PARIS: La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a jugé "inadmissible" que l'animateur de télévision Cyril Hanouna appelle à privatiser l'audiovisuel public, jeudi sur la radio publique France Inter.
"Privatisez-moi ça. Non mais sans rigoler: quatre milliards d'euros qu'on donne de notre poche", avait affirmé l'animateur dans son émission sur C8 le 16 janvier, en référence aux 3,8 milliards d'euros de budget annuel de l'audiovisuel public.
Interrogée jeudi sur cette attaque, Mme Abdul Malak a répondu qu'elle la trouvait "inadmissible". "Mais justement, il est en train de relayer cette proposition que Marine Le Pen avait mise dans son programme, de privatisation de l'audiovisuel public", a poursuivi la ministre.
"Si nous n'avions pas cet audiovisuel public aujourd'hui, aurions-nous autant de programmes éducatifs, aurions-nous autant de documentaires, aurions-nous autant de création française sur les chaînes du service public?", a-t-elle lancé.
La diatribe de M. Hanouna avait suivi des déclarations de Mme Abdul Malak, rappelant que le régulateur de la télévision, l'Arcom, pouvait supprimer la fréquence mise à leur disposition si elles ne respectent pas leurs obligations.
Elle l'a rappelé jeudi matin. "Je suis dans mon rôle quand je rappelle le cadre existant", a-t- elle souligné.
"Il y a des obligations à respecter. Il y a déjà eu une vingtaine d'interventions de l'Arcom, depuis 2019, pour C8 et CNews. Au bout de combien d'interventions l'Arcom pourra-t-elle dire à quel degré les obligations ne sont pas respectées? C'est le rôle de l'Arcom", a ajouté la ministre.
L'Arcom examine encore une séquence qui avait choqué, où Cyril Hanouna avait insulté le député LFI Louis Boyard dans une émission en novembre.
Les altercations et incidents lors des émissions de Cyril Hanouna, qui attirent de fortes audiences, ont déjà valu à sa chaîne de nombreux avertissements et sanctions, dont la plus lourde jamais prononcée, une amende de 3 millions d'euros pour un canular jugé homophobe en mai 2017.
C8 et CNews appartiennent au groupe Canal+, détenu par le milliardaire Vincent Bolloré, à laquelle Mme Abdul Malak s'en est également prise.
Elle a cité des affaires où M. Bolloré a été accusé de restreindre la liberté de création ou de vouloir orienter la ligne éditoriale des médias qu'il détient.
"On a eu un certain nombre d'exemples, dans les derniers mois, les dernières années, qu'il s'agisse de Canal+ (...) de Paris Match (...) qu'il s'agisse d'Europe 1, qu'il s'agisse de l'édition. Il y a un certain nombre d'alertes, sur la liberté de création, sur la liberté d'expression", a-t-elle expliqué.