Pourquoi le Liban, l'Irak et la Jordanie figurent parmi les «pays les plus en colère du monde»

Trois pays du Moyen-Orient figurent parmi les pays les plus en colère du monde dans le dernier rapport annuel du cabinet Gallup (Photo fournie).
Trois pays du Moyen-Orient figurent parmi les pays les plus en colère du monde dans le dernier rapport annuel du cabinet Gallup (Photo fournie).
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Publié le Lundi 09 janvier 2023

Pourquoi le Liban, l'Irak et la Jordanie figurent parmi les «pays les plus en colère du monde»

  • Pour des millions de personnes dans le monde arabe, l'année 2022 aura été synonyme d'anxiété, de colère et de troubles violents
  • Un sondage Gallup souligne l'augmentation et la généralisation de la colère publique, un phénomène que les gouvernements doivent prendre au sérieux

DJEDDAH: Nombreux sont ceux qui ont poussé un soupir de soulagement lorsque l'année 2022 s'est achevée, marquant la fin de douze mois de fatigue liée à la pandémie de Covid-19, de tensions géopolitiques et d'instabilité économique mondiale, pour n'en citer que quelques-uns.

Cette volatilité et ces bouleversements ont engendré une colère généralisée dans les sociétés, fatiguées par des crises en série dont les solutions semblent échapper aux gouvernements et aux institutions mondiales.

Le monde arabe ne déroge pas à la tendance. Trois pays du Moyen-Orient figurent parmi les pays les plus en colère du monde dans le dernier rapport annuel du cabinet Gallup sur les émotions dans le monde, en grande partie à cause d'un mélange de pressions socio-économiques et de défaillances institutionnelles.

Des Jordaniens en colère manifestent dans la ville de Salt, le 13 mars 2021, contre la mort d'au moins six patients atteints de Covid-19 dans un hôpital ayant manqué d'oxygène (Photo, AFP).

L'économie mondiale semblait se remettre des confinements, des perturbations de la chaîne d'approvisionnement et des interdictions de voyage liés à la pandémie de Covid-19, mais la guerre en Ukraine a fait flamber l'inflation, entraînant une hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants qui pèse lourdement sur les plus pauvres de la planète.

En ajoutant à cela les effets dévastateurs de l'instabilité politique, de la corruption et du changement climatique, il n'est pas surprenant de constater que l'année écoulée s'est avérée être une période d'anxiété, de colère et de troubles violents pour des millions de personnes dans le monde.

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, où la fluctuation des prix, les bouleversements climatiques et les crises politiques prolongées ont été durement ressentis, le sondage Gallup conclut que l'opinion publique est de plus en plus en colère, ce que les experts en développement estiment que les gouvernements régionaux devraient prendre au sérieux.

Gallup a commencé à étudier le malheur dans le monde en 2006 à travers une méthodologie basée sur des échantillons probabilistes représentatifs au niveau national de la population adulte âgée de 15 ans et plus, recueillis dans 122 pays.

L'enquête a révélé que les émotions négatives – qui incluent le stress, la tristesse, la colère, l'inquiétude et la douleur physique – ont atteint un niveau record l'année dernière, 41% des adultes dans le monde déclarant avoir été stressés la veille.

En outre, ces émotions négatives semblent se développer, l'année 2021 détrônant l'année 2020 comme l'année la plus stressante de l'histoire récente.

Au cours de la dernière décennie, le monde arabe a été secoué par des manifestations de masse, l'effondrement de régimes, la corruption, des scandales, des guerres et des migrations massives, perturbant les priorités régionales et les dynamiques internes.

Des Irakiens bloquent une route dans la ville de Nasiriyah, dans le sud du pays, le 11 décembre 2022, pour protester contre la mort d'autres manifestants lors d'affrontements avec les forces de sécurité (Photo, AFP).

Dans le dernier rapport de Gallup sur les émotions dans le monde, le Liban est arrivé en tête de liste en termes de personnes interrogées, 49%, ayant déclaré avoir ressenti de la colère la veille. 

Depuis 2019, le Liban est en proie à la pire crise financière de son histoire, qui l'a dépouillé de 95% de la valeur de sa monnaie et laissé une grande partie de sa population sous le seuil de pauvreté.

Avec son parlement paralysé et incapable d'élire un nouveau président, le pays n'a pas réussi à mettre en œuvre des réformes structurelles essentielles pour lutter contre la corruption institutionnelle et atténuer les souffrances de sa population.

