BEYROUTH: Une délégation judiciaire allemande est sortie en claquant la porte du Palais de justice de Beyrouth mercredi, déçue que ses demandes aient été rejetées.
La délégation allemande est arrivée la première à Beyrouth, suivie des délégations française et luxembourgeoise, pour enquêter sur les allégations de fraude au sujet de Riad Salamé, le gouverneur de la Banque centrale du pays – la Banque du Liban.
Le nom de Riad Salamé a été mentionné dans des affaires liées à des transferts financiers du Liban vers les banques des pays susmentionnés.
Les délégations tenteront d’identifier les sources des fonds et leur lien avec la corruption, le blanchiment d’argent et les crimes financiers dans les pays européens.
Arab News a appris que la délégation allemande avait rencontré mercredi le procureur général de la Cour d’appel à Beyrouth, le juge Raja Hamoush, chargé de faciliter le travail de la délégation et de lui montrer le dossier de Salamé, sur lequel la Cour de cassation avait enquêté sans inculper personne.
Cependant, la délégation allemande comprenait des responsables de la police allemande. Le juge Hamoush leur a demandé de quitter le bureau dans la mesure où la réunion était purement judiciaire, leur indiquant qu’ils n’avaient pas le droit de se trouver là ou de consulter des dossiers.
Une source judiciaire déclare à Arab News: «Les juges allemands étaient équipés de caméras perfectionnées. Lorsque le dossier a été placé devant eux et qu’il a été fermé avec un cachet de cire rouge, ils ont demandé s’ils pouvaient prendre des photos du contenu une fois ouvert, puisqu’il comprend des centaines de documents et de papiers. Le juge Hamoush a refusé, affirmant que les juges devaient soumettre leur demande à la Cour de cassation.
La source ajoute: «Ils ont ensuite demandé à prendre quelques clichés avec leurs téléphones portables, mais le juge le leur a catégoriquement interdit. La délégation a donc quitté le bureau du juge Hamoush et s’est dirigée vers celui du procureur de la république, le juge Ghassan Oueidat. Le dossier est resté scellé avec le cachet de cire rouge.
La source note que la délégation a demandé au juge Oueidat l’autorisation de photocopier le dossier, mais il leur a dit qu’il avait besoin d’une demande écrite et de savoir exactement ce qu’ils attendaient du dossier.
Ensuite, la délégation allemande est sortie en trombe du bureau du juge avant de quitter le Palais de justice.
Le juge Oueidat avait auparavant souligné que la mission des délégations européennes était de questionner les personnes qui avaient précédemment été interrogées par la justice libanaise en tant que témoins.
Les délégations française et luxembourgeoise devraient arriver au début de la semaine prochaine et les délégations européennes resteront au Liban jusqu’au 20 janvier.
Selon une lettre officielle envoyée par les trois pays aux autorités libanaises et les informant de leur présence au Liban, ces délégations comprendraient des procureurs et des juges financiers.
La demande a cependant provoqué la colère de la justice libanaise, puisqu’elle n'incluait pas de délégation judiciaire locale et était incompatible avec la souveraineté libanaise.
Plus tard, le juge Oueidat a rencontré des représentants des ambassades des trois pays. Il a par la suite été décidé qu’un juge libanais serait présent lors de l’ensemble des entretiens et des interrogatoires.
Arab News a appris que la justice libanaise avait demandé aux personnes convoquées de se présenter puisqu’il n’y aurait pas d’accusations ou d’arrestations à leur encontre et que toute réclamation que les juges européens souhaitaient effectuer devait être faite dans leur pays, avec des demandes d’extradition envoyées par Interpol au Liban.
La justice libanaise ne peut extrader aucun Libanais vers un autre pays pour qu’il y soit jugé, même s’il existe des traités signés entre le Liban et le pays étranger en question. Les procès doivent avoir lieu au Liban.
Riad Salamé a été vivement critiqué en raison de sa politique monétaire. La justice financière française enquête sur son patrimoine depuis 2021 pour blanchiment d’argent et détournement de fonds.
La Suisse mène également des instigations depuis deux ans sur le détournement de fonds de la Banque du Liban et soupçonne Riad Salamé et son frère, Raja Salamé, d’en être à l’origine.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com