ALGER: Les indépendantistes du Polisario au Sahara occidental ont réélu vendredi leur chef sortant Brahim Ghali à la tête du mouvement, dans un contexte de vives tensions entre leur allié algérien et le Maroc qui contrôle 80% du territoire.
M. Ghali, 73 ans, a été reconduit pour un nouveau mandat de trois ans comme secrétaire général du Polisario lors d'un vote auquel ont participé 1 870 délégués lors d'un congrès qui s'était ouvert le 13 janvier dans le sud algérien, dans un camp de réfugiés sahraouis à 175 km de la ville de Tindouf, a indiqué l'agence de presse officielle sahraouie SPS.
M. Ghali, en poste depuis 2016, a obtenu 69% des voix contre 31% pour son rival Bechir Moustafa, selon l'agence.
Sa réélection ne faisait guère de doute puisqu'il semble jouir de l'indispensable soutien d'Alger.
Le conflit du Sahara occidental oppose le Maroc au front Polisario, soutenu par l'Algérie, depuis le désengagement en 1975 de l'Espagne, l'ancienne puissance coloniale.
Le Polisario réclame un référendum d'autodétermination sous l'égide de l'ONU tandis que Rabat promeut une autonomie sous sa souveraineté.
Un cessez-le-feu en vigueur depuis 1991 avait volé en éclats à la mi-novembre 2020 après le déploiement de troupes marocaines à l'extrême sud du territoire pour déloger des indépendantistes qui bloquaient l'unique route vers la Mauritanie, selon eux illégale car inexistante au moment de l'accord avec Rabat.
Le congrès se tient alors que le Sahara occidental est au coeur de tensions exacerbées entre les deux puissances du Maghreb.
L'Algérie a en effet rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août 2021 en raison de profonds désaccords sur ce dossier et du rapprochement entre Rabat et Israël.
Le 16e congrès du mouvement s'est tenu sous le slogan: l'"escalade de la lutte pour le retrait de l'occupant (marocain) et imposer la souveraineté totale".
En tant que secrétaire général du Polisario, M. Ghali est également président de la République arabe sahraouie (RASD), autoproclamée en 1976.
L’hospitalisation de M. Ghali en Espagne en avril 2021 pour y être soigné de la Covid avait provoqué une grave brouille diplomatique entre Madrid et Rabat.
Cette crise a pris fin en mars dernier au prix d'un revirement de l'Espagne sur le dossier du Sahara occidental, Madrid s'alignant désormais sur la position marocaine, au grand dam d'Alger.