Des militants et des proches de victimes de l'explosion du port de Beyrouth se heurtent à des agents de sécurité lors d'une manifestation le 29 septembre 2021 dans la capitale libanaise (Photo, AFP).

Des millions de Libanais, dont beaucoup sont encore traumatisés par l'explosion du port de Beyrouth d'août 2020, ont choisi de quitter le pays, y compris de nombreux jeunes et travailleurs qualifiés, excédés par les mauvaises conditions de vie et le manque d'opportunités.

L'Irak, qui a dû faire face à une année de paralysie politique à la suite de ses élections législatives d'octobre 2021, est arrivé en quatrième position dans le classement de Gallup sur la colère avec un taux de 46%, tandis que la Jordanie, elle-même en proie à une inflation persistante, est arrivée en sixième position avec 35%.

La Jordanie a connu plusieurs vagues de contestation ces dernières années en raison de l'augmentation du coût de la vie et des taux de chômage, aggravés par la pandémie de Covid-19 et l'inflation.

EN BREF

Le Liban se classe au 1er rang avec 49% des personnes interrogées qui ont déclaré avoir ressenti de la colère la veille. 

L'Irak, qui a dû faire face à une année de paralysie politique à la suite des élections de 2021, arrive en 4e position avec 46%.

La Jordanie, en proie à une inflation galopante et un chômage élevé, arrive en 6e position avec 35%. 

(Gallup Global Emotions Report)

Pour Julie Ray, directrice générale de Gallup World Poll News, il n'est pas surprenant que le Liban figure en tête de la liste de 2021, compte tenu de ses multiples crises.

«Le Liban était en plein effondrement politique et économique. Les gens se démenaient pour se nourrir et sont descendus dans la rue. La situation était si tendue que Gallup a constaté que 63% des adultes libanais, un chiffre record, ont déclaré qu'ils quitteraient le pays s'ils le pouvaient», a déclaré Julie Ray à Arab News.

«Actuellement, la présence d'un certain nombre de pays arabes en tête de la liste des “plus en colère” n'est pas non plus surprenante, étant donné que beaucoup de ces pays figurent sur la liste des pays “les plus négatifs du monde” presque chaque année», a-t-elle affirmé.

«L'Irak en est un exemple. Environ la moitié de la population (ou plus) en Irak s'est sentie en colère la veille, depuis 2010. Une majorité dans le pays a connu un fort taux de stress et d'inquiétude.»

Michael Young, du centre Carnegie Middle East à Beyrouth, affirme qu'il est compréhensible que de nombreux Libanais éprouvent de la colère et de la frustration car «le système ne fonctionne tout simplement pas, à tous les niveaux».

«Les gens ont le sentiment d'être constamment volés», a-t-il confié à Arab News. «Le système est complètement dominé par ces cartels. Si les citoyens ont besoin d'obtenir quelque chose auprès de l'État, l'État, la moitié du temps, ne fonctionne pas.»

«Les Libanais ont donc le sentiment d'être volés au quotidien. Ils paient beaucoup plus que les autres pays, et ils obtiennent des services bien plus médiocres que partout ailleurs dans le monde.»

«Depuis l'effondrement, de nombreux services ont reculé. Les hôpitaux, l'éducation et tout ce qui a trait à l'énergie. Naturellement, cela a créé beaucoup de frustration. Beaucoup de personnes qui appartenaient à la classe moyenne se sont soudainement retrouvées dans la pauvreté.»

«Pour couronner le tout, il y a eu l'explosion au port de Beyrouth en 2020, qui a fait plus de 200 morts et détruit la moitié de Beyrouth. Personne n'a été tenu responsable. Quand vous vivez dans cet environnement, il est tout à fait compréhensible que vous soyez en colère», a-t-il conclu.

Des Libanais bloquent une autoroute lors d'une manifestation à Beyrouth le 29 novembre 2021, alors que le pays traverse une grave crise économique (Photo, AFP).

Face à ces difficultés constantes, de nombreux Libanais se sentent frustrés. Toutefois, selon M. Young, les attentes ont un impact important sur le sentiment d'insatisfaction.

Comparez, par exemple, une nation comme le Liban – un pays à revenu intermédiaire dont les services et la stabilité politique ont subi un déclin soudain depuis 2019 – avec l'Afghanistan, un pays pauvre paralysé par la guerre depuis près d'un demi-siècle.

