AL-MUKALLA : Les femmes yéménites se sont tournées vers les réseaux sociaux s'afficher en tenues traditionnelles colorées, défiant ainsi les restrictions vestimentaires des Houthis ainsi que la répression croissante de la milice au sein des régions sous leur contrôle.
En utilisant le Hashtag #Yemeni_identity, des dizaines de femmes à l’intérieur et à l’extérieur du pays ont publié leurs photos sur Facebook et Twitter. Les militants yéménites passent régulièrement par le biais de tels réseaux pour exprimer leurs revendications.
«Nos grands-mères portaient des vêtement colorés et notre héritage est plein de couleurs et de joie», a déclaré Mozen Senan, une écrivaine yéménite, en posant pour une photo avec une amie et en s’habillant d’une abaya et d’un foulard colorés.
«Ansar Allah nous impose une tenue vestimentaire et exige que l’on soit enroulées de noir. Même si nous ne nous habillons plus comme nos grands-mères. Aujourd’hui, c’est ce que nous sommes et ce sont nos couleurs», a-t-elle déclaré en employant le nom officiel des Houthis.
Cette campagne est survenue une semaine après la déclaration des autorités houthies de Sanaa informant les couturiers que les abayas des femmes devaient être noires et amples.
Ces interdictions vestimentaires dont partie d’une répression croissante contre les femmes à qui il est également interdit de se déplacer entre les villes sans tuteur ou gardien masculin.
Selon Ebtehal al-Komani, une militante des droits humains, les femmes n’avaient jamais couvert l'ensemble de leur corps d’habits noirs auparavant.
«Le ‘’vêtement’’ noir n’a jamais été porté par les femmes yéménites. Il s’agit d’une coutume étrange qui a imprégné la société yéménite. Elle ne nous appartient pas.» a-t-elle écrit sur Facebook, publiant des photos d’elle ainsi que d’autres militantes en tenue traditionnelle.
La chanteuse yéménite Fatima Muthana s'est également prise au jeu. «Voilà notre identité aux couleurs vives» a-t-elle déclaré sur Facebook, recevant une centaines de likes (j’aime) et de commentaires de ses fans.
Depuis décembre, les Houthis ont enlevé et emprisonné cinq personnalités célèbres en ligne pour avoir critiqué l’incapacité de la milice à atténuer les mauvaises conditions économiques et à lutter contre la corruption du gouvernement.
Des milliers de yéménites ont quitté le pays ou se sont installés dans des régions contrôlées par le gouvernement alors que les Houthis réprimaient leurs opposants suite à leur prise de pouvoir militaire fin 2014.
L’actrice et mannequin yéménite Entesar al-Hammadi est toujours détenue par les Houthis. Elle a été enlevée dans une rue de Sanaa parce qu’elle aurait enfreint le code vestimentaire islamique.
Malgré les appels locaux et internationaux pour sa libération, les Houthis l’auraient détenue à l’isolement et torturée.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com