les décombres. Une fillette de 4 ans a été secourue à Gaziantep après avoir été piégée pendant 131 heures.

Ce vendredi, vers minuit heure locale, une équipe israélienne a sauvé un garçon de 9 ans à Kahramanmaras après une opération qui a duré 36 heures. Il avait survécu sous les décombres pendant 120 heures. Un autre garçon de 10 ans a été sauvé dans la même ville vendredi matin.

Cependant, les sauvetages spectaculaires de ce type sont de plus en plus rares, car de moins en moins de personnes sont retrouvées vivantes. Le silence retombe de plus en plus sur la masse de débris, où des exemplaires du Coran, des photos de famille, des jouets cassés et des ustensiles de cuisine sont éparpillés parmi les morceaux de maçonnerie.

Pendant que les sauveteurs fouillent les décombres, on voit souvent des familles se blottir à côté de leurs maisons détruites, attendant de prendre possession des corps de leurs proches.

Bengi Baser, un cardiologue turc, s'est rendu vendredi à Hatay, une ville touchée par le séisme, dans le cadre d'un convoi d'aide.

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Le docteur turc Bengi Baser aide à distribuer des médicaments et du matériel de secours dans un camp d'évacuation à Hatay, le 11 février 2023 (Photo, Fournie).

«Avec un grand groupe de médecins, nous avons visité les districts d'Armutlu et de Defne à Hatay. J'ai remarqué qu'il existe une forte initiative civile dans la région pour secourir les gens, mais qu'il y a un désordre important lorsqu'il s'agit de distribuer l'aide humanitaire», a déclaré Baser à Arab News.

Les résidents de Hatay qui ont parlé à Arab News ont affirmé qu'il n'y avait pas assez de tentes pour protéger les familles déplacées contre les intempéries. Les tentes qui avaient été fournies n'étaient pas adaptées aux conditions glaciales.

«Il est impossible de dormir dans les tentes lorsque la température extérieure est de -4 degrés Celsius pendant la nuit», a clarifié Baser. «Les gens se tiennent autour d'un feu, mais les enfants sont extrêmement malades parce qu'ils gèlent dehors.»

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Les sauveteurs sont confrontés à des montagnes de débris et à des routes impraticables dans les villes turques détruites par le séisme (Photo, Fournie).

L'effondrement des infrastructures locales est également une préoccupation majeure pour les personnes souffrant de maladies chroniques nécessitant un traitement, comme les diabétiques, les cancéreux et les personnes ayant besoin d'une dialyse. En effet, les tremblements de terre ont été dévastateurs pour les personnes de tous les milieux sociaux.

«J'ai rencontré une femme dans le district de Defne à Hatay. Elle était une survivante du tremblement de terre. Elle m'a dit que sa famille était la plus riche de la région et que maintenant elle est sans abri. Il y a une prise de conscience accrue de la précarité de la vie», a souligné Baser.

Le groupe médical avec lequel Baser est arrivé a apporté un grand nombre de cercueils, donnés par une entreprise de la province de Bursa, au nord-ouest du pays. Avec autant de morts, il est essentiel que les corps soient enterrés rapidement, conformément aux croyances religieuses, mais aussi pour prévenir les maladies.

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Des personnes se tiennent à côté des corps des victimes du tremblement de terre à l'extérieur de l'hôpital public de Hatay, en Turquie, le 8 février 2023 (Photo, Reuters).

«Des cadavres gisent dans les rues. Les proches attendent l'arrivée des médecins légistes et des procureurs. Il est probable qu'ils seront enterrés dans des fosses communes, car des milliers d'entre eux ont été enterrés en deux jours seulement», a révélé Baser.

Un grand cimetière est en cours de construction à la périphérie d'Antakya, la capitale de la province de Hatay, alors qu'un nombre croissant de sacs mortuaires arrivent dans la ville depuis les districts environnants.

De nombreux habitants d'Antakya dorment désormais dehors après que les tremblements de terre ont rendu leurs maisons inhabitables. À cause du manque d'eau, d'hygiène et de services sanitaires, beaucoup craignent que les maladies ne se propagent rapidement.

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Des personnes dorment au milieu des décombres et des dégâts à Kirikhan, en Turquie, le 9 février 2023, à la suite des tremblements de terre du 6 février. (Photo, Reuters).

«Il n'y a pas de toilettes communes», a signalé Baser. «Nous avons exhorté certaines municipalités à envoyer des toilettes mobiles dans la région. La diarrhée est fréquente chez les enfants et c'est un véritable risque pour la santé publique.»

La colère des gens s'est également manifestée contre les entreprises de construction, dont plusieurs auraient ignoré les réglementations gouvernementales introduites en 2018 qui exigent que tous les nouveaux bâtiments soient renforcés par des poutres en acier supplémentaires pour les aider à résister aux secousses.

Bekir Bozdag, ministre turc de la Justice, a déclaré cette semaine que toute personne ayant négligé les règles de construction serait poursuivie. Douze personnes ont été arrêtées à la suite de l'effondrement de bâtiments à Gaziantep et Sanliurfa, ont rapporté les médias locaux samedi.

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Photo aérienne montrant la destruction du centre de la ville de Hatay, dans le sud de la Turquie (Photo, IHA via l’AP).

Pour l'instant, Yapar et sa famille survivante de Samandag doivent se contenter de ce qu'ils peuvent récupérer de leur maison et essayer de reconstruire leur vie au milieu des infrastructures endommagées de Hatay.

«Nous n'avons toujours pas de chauffages et de bouteilles de gaz. Il n'y a pas de toilettes mobiles dans le quartier», a-t-il déclaré à Arab News.

Des problèmes de sécurité se posent également, car les pillards profitent du chaos. Les autorités turques ont arrêté 48 personnes pour des pillages, a rapporté samedi le média d'État Anadolu.

«Depuis quelques jours, la tendance au pillage s'accentue», a indiqué Yapar.

Il a ajouté: «Des forces de police sont déployées dans chaque ville pour les prévenir. Les gens se sentent fatigués et paniqués. Ils craignent que leurs maisons ne soient pillées s'ils ne restent pas aux alentours.»

«Nous ne pouvons toujours pas rester à la maison car elle est partiellement endommagée. Nous n'y entrons que pour un temps limité, puis nous ressortons», a-t-il soutenu.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Pour l'Iran, le mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu signifie «la mort politique» d'Israël

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  • Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue"
  • Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant

TEHERAN: Le chef des Gardiens de la Révolution iraniens a estimé vendredi que les mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et son ancien ministre de la Défense signifiaient la "mort politique" d'Israël.

"Cela signifie la fin et la mort politique du régime sioniste, un régime qui vit aujourd'hui dans un isolement politique absolu dans le monde et dont les responsables ne peuvent plus se rendre dans d'autres pays", a déclaré le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, dans un discours diffusé par la télévision d'Etat.

Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue" et de "grande victoire pour les mouvements de résistance palestinien et libanais", respectivement le Hamas et le Hezbollah, tous deux soutenus par la République islamique.

Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024".

La CPI a aussi émis un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, pour les mêmes chefs, "sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", jour de l'attaque sans précédent du Hamas en Israel, qui a déclenché la guerre en cours dans la bande de Gaza.

L'Iran fait du soutien à la cause palestinienne un des piliers de sa politique étrangère depuis l'instauration de la République islamique en 1979, et ne reconnaît pas l'Etat d'Israël.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de M. Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

 


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
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  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.