BAGDAD : Un célèbre militant écologiste en Irak, très impliqué dans la préservation des mythiques marais du sud, a été enlevé par des hommes armés près de Bagdad, a rapporté sa famille dimanche, disant être sans nouvelles de lui depuis quatre jours.
Jassim al-Assadi, 65 ans, dirige l'association de défense de l'environnement Nature Iraq et intervient régulièrement dans les médias irakiens et étrangers pour son travail de sensibilisation au sujet des marais, inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco et menacés ces dernières années par la sécheresse et les pénuries d'eau.
L'environnementaliste était "en voiture sur l'autoroute allant de Hilla à Bagdad. Arrivé à 5 km de la capitale, deux véhicules l'ont stoppé, des hommes en civil armés l'ont menotté et mis dans un des véhicules pour l'emmener dans un lieu inconnu", a raconté à l'AFP le frère de M. Assadi, Nazim, précisant que l'enlèvement s'est déroulé mercredi matin.
"Mon cousin était avec lui, ils l'ont abandonné sur la route", a-t-il précisé.
Il a assuré que les ravisseurs n'avaient pas contacté la famille mais que la police poursuivait les recherches. "Il nous faut du temps pour comprendre les raisons", a-t-il déploré.
S'exprimant sous le couvert de l'anonymat à Bagdad, un responsable de la sécurité a confirmé dimanche à l'AFP que la famille avait informé les forces de l'ordre de la disparition.
Si l'Irak a retrouvé un semblant de normalité et une relative stabilité sécuritaire après des décennies de conflits, assassinats et enlèvements de militants ou de responsables restent courants, dans un pays encore secoué par des conflits tribaux et où la société civile déplore l'existence de factions armées et une prolifération des armes très faciles à obtenir.
Né en 1957 dans les marais, Jassim al-Assadi est ingénieur hydraulique de formation. Il a participé dès 2006 à diverses initiatives visant à restaurer les marais du sud de l'Irak, quasi-totalement asséchés dans les années 1990 sous Saddam Hussein.
Menacés par la sécheresse dans un des pays les plus exposés au changement climatique selon l'ONU, ces marais souffrent de la baisse des précipitations, des températures estivales caniculaires qui accélèrent le phénomène d'évaporation, et surtout du débit réduit des fleuves Tigre et Euphrate, en raison des barrages construits en amont dans les pays voisins, la Turquie et l'Iran.