PARIS: La banque BNP Paribas première banque européenne et financeur historique du secteur industriel, a annoncé mardi vouloir diviser par cinq ses financements au secteur de l'extraction et de la production de pétrole, laissant les ONG dubitatives.
La première banque française s'est engagée à réduire à "moins d'un milliard d'euros" le montant de ses encours de crédits dans ce domaine. C'est une forte accélération pour la banque, qui avait jusqu'à présent communiqué sur une diminution de 25% à l'horizon 2025, même si le raffinage pétrolier et le gaz ne sont pas concernés par cette promesse.
Le groupe affirme par ailleurs ne pas avoir financé directement de nouveaux projets pétroliers depuis 2016. Toutefois, son soutien à des entreprises continuant de développer de nouveaux champs est en partie comptabilisé comme de l'exploration et de la production.
"BNP reconnaît la nécessité de réduire notre dépendance au pétrole et au gaz", a salué Lucie Pinson, mais la directrice de l'association Reclaim Finance aurait souhaité que la banque "soit beaucoup plus ferme".
"Tout indique que la banque française va maintenir ses soutiens financiers à quelques gros clients malgré leur stratégie d'expansion dans les énergies fossiles, comme TotalEnergies", met-elle en garde, déplorant "aussi l'absence de mesures immédiates sur le gaz".
BNP Paribas avait été mise en demeure fin octobre par trois ONG l'accusant de financer de nouveaux projets pétroliers et gaziers, en contradiction avec son "devoir de vigilance" environnemental. La banque avait jusqu'à jeudi pour leur répondre avant qu'elles décident de lancer ou non une assignation.
"Contrainte de faire des annonces", BNP Paribas livre ici "de nouveaux engagements trop faibles", estiment mardi les trois associations dans un communiqué commun.
Les associations disent attendre encore la réponse officielle de BNP Paribas à leur mise en demeure pour prendre une décision.
Mais "ces annonces laissent complètement de côté les soutiens de BNP Paribas via ses activités d’émission d’actions et d’obligations, levier pourtant clé de financements pour les entreprises du secteur", déplorent les Amis de la Terre France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France.
Selon ces ONG, "BNP Paribas s’est imposée entre 2016 et 2021 comme le 1er financeur au monde de 8 géants pétro-gaziers qui prévoient à eux seuls plus de 200 nouveaux projets d’énergies fossiles".