Le scandale du Mediator de retour lundi devant la justice

Photo prise le 19 janvier 2011 à Brest d'une plaquette de Mediator. (AFP)
Photo prise le 19 janvier 2011 à Brest d'une plaquette de Mediator. (AFP)
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Publié le Samedi 07 janvier 2023

Le scandale du Mediator de retour lundi devant la justice

  • La plupart espèrent être indemnisées pour le préjudice d'anxiété liée à la «tromperie aggravée» pour laquelle est jugé le laboratoire. Seuls une centaine de dossiers visent une réparation pour «homicides et blessures involontaires»
  • Ce procès en appel s'étalera jusqu'à fin juin, avec deux journées et demi d'audience par semaine, dans la salle "grands procès" du Palais de justice de Paris

PARIS: Le procès en appel du scandale sanitaire du Mediator, tenu pour responsable de centaines de décès, s'ouvrira lundi à Paris, deux ans après la condamnation des laboratoires Servier à 2,7 millions d'euros d'amende pour "tromperie aggravée".

"On repart quasiment à zéro", avertit Jean-Christophe Coubris, avocat d'environ 2.500 parties civiles, qui espère "avoir confirmation de la condamnation" de première instance et "obtenir a minima une indemnisation à la même hauteur" des victimes, dont beaucoup voient leur état de santé se dégrader.

En mars 2021, à l'issue d'un procès-fleuve de plus de neuf mois interrompu plusieurs semaines pour cause de pandémie de Covid, les laboratoires Servier et leur ancien numéro 2, Jean-Philippe Seta, avaient été reconnus coupables de "tromperie aggravée" et d'"homicides et blessures involontaires".

Le tribunal correctionnel de Paris avait notamment estimé qu'ils "disposaient à partir de 1995, de suffisamment d'éléments pour prendre conscience des risques mortels" liés au Mediator.

Le deuxième laboratoire français avait en revanche été relaxé des délits d'"obtention indue d'autorisation de mise sur le marché" et "d'escroquerie", au préjudice notamment de la Sécurité sociale, ce qui a conduit le parquet de Paris et des parties civiles à faire appel.

Dans leur sillage, le groupe pharmaceutique avait lui aussi formé un appel contre le jugement.

«Effets gravissimes»

Condamnée à 303.000 euros d'amende pour avoir tardé à suspendre la commercialisation du Mediator malgré sa toxicité, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM, ex-Afssaps) n'a pas fait appel.

Mis sur le marché en 1976 pour le traitement du diabète mais largement détourné comme coupe-faim, le Mediator est accusé d'avoir provoqué de graves lésions cardiaques et de nombreux décès. La commercialisation de ce médicament, prescrit à environ 5 millions de personnes, avait été suspendue fin 2009.

"Les laboratoires Servier et M. Seta contestent toujours avoir délibérément trompé les patients et les médecins prescripteurs sur la dangerosité" du Mediator, indique à l'AFP François De Castro, l'un de leurs avocats.

"Ces arguments, qui ont été écartés par le tribunal en première instance, restent aujourd'hui la ligne de défense des laboratoires, ce qui questionne la façon dont ils ont reçu le jugement et en ont tiré les enseignements", estime Charles Joseph-Oudin, avocat d'environ 1.200 parties civiles.

"Au premier jour de la mise sur le marché de ce médicament, ils avaient la parfaite connaissance des effets secondaires gravissimes" qu'il pouvait entraîner, juge Me Coubris.

Joint par l'AFP, le laboratoire "fait le choix de ne pas communiquer avant l'ouverture" du procès en appel, pour "laisser la justice effectuer son travail en toute sérénité".

Ce procès en appel s'étalera jusqu'à fin juin, avec deux journées et demi d'audience par semaine, dans la salle "grands procès" du Palais de justice de Paris, qui a accueilli ceux des attentats du 13-Novembre puis de Nice.

Les grandes dates du scandale du Mediator

Voici les grandes dates du scandale du Mediator, médicament des laboratoires Servier à l'origine de graves lésions cardiaques, alors que démarre lundi le procès en appel:

Tardive interdiction 

Le Mediator, nom commercial du benfluorex, une substance chimique proche de l'amphétamine, est mis sur le marché en 1976. A l'origine destiné aux diabétiques en surpoids, ce médicament est surtout prescrit comme coupe-faim.

En 1999, un premier cas de "valvulopathie", un dysfonctionnement des valves cardiaques, est décelé chez une personne prenant du Mediator.

Le médicament est retiré du marché en Espagne et en Italie en 2003-2004.

En France, l'Agence de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps, devenue ANSM) recommande de ne plus le prescrire comme coupe-faim en 2007.

La même année, le Dr Irène Frachon, pneumologue à Brest, entame des recherches sur les dangereux effets cardiaques du médicament. Elle relatera en 2010 son enquête "médico-policière" dans le livre "Mediator 150 mg, combien de morts ?".

Le 30 novembre 2009, le Mediator est retiré du marché français.

