Pakistan: à Karachi, les mangroves ou le béton

Forêt de mangroves, à quelques encablures de Karachi (Photo, Rizwan TABASSUM/AFP).
Forêt de mangroves, à quelques encablures de Karachi (Photo, Rizwan TABASSUM/AFP).
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Publié le Lundi 23 novembre 2020

Pakistan: à Karachi, les mangroves ou le béton

  • A quelques encablures des côtes de Karachi, des « bébés mangroves » s'épanouissent sur une crique isolée de l'île de Bundle. Mais ce paysage de carte postale pourrait disparaître
  • « Laissons la nature se régénérer. Ne rêvons pas de grandes villes », harangue Mahera Omar, une réalisatrice auteure de plusieurs documentaires environnementaux

KARACHI: A quelques encablures des côtes de Karachi, des « bébés mangroves » s'épanouissent sur une crique isolée de l'île de Bundle. Mais ce paysage de carte postale pourrait disparaître, le gouvernement pakistanais, malgré ses prétentions environnementales, voulant y lancer un gigantesque projet immobilier.

Les centaines de petites plantes vertes, vouées à devenir de luxuriantes forêts aquatiques, bourgeonnent paisiblement, sous le regard impassible d'une meute de chameaux. A quelques dizaines de mètres de là, la plage faisant face à Karachi est couverte de déchets, chaussures et autre matériel médical usagé.

De l'autre côté du rivage, les squelettes de bâtiments jamais terminés témoignent de l'urbanisation anarchique que connaît la mégalopole du Sud pakistanais, aux 20 millions d'habitants.

« Laissons la nature se régénérer. Ne rêvons pas de grandes villes », harangue Mahera Omar, une réalisatrice auteure de plusieurs documentaires environnementaux.

« Nous sommes tous fatigués de notre jungle de béton. Nous voulons sortir, à l'air libre, profiter de la brise marine et de la nature », ajoute cette habituée des balades en kayak dans la mangrove, terrain idéal selon elle pour un écotourisme réglementé.

L'exécutif pakistanais en a pourtant décidé autrement. Le président Arif Alvi a signé fin août une ordonnance visant à faire de Bundle et de l'île voisine de Buddo des terres fédérales, afin d'y lancer un ambitieux programme immobilier, évalué à 50 milliards de dollars (42 milliards d'euros). Un projet similaire doit voir le jour sur la Ravi, la rivière arrosant Lahore (nord-est). Un premier tour de table avec des investisseurs locaux a été réalisé.

La manœuvre surprend de la part du gouvernement d'Imran Khan, jusqu'ici auréolé d'un bilan environnemental plutôt positif. Le « tsunami au milliard d'arbres », plantés ou régénérés dans la seule province du Khyber-Pakhtunkhwa (nord-ouest) sous l'égide de son parti, a été applaudi internationalement.

« Contradiction »

Le Premier ministre a ensuite annoncé étendre ce programme à l'ensemble du pays, avec un objectif de dix milliards de nouveaux arbres. La construction de plusieurs centrales à charbon prévue par un accord sino-pakistanais a également été gelée au profit d'énergies renouvelables.

« Imran Khan incarne la contradiction », se moque Murtaza Wahab, un porte-parole de la province du Sindh, dont Karachi est la capitale. « Il s'enorgueillit de dire que le changement climatique est une réalité. Mais quand il s'agit du Sindh, son opinion change. »

Le Sindh est le bastion du Parti du peuple pakistanais (PPP), fer de lance de l'opposition, qui estime que les îles du littoral sont « la propriété du gouvernement provincial » et que les autorités fédérales ne peuvent pas en « prendre le contrôle ».

Le PPP compte porter l'ordonnance présidentielle « illégale » devant le Parlement et la justice, au nom de ces mangroves, « symbole de Karachi », selon Wahab.

Hormis à Islamabad, le projet, déjà avancé à plusieurs reprises ces dernières décennies mais toujours retoqué, car trop cher et trop compliqué, semble en effet faire l'unanimité contre lui.

Les pêcheurs de Karachi, qui lancent régulièrement leurs filets à Bundle car l'eau y est moins polluée qu'ailleurs, ont porté plainte contre Islamabad.

Eau croupie

« Nous allons perdre nos emplois. Cela va nous dévaster », se désole Kamal Shah, l'un de leurs porte-parole, depuis le petit port d'Ibrahim Mathri, aux eaux noires et à l'odeur pestilentielle.

Depuis des décennies, Karachi rejette en effet déchets et eaux usées directement dans la mer. « Quand nous étions jeunes, nous jetions une pièce dans la mer. Elle était visible », se souvient-il. « Maintenant, si un homme entre dans l'eau, on le perd de vue. »

Le Fonds mondial pour la nature (WWF), par la voix de Rab Nawaz, l'un des cadres de cette ONG au Pakistan, dénonce un « désastre environnemental à venir ». « Bundle est un lieu de nidification pour les tortues, les dauphins. Et les mangroves sont des forêts protégées au Pakistan », rappelle-t-il.   

« Ce projet est un cauchemar », tonne-t-il. « Parfois, on peut réduire au maximum l'impact environnemental de certaines infrastructures. Mais à Bundle, c'est simplement impossible. »

Arif Belgaumi, un architecte et urbaniste, se souvient ainsi être allé sur l'île aux dernières marées hautes d'équinoxe. « J'avais de l'eau jusqu'au torse », commente-t-il. « Donc si vous voulez construire quelque chose ici, il faudra remblayer » le sol de plusieurs mètres sur plusieurs kilomètres carrés, une opération aux coûts environnemental et financier prohibitifs.

D'autant que Karachi, qui a connu cette année un record de précipitations durant la mousson et plusieurs jours d'inondations, n'est pas épargnée par les intempéries. En 2007, une tempête tropicale suivie d'un cyclone avaient fait des centaines de morts dans la ville.

Or les mangroves « forment une barrière contre les tsunamis », observe Arif Belgaumi. Leur préservation est donc d'autant plus « une évidence » qu'elle est « vitale pour la préservation de Karachi. » L'urbaniste a également porté plainte contre le projet gouvernemental.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.