«Honte à vous»: Erdogan confronté à l'hostilité des rescapés

Le président turc Recep Tayyip Erdogan visite le site des bâtiments détruits dans la ville de Kahramanmaras, deux jours après le grave tremblement de terre qui a frappé la région le 8 février 2023 (Photo, AFP).
Le président turc Recep Tayyip Erdogan visite le site des bâtiments détruits dans la ville de Kahramanmaras, deux jours après le grave tremblement de terre qui a frappé la région le 8 février 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 10 février 2023

«Honte à vous»: Erdogan confronté à l'hostilité des rescapés

  • En chute dans les sondages l'an passé du fait de la crise économique et une inflation à plus de 85%, il voyait sa popularité remonter peu à peu
  • Mais l'absence de gestion du séisme les premiers jours par le gouvernement risque d'inverser la tendance

ADIYAMAN: Trois jours après le pire séisme à avoir frappé la Turquie depuis des décennies, Hakan Tanriverdi a un message très simple pour le président Recep Tayyip Erdogan: "Ne viens pas ici quémander des voix."

Plus de 20 000 cadavres ont été sortis des décombres en quatre jours, en comptant ceux de la Syrie voisine. La catastrophe survient à un moment décisif pour le chef de l'Etat turc, qui compte bien se maintenir au pouvoir.

Premier ministre de 2003 à 2014, président depuis lors, l'inamovible Erdogan a confirmé fin janvier la tenue le 14 mai d'élections présidentielle et législatives.

Cette date rapprochée donne peu de temps à l'opposition pour désigner son candidat commun.

La possibilité de tenir ces scrutins après pareil sinistre relève toutefois de l'hypothèse.

L'état d'urgence a été proclamé pour trois mois dans les dix provinces touchées. Les autorités estiment que 13,5 millions de Turcs ont été directement impactés par le séisme de lundi, d'une magnitude de 7,8.

Les habitants continuent de rechercher des survivants sous les décombres - mais n'en retirent le plus souvent que des cadavres. Pour les rescapés, reste la rue glaciale. Ou pour les plus chanceux, leur voiture.

Pour le président turc, le moment semblait propice. En chute dans les sondages l'an passé du fait de la crise économique et une inflation à plus de 85%, il voyait sa popularité remonter peu à peu.

Mais l'absence de gestion du séisme les premiers jours par le gouvernement risque d'inverser la tendance.

"Nous sommes profondément blessés que personne ne nous ait soutenus", peste Hakan Tanriverdi.

A Adiyaman, capitale de la province éponyme où il vit, M. Erdogan l'avait facilement emporté en 2018. Mais cinq ans plus tard, les habitants dénoncent la lenteur des secours et le manque d'équipement pour leur venir en aide.

"Je n'ai vu personne avant 14H00 le deuxième jour du séisme", soit 34 heures après la première secousse, tonne Mehmet Yildirim. "Pas d'Etat, pas de police, pas de soldats. Honte à vous! Vous nous avez laissés livrés à nous-mêmes".

«Un péché»

Le chef de l'Etat a reconnu mercredi des "lacunes" dans la réponse gouvernementale. Mais il cherche à reprendre la main. Mardi, il a participé à une réunion des secours à Ankara,  avant de passer les deux jours suivants dans des zones ravagées. Sans toutefois s'arrêter à Adiyaman.

"Pourquoi l'État ne se montre-t-il pas un jour comme celui-ci ? Où sont les fondations de la République de Turquie ?", vitupère Hediye Kalkan, un volontaire. "Les gens sortent les corps de leurs proches par leurs propres moyens".

L'ampleur de la catastrophe, le fait qu'elle se soit produite dans une région vaste et isolée, qui plus est durant une tempête hivernale, aurait cependant compliqué les opérations de sauvetage dans n'importe quel pays.

Recep Tayyip Erdogan a ainsi reçu un accueil plutôt chaleureux de la part de certaines victimes, lors de visites soigneusement chorégraphiées et diffusées à la télévision.

Les images l'ont montré étreignant une vieille dame en pleurs sur son épaule.

Veysel Gultekin ne devrait pas réserver le même traitement à son président. L'un de ses proches avait les pieds coincés sous des décombres, raconte-t-il. "Nous avons parlé jusqu'au matin. J'aurais pu le sortir de là si j'avais eu une simple perceuse. (...) Mais malheureusement, je ne pouvais rien faire à mains nues".

"A la secousse suivante, tout son corps s'est retrouvé recouvert (par des gravats) et il est mort".

Des journalistes de l'AFP ont vu jeudi davantage d'engins de levage et de secouristes - notamment apportés par des missions étrangères - autour d'immeubles en ruine.

Rien qui puisse calmer Hakan Tanriverdi.

"Les gens qui ne sont pas morts dans le séisme ont été laissés à l'agonie dans le froid", s'émeut-il. "N'est-ce pas un péché, de laisser mourir les gens comme ça ?"


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".