Un an plus tard, l'Afssaps évalue à plus de 500 le nombre de décès dus au médicament. Une autre estimation évoque entre 1.000 et 2.000 morts.

En janvier 2011, l'Inspection générale des affaires sociales estime que le retrait du Mediator aurait dû intervenir dès 1999.

Batailles de procédure 

Le 18 février 2011 sont ouvertes à Paris des informations judiciaires pour "tromperie aggravée, prise illégale d'intérêt" et "homicides et blessures involontaires", ensuite élargies des faits d'"escroquerie".

Le fondateur Jacques Servier et cinq sociétés de son groupe sont mis en examen en septembre pour "tromperie et escroquerie". M. Servier le sera également pour "homicides et blessures involontaires" en décembre 2012.

Au printemps 2012, le premier procès pénal de Jacques Servier et de son laboratoire, à Nanterre, est reporté pour une question de procédure.

En mars 2013, l'ANSM est mise en examen pour "homicides et blessures involontaires", soupçonnée d'avoir négligé les alertes sur la dangerosité du médicament.

Jacques Servier meurt le 16 avril 2014, à 92 ans.

Premières décisions de justice 

Le 31 juillet 2015, la cour administrative d'appel de Paris confirme la responsabilité de l'Etat envers une victime.

En octobre, le tribunal de Nanterre reconnaît, pour la première fois, la responsabilité civile des laboratoires Servier, qui ne pouvaient "ignorer les risques".

Le Conseil d'Etat estime fin 2016 que la faute de l'Etat commence à la mi-1999 mais qu'il n'a pas à indemniser les victimes car les fautes de Servier l'exonèrent.

Les laboratoires Servier et l'Agence du médicament sont renvoyés devant le tribunal correctionnel de Paris dans le volet principal de l'affaire en septembre 2017.

Le même mois, la Cour de cassation juge les laboratoires Servier responsables civilement pour avoir maintenu la commercialisation du médicament qui "présentait un défaut" d'information sur ses risques.

Le 10 octobre, l'Etat est condamné pour la première fois à indemniser une plaignante (à hauteur de 22.885 euros) par le tribunal administratif de Paris.

Procès 

Le 23 septembre 2019, le procès s'ouvre devant le tribunal correctionnel de Paris avec des milliers de parties civiles et 350 avocats.

Le groupe Servier est condamné, le 29 mars 2021, à une amende 2,718 millions d'euros pour "tromperie aggravée" et "homicides et blessures involontaires", mais relaxé des délits d'"obtention indue d'autorisation de mise sur le marché" et "d'escroquerie".

Ces relaxes conduisent le parquet de Paris et des parties civiles à faire appel. Le laboratoire pharmaceutique fait lui aussi appel.

En revanche l'ANSM, condamnée à 303.000 euros d'amende pour avoir "gravement failli dans sa mission de police sanitaire", renonce à faire appel.

«Exceptionnellement limpide»

De nombreux témoins ont de nouveau été cités à comparaître: une centaine au total, dont soixante à la demande de Servier.

La pneumologue Irène Frachon, qui avait révélé au grand public l'ampleur du scandale sanitaire, reviendra elle aussi à la barre, même si elle confie à l'AFP avoir "perdu confiance dans la capacité de la justice à condamner ce type d'infractions à la hauteur de la gravité des délits commis".

"La montagne a accouché d'une souris" en première instance, estime-t-elle en regrettant "la modicité des peines", en deçà des réquisitions du parquet.

Le jugement du tribunal fut une occasion manquée de "donner un signal fort" aux industriels du médicament qui ne respecteraient pas les règles, regrette la médecin de l'hôpital de Brest-Carhaix (Finistère).

D'autant que, contrairement à de nombreux autres dossiers de santé publique, "l'affaire du Mediator est exceptionnellement limpide", avec de nombreux documents établissant les responsabilités, fait valoir le Dr Frachon, qui a publié le 4 janvier une bande-dessinée retraçant le scandale ("Mediator, un crime chimiquement pur", éditions Delcourt).

Le dossier comporte "plus de 7.500 parties civiles" et une webradio sera mise à leur disposition pour suivre le procès, selon le parquet général.

La plupart espèrent être indemnisées pour le préjudice d'anxiété liée à la "tromperie aggravée" pour laquelle est jugé le laboratoire. Seuls une centaine de dossiers visent une réparation pour "homicides et blessures involontaires".

Benfluorex, norfenfluramine, valvulopathie: lexique de l'affaire du Mediator

Le Mediator, commercialisé pendant trente-trois ans par les laboratoires Servier comme un antidiabétique mais largement prescrit comme coupe-faim, est au cœur d'un des plus importants scandales sanitaires français et d'un deuxième procès de plusieurs mois à Paris.

La cour d'appel, qui rejuge jusqu'à fin juin le groupe privé notamment pour "tromperie aggravée", doit se plonger à nouveau dans l'historique de la découverte du principe actif de ce médicament, le benfluorex, accusé d'être à l'origine de maladies du cœur et du poumon.

