PARIS: Très sollicitée par de nombreux pays européens en matière de fourniture de gaz depuis la guerre en Ukraine, l’Algérie affiche son ambition pour 2023.
Lors d’une visite sur le stand de la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach, pour l’inauguration de la 30e Foire de la production algérienne (FPA 2022) en décembre dernier, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a dévoilé un objectif ambitieux pour les exportations de gaz, réservant un volume de 100 milliards de mètres cubes au marché international. Un pic jamais atteint par la Sonatrach depuis l’indépendance du pays.
Pour Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités et expert international, l’Algérie doit remplir un certain nombre de conditions pour doubler ses capacités d’exportation de gaz vers l’Europe d’ici à 2027. Parmi elles: une amélioration de l’efficacité énergétique, une nouvelle politique de prix, un investissement dans les découvertes et le développement des énergies renouvelables, une amélioration des infrastructures de transport et de stockage de gaz, et une mise en place de nouveaux partenariats avec l’Union européenne (UE).
Plan d’investissement de 40 milliards de dollars
Avec une production estimée à 102 milliards de mètres cubes de gaz naturel, dont la moitié est consommée localement, Sonatrach a engagé un plan d’investissement important de 40 milliards de dollars (1 dollar = 0,95 euro) sur cinq ans dont l’objectif est de développer ses capacités de production de gaz et de pétrole, notamment le gaz naturel liquéfié (GNL) sans émission de CO2. «C’est l’un des principaux défis du groupe dans le contexte des mutations internationales en cours», déclare Toufik Hakkar, PDG du groupe.
De son côté, Miloud Medjelled, directeur général des études et de la prospective au ministère de l’Énergie et des Mines, souligne que la Sonatrach compte maintenir sa compétitivité en fabriquant des produits de qualité adaptés aux normes internationales. Il précise que le volume de production connaîtra une augmentation dans les prochaines années. «Sonatrach a conclu plusieurs contrats de partenariat avec des étrangers dans le domaine du développement des hydrocarbures lui permettant d’augmenter davantage le volume de production pétrogazière entre 2023 et 2028 », précise-t-il à la presse nationale.
«Cinquante pour cent du gaz naturel est destiné à la production d’électricité»
Dans le cadre de son plan de développement à l’horizon 2030, le groupe algérien compte valoriser ses ressources gazières. «Cinquante pour cent du gaz naturel est destiné à la production d’électricité», affirme M. Medjelled. Il ajoute que le secteur travaille à «la mise en œuvre d’un programme des énergies renouvelables en un temps record, ce qui permettra la fourniture d’importantes quantités de gaz naturel qui seront destinées à l’exportation».
Accords avec des pays européens
En matière d’exportation de gaz naturel, l’Europe est le premier client de l’Algérie. «L’Algérie est un partenaire énergétique très fiable pour l’Europe», affirme le président algérien en mettant en avant le partenariat entre son pays et l’Italie. Il précise que l’Algérie «n’est pas opposée au fait que l’Italie devienne une plate-forme pour la distribution du gaz vers d’autres pays, dont l’Allemagne».
«Au cours de ce mois, nous avons réalisé un chiffre record de nos exportations de gaz vers l’Italie, un chiffre que nous n’avons pas enregistré depuis 2011», confirme M. Hakkar. Il ajoute que le volume d’exportation vers son partenaire italien est de 97 millions de mètres cubes par jour et de près de 27 milliards de mètres cubes par an. À la suite du nouvel accord conclu en avril 2022, l’Algérie a augmenté de 9 milliards de mètres cubes ses exportations vers l’Italie pour les deux prochaines années.
En novembre 2022, l’Algérie a signé un autre contrat d’approvisionnement de 3 millions de mètres cubes pour les trois prochaines années vers la Slovénie et elle mène des discussions avec d’autres pays européens, dont la France, pour augmenter le volume des livraisons.