«Lorsque vous faites face à un pays comme l'Afghanistan, qui a été criblé de conflits sans fin et dont le niveau de vie a chuté depuis les années 1970, les faibles attentes sont compréhensibles», a expliqué M. Young à Arab News.

«Si vos attentes sont élevées et que la réalité est très éloignée de ces attentes, vous serez plus en colère que si vos attentes sont faibles et que ce que vous obtenez en retour est également relativement faible.»

«La question des attentes est l'une des principales sources de frustration des Libanais. Les Libanais étaient habitués à une vie qui s'est soudainement, d'une manière ou d'une autre, effondrée dans des conditions catastrophiques», a-t-il noté.

L'Afghanistan, qui figurait parmi les nations les plus corrompues du monde et qui a vu les talibans revenir au pouvoir en août 2021, se classe au cinquième rang des pays les plus en colère dans le sondage Gallup, avec un taux de 41%.

Les forces de sécurité talibanes débarquent lors d'une manifestation de femmes afghanes contre un attentat suicide qui a fait 20 morts dans une école de Kaboul le 1er octobre 2002 (Photo, AFP).

Au cours des dernières décennies, le taux d'émotions négatives déclarées n'a cessé d'augmenter dans les sondages Gallup. La pandémie de Covid-19 semble avoir accentué cette tendance. Mais, comme le souligne Mme Ray, «chaque pays est différent».

«Le point commun que nous avons tendance à voir dans les pays où les expériences négatives sont élevées est la crise. Ces populations vivent une forme de bouleversement, qu'il soit économique, politique ou social.»

La question qui se pose à partir de ces données est toutefois de savoir si les analystes et les gouvernements peuvent prédire la réaction des populations si leurs griefs ne sont pas pris en compte. Les populations en colère sont-elles plus susceptibles d'élire des leaders populistes, voire de se soulever contre leurs dirigeants? 

«Ces données ne permettent pas de prédire le comportement des gens, mais ce qu'ils ressentent influe certainement sur leur comportement», a déclaré Mme Ray.

«D'autres chercheurs n'appartenant pas à Gallup ont trouvé des liens entre les émotions négatives – comme la colère, l'inquiétude, le stress et la tristesse – et les troubles civils ou les croyances populistes et le vote.»

Les données montrent clairement que les gouvernements ne peuvent pas mesurer le bien-être de leurs sociétés en se basant uniquement sur le produit intérieur brut et les données du marché.

«Ce que les gens ressentent a de l'importance», a souligné Mme Ray. «Les dirigeants devraient être attentifs à ces données, ainsi qu'au PIB et aux autres mesures qu'ils surveillent.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite s’inquiète des pressions de l’EAU sur le CTS et met en garde contre des menaces sécuritaires

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  • L’Arabie saoudite a souligné que toute menace à sa sécurité nationale constitue une « ligne rouge »
  • Riyad a également insisté sur l’importance pour les Émirats arabes unis de répondre à la demande du Yémen de retirer leurs forces militaires dans un délai de 24 heures

Riyad : L’Arabie saoudite a exprimé mardi ses regrets face à ce qu’elle a qualifié de pressions exercées par les Émirats arabes unis sur les forces du Conseil de transition du Sud (CTS) afin de mener des opérations militaires dans les gouvernorats yéménites de Hadramaout et d’Al-Mahra, avertissant que de telles actions constituent une menace directe pour la sécurité nationale du Royaume et la stabilité régionale.

Dans un communiqué, le ministère saoudien des Affaires étrangères a indiqué que ces démarches alléguées étaient incompatibles avec les principes de la Coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu et qu’elles compromettaient les efforts en cours visant à instaurer la sécurité et la stabilité dans le pays.

#Statement | Pursuant to the statement issued by the Ministry of Foreign Affairs on 25/12/2025 corresponding to 5/7/1447 regarding the Kingdom’s concerted efforts, working with the brotherly United Arab Emirates, to end and contain the escalatory steps taken by the Southern… pic.twitter.com/lTyU0gLgpf

— Foreign Ministry 🇸🇦 (@KSAmofaEN) December 30, 2025

Le ministère a fait référence à de précédentes déclarations du Conseil présidentiel de direction du Yémen et du commandement de la coalition concernant le déplacement de navires transportant des armes et des véhicules lourds depuis le port de Fujairah vers Moukalla sans autorisation officielle.