Voici un lexique des termes techniques les plus utilisés dans cette affaire:

Anorexigènes

Destinés à diminuer l'appétit en réduisant la sensation de faim, ces médicaments ont été conçus pour le traitement de l'obésité, puis fréquemment prescrits pour des cures d'amaigrissement.

La plupart sont des dérivés de l'amphétamine et ont été retirés du marché à la fin des années 90 en raison d'un bénéfice thérapeutique jugé insuffisant et des effets indésirables potentiellement létaux.

Benfluorex

Substance active du Mediator, qui a une structure chimique dérivée de la phényléthylamine, elle-même proche de l'amphétamine dont elle découle.

Servier obtient en 1974 une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le traitement de troubles du métabolisme des lipides et des glucides et lance sur le marché deux ans plus tard le benfluorex, sous le nom "Mediator".

Les laboratoires Servier ont toujours présenté leur molécule comme "originale", dénuée d'actions anorexigènes et amphétaminiques.

En 1995, le benfluorex est interdit dans les préparations magistrales en pharmacie par la Direction générale de la santé (DGS) qui le considère comme un anorexigène, et est placé la même année sous surveillance en raison de sa parenté structurale chimique avec les fenfluramines, des anorexigènes.

Le Mediator reste disponible à la vente en comprimés jusqu'au 30 novembre 2009.

Fenfluramines

Famille de molécules commercialisées par les laboratoires Servier comme anorexigènes sous le nom de Ponderal (depuis 1963) et d'Isoméride (1985).

Les anorexigènes fenfluraminiques et amphétaminiques sont progressivement mis à l'écart après le recensement de nombreux cas d'hypertension artérielle pulmonaire, une grave maladie. Servier retire ses deux "coupe-faim" du marché en 1997 "par extrême précaution".

Norfenfluramine

Cette substance toxique pour le cœur et les poumons était présente dans l'Isoméride, ce qui avait justifié en partie son retrait du marché. Elle entre également dans la composition du benfluorex. Mais le groupe Servier a toujours présenté la quantité de norfenfluramine libérée après la prise de Mediator comme négligeable.

Effet indésirable

Réaction nocive et non voulue à un médicament ou à un produit de santé. Les médecins ont l'obligation de déclarer immédiatement tout effet indésirable suspecté d'être dû à un médicament dont ils ont connaissance, au centre régional de pharmacovigilance dont ils dépendent.

HTAP ou hypertension artérielle pulmonaire

C'est une pathologie rare et grave, qui perturbe la circulation du sang à l'intérieur des poumons. Elle se traduit notamment par un essoufflement anormal à l'effort, une fatigue intense inexpliquée et des douleurs à la poitrine.

Son évolution varie d'un patient à l'autre mais cette maladie conduit plus ou moins rapidement à une insuffisance ventriculaire droite, avec un décès qui peut survenir en quelques mois ou après plusieurs années, les possibilités curatives en dehors d'une greffe étant très limitées.

Valvulopathie

Cette maladie survient quand une ou plusieurs valvules cardiaques ne fonctionnent pas correctement.

Ce sont principalement les valves aortiques et mitrales qui sont atteintes. Les conséquences peuvent être très sérieuses et conduire à une insuffisance cardiaque voire au décès. Certains malades ont dû recourir à une chirurgie de remplacement de la valve.

Un premier cas de valvulopathie d'une personne sous Mediator seul est signalé en France en 1999, tout comme le premier cas d'HTAP.


La manifestation de soutien à Le Pen "n'est pas un coup de force", dit Bardella

La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
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  • « Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française.
  • « Cela nous semblait nécessaire que nous puissions nous exprimer directement aux Français.

STRASBOURG : La manifestation de soutien à Marine Le Pen prévue dimanche à Paris « n'est pas un coup de force », mais une mobilisation « pour la démocratie », a assuré mercredi Jordan Bardella, président du Rassemblement national, à des journalistes au Parlement européen à Strasbourg.

« Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française. C'est une mobilisation en réalité, non pas contre, mais pour la démocratie française », a déclaré l'eurodéputé au sujet de ce rassemblement annoncé par le RN après la condamnation de la triple candidate à la présidentielle à une peine d'inéligibilité immédiate.

« Cela nous semblait nécessaire (...) que nous puissions nous exprimer directement aux Français par l'intermédiaire de ces discours qui seront prononcés dimanche avec l'ensemble de nos cadres, de nos parlementaires et de nos militants », a-t-il ajouté.

Cette condamnation, que le RN qualifie de « scandale démocratique », compromet grandement ses chances de concourir une quatrième fois à la fonction suprême en 2027.

Pour Jordan Bardella, cela ne change « absolument rien » à sa relation avec Marine Le Pen, « si ce n'est qu'elle est peut-être encore plus forte qu'elle ne l'a été par le passé ».

« Je suis à ses côtés, je vais continuer à l'être