PARIS: À l'heure des chocs macroéconomiques de grande ampleur, comment les acteurs financiers répondent-ils aux perturbations en cours tout en suivant le rythme des avancées technologiques? C’est la question à laquelle les intervenants à cette session du Forum économique mondial (FEM) se sont efforcés de répondre au deuxième jour de cette 57e édition.
Les participants à la conférence
- Mohammed al-Jadaan, ministre des Finances d'Arabie saoudite
- Lynn Martin, présidente, Bourse de New York (New York Stock Exchange), États-Unis; Conseil international des affaires du FEM
- Ronald P. O'Hanley, président-directeur général, State Street, États-Unis; Conseil international des affaires du FEM
- Dan Schulman, président et directeur général PayPal, États-Unis; International Business Council du FEM
- Mark Suzman, président-directeur général, Fondation Bill & Melinda Gates, États-Unis
Quels sont les obstacles à un système mondial de paiement? Alors qu’un tiers du monde est confronté à la récession, selon la Banque mondiale, cette session était donc consacrée à la meilleure manière de répondre aux besoins mondiaux, sachant qu’à l'heure actuelle, deux milliards de personnes sont exclues du système de paiement et deux autres milliards d’individus sont mal desservis par celui-ci.
«Les banques sont des entreprises technologiques, tout comme les entreprises technologiques sont des services financiers», explique Dan Schulman, PDG de PayPal. Il souligne ainsi la nécessité pour les banques de suivre les technologies financières, au lieu de les rejeter. Il ajoute cependant que le monde a «besoin de garanties et de partenariats entre le secteur public et privé», afin d’établir des bases solides pour ces nouvelles avancées.
La plupart des intervenants se sont montrés plutôt optimistes quant aux avantages de la technologie sur l'économie et les systèmes bancaires dans le monde. Toutefois, le ministre des Finances de l'Arabie saoudite, Mohammed al-Jadaan, a insisté sur l’importance des réformes au sein du secteur financier.
«Je suis convaincu que nous n'avons pas encore découvert le risque réel que représentent les innovations telles que les cryptomonnaies», déclare M. Al-Jadaan. «Les banques traditionnelles ainsi que les entreprises des nouvelles technologies doivent désormais répondre à des questions fondamentales telles que: comment gérer le blanchiment d'argent ou le financement du terrorisme.»
Mais pour Mark Suzman, PDG de la Fondation Bill and Melinda Gates, «la monnaie numérique peut contribuer à réduire la corruption. Elle peut être réglementée et offrir un potentiel important pour la réduction de la pauvreté.»
Pour lutter contre la pauvreté et les inégalités financières, M. Suzman propose à la Banque mondiale d’élargir son portefeuille de prêts en 2023.
Au menu des solutions exposées: des politiques bien pensées pour protéger les données et la vie privée des utilisateurs, ainsi que des infrastructures solides afin de garantir que toutes les futures opérations financières faisant appel à la haute technologie sont sécurisées et peuvent être protégées contre la corruption et les opérations terroristes.
L'élément le plus important pour l'innovation dans le système est donc la confiance – et celle-ci peut être garantie par la sécurité. L’autre élément impératif est d’établir un partenariat avec les régulateurs.
Sur une note plus optimiste, les participants ont conclu le débat en affichant un enthousiasme unanime à l’égard de l’intelligence artificielle et de ses possibilités.