L’Arabie saoudite a affirmé que toute menace à sa sécurité nationale constitue une « ligne rouge », ajoutant qu’elle n’hésiterait pas à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire face à de tels risques et les neutraliser.

Le Royaume a réaffirmé son soutien à la sécurité, à la stabilité et à la souveraineté du Yémen, ainsi que son appui total au Conseil présidentiel yéménite et à son gouvernement. Il a également rappelé que la question du Sud est une cause juste qui ne peut être résolue que par le dialogue, dans le cadre d’une solution politique globale impliquant toutes les parties yéménites, y compris le CTS.

Riyad a en outre souligné l’importance pour les Émirats arabes unis de répondre à la demande du Yémen de retirer leurs forces militaires dans un délai de 24 heures et de cesser tout soutien militaire ou financier à toute faction yéménite.

Le communiqué a appelé à la prévalence de la sagesse afin de préserver l’unité du Golfe, les relations bilatérales et l’objectif commun de stabilité et de développement régionaux.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Survivants traumatisés et «conditions indignes»: récit de la première mission de l'ONU à El-Facher

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  • Tombée aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) en octobre après 500 jours de siège, la ville est "le fantôme d'elle-même"
  • A sa demande, elle s'y est rendue sans escorte armée, avec une poignée de collègues

PORT-SOUDAN: Des survivants traumatisés vivant des "conditions indignes", sans eau ni assainissement: pour la première fois depuis le siège par les paramilitaires d'El-Facher dans l'ouest du Soudan, une équipe de l'ONU a pu se rendre sur place.

Tombée aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) en octobre après 500 jours de siège, la ville est "le fantôme d'elle-même", "une scène de crime", a résumé dans un entretien lundi avec l'AFP la coordinatrice humanitaire Denise Brown, qui n'a été autorisée à passer que "quelques heures" sur place.

A sa demande, elle s'y est rendue sans escorte armée, avec une poignée de collègues.

"De larges parties de la ville sont détruites", raconte Mme Brown: El-Facher est devenue "l'un des épicentres de la souffrance humaine" dans la guerre qui oppose depuis avril 2023 l'armée régulière aux paramilitaires.

Accès "âprement négocié" 

Fin octobre, les FSR se sont emparées du dernier bastion de l'armée au Darfour lors d'une offensive sanglante marquée par des exécutions, pillages et viols.

Depuis, ils ont imposé un black-out sur la ville, l'isolant du monde. A l'exception de vidéos d'exactions publiées par les combattants eux-mêmes, suscitant l'indignation internationale, très peu d'informations ont filtré.

Plus de 107.000 personnes ont fui, selon l'Organisation mondiale pour les migrations (OIM).

Vendredi, l'équipe onusienne a pu pénétrer dans la ville après avoir "négocié âprement", explique la responsable canadienne, chargée pour le Soudan du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha).

Elle décrit des survivants "traumatisés vivant sous bâches plastiques", dans des conditions qu'elle qualifie "d'indignes et dangereuses".

Impossible de donner des chiffres à ce stade sur combien sont restés sur place. "Nous n'avons pas encore assez d'informations", dit-elle, alors que la ville comptait avant la guerre plus d'un million d'habitants.

L'équipe pouvait se déplacer librement vers les sites sélectionnés: l'hôpital saoudien, des abris de déplacés et cinq bureaux abandonnés de l'ONU.

Le complexe hospitalier, l'un des derniers en ville, "tient encore debout" avec du personnel médical sur place, mais il est à court d'antibiotiques et d'équipements, et quasi vide de patients.

"Partie émergée de l'iceberg" 

Privée d'aide humanitaire, El-Facher s'est retrouvée à court de tout pendant les 18 mois de siège.

Pour survivre, les habitants se sont résolus à manger de la nourriture pour animaux. En novembre, l'ONU y a confirmé l'état de famine.

"Un petit marché" subsiste avec de minuscules paquets de riz, des tomates, oignons et patates, quelques biscuits: "les gens n'ont pas les moyens d'acheter davantage", a-t-elle décrypté.

L'équipe "n'a pu voir aucun des détenus, et nous croyons qu'il y en a", a précisé la responsable onusienne.

"Nous n'avons vu que la partie émergée de l'iceberg", a-t-elle admis, "soucieuse" d'éviter les zones jonchées de munitions non explosées et de mines, dans un conflit qui a déjà tué 128 travailleurs humanitaires.

