BAGDAD: Le ministre de la Justice en Irak a été convoqué par un tribunal pour obstruction dans une enquête sur une affaire de corruption après avoir refusé de remettre des documents, a annoncé mercredi l'Autorité anti-corruption dans un communiqué.
L'instance gouvernementale a ouvert début décembre une enquête après des "informations" faisant état de "soupçons de corruption" concernant les repas servis en prison, avec "une nourriture de mauvaise qualité" et des quantités insuffisantes livrées malgré les paiements effectués, selon des communiqués officiels.
Dans le cadre de cette affaire, le ministre de la Justice Khaled Chouani et un haut responsable de son ministère font l'objet d'une convocation par un tribunal spécialisé dans les faits de corruption "pour avoir refusé de fournir des documents" réclamés par l'Autorité anti-corruption, a annoncé cet organe.
Le chef de l'Autorité, le juge Haider Hanoun, avait accusé mardi le ministre d'"user de son pouvoir pour entraver le travail" des enquêteurs, assurant que les documents en question "incriminaient des suspects".
Le même jour, à l'issue d'une inspection pénitentiaire, M. Chouani avait reconnu des problèmes dans la fourniture des repas et rappelé qu'il avait formé un comité pour "surveiller ces distributions et prévenir tout soupçon de corruption dans l'achat et la distribution" des denrées alimentaires.
Il a assuré vouloir "protéger les détenus de toute extorsion", en interdisant la vente aux prisonniers de denrées qu'ils sont censés obtenir gratuitement.
Il a évoqué des rapports accusant "les entreprises chargées d'approvisionner les prisons de ne pas livrer toute" la nourriture prévue, malgré le règlement des factures.
La corruption qui gangrène l'Irak s'est infiltrée dans toutes les institutions étatiques. Si les condamnations existent, elles visent souvent les échelons intermédiaires de l'Etat ou de simples exécutants, rarement le sommet de la pyramide.
Le gouvernement de Mohamed Chia al-Soudani martèle régulièrement que la lutte contre la corruption et la protection de l'argent public sont ses priorités, multipliant pour cela les annonces et les initiatives.
Le pays a été secoué ces derniers mois par un énième scandale de corruption, avec le vol de 2,5 milliards de dollars détournés d'un compte bancaire du fisc.
"La corruption, omniprésente et systémique, est un des plus grands défis auxquels l'Irak est confronté", fustigeait début décembre l'émissaire de l'ONU en Irak, Jeanine Hennis-Plasschaert.
Le fléau "décourage les investisseurs internationaux et prive l'Etat des ressources nécessaires pour offrir à la population de meilleures écoles, hôpitaux, des routes, et d'autres services publics innombrables".