Les analyses d'images satellites et les témoignages recueillis par l'AFP font régulièrement état d'exactions sommaires et de fosses communes dans la ville, mais la responsable a préféré réserver ses observations aux experts des droits humains de l'ONU, qui préparent un rapport sur les atrocités à El-Facher.

La guerre au Soudan a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné 11 millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Trois morts dans des manifestations des alaouites syriens contre le bombardement d'une mosquée

Des membres des forces de sécurité syriennes déployés lors de manifestations de la communauté alaouite à Lattaquié, dimanche. (Reuters)
Des membres des forces de sécurité syriennes déployés lors de manifestations de la communauté alaouite à Lattaquié, dimanche. (Reuters)
 Les alaouites syriens sont descendus dans la rue dimanche dans la ville côtière de Lattaquié pour protester contre l'attentat à la bombe contre une mosquée qui a tué huit personnes à Homs deux jours auparavant. (REUTERS)
Les alaouites syriens sont descendus dans la rue dimanche dans la ville côtière de Lattaquié pour protester contre l'attentat à la bombe contre une mosquée qui a tué huit personnes à Homs deux jours auparavant. (REUTERS)
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  • Des membres du régime de Bashar Assad ont attaqué les forces de sécurité et les civils, rapportent les médias d'État
  • Selon les autorités sanitaires, des dizaines de personnes ont été soignées pour des blessures causées par des coups de feu, des couteaux et des pierres

LATTAKIEH: Trois personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées lors des manifestations des Alaouites de Syrie dans la ville côtière de Lattaquié dimanche.

Les responsables de la sécurité ont déclaré que les restes du régime de Bashar Assad ont attaqué les forces de sécurité et les civils lors des manifestations, a rapporté l'agence de presse nationale syrienne SANA.

Les autorités sanitaires régionales ont déclaré que 60 personnes avaient été blessées et que les hôpitaux traitaient les victimes pour des blessures causées par des coups de feu, des couteaux et des pierres.

Deux ambulances ont été attaquées alors qu'elles intervenaient sur les lieux des incidents.

Le colonel Abdulaziz Al-Ahmad, chef de la sécurité intérieure à Lattaquié, a déclaré que des "éléments liés aux vestiges du régime déchu" participant aux manifestations ont attaqué le personnel de la sécurité intérieure, faisant plusieurs blessés et endommageant des véhicules.

Les manifestations ont eu lieu en réponse à l'attentat à la bombe contre une mosquée qui a tué huit personnes dans un quartier alaouite de la ville de Homs deux jours auparavant.

M. Assad a été chassé du pouvoir il y a un an, après qu'une offensive des forces d'opposition a mis fin à la guerre civile qui a décimé le pays.

Le nouveau président, Ahmad Al-Sharaa, s'efforce de stabiliser le pays, mais il y a eu des flambées de violence sectaire.

Les représentants du gouvernement affirment que les groupes restés fidèles au régime d'Assad, qui était dominé par la minorité alaouite, ont tenté d'inciter à la violence en utilisant les manifestations civiles comme couverture pour cibler le personnel de sécurité et endommager les biens publics.

Le colonel Al-Ahmad a déclaré que des individus armés et masqués affiliés à des groupes connus sous le nom de "Saraya Deraa Al-Sahel" et "Saraya Al-Jawad" étaient présents lors des manifestations de dimanche. Ces groupes ont déjà perpétré des assassinats ciblés et posé des explosifs le long d'axes routiers importants.

Des milliers de personnes ont participé aux manifestations de dimanche organisées par une autorité religieuse en réponse à l'attaque de la mosquée, a rapporté l'AFP.

Les forces syriennes ont ensuite été déployées pour disperser les partisans du gouvernement, selon un correspondant de l'AFP.

Les manifestations de dimanche ont été organisées à l'appel du chef spirituel alaouite Ghazal Ghazal, qui a exhorté samedi la population à "montrer au monde que la communauté alaouite ne peut être humiliée ou marginalisée" après l'attentat à la bombe de Homs.

L'attentat de vendredi a été revendiqué par un groupe extrémiste connu sous le nom de Saraya Ansar Al-Sunna.

Il s'agit de la dernière attaque en date contre cette minorité religieuse, qui est la cible de violences depuis la chute, en décembre 2024, de M. Assad, lui-même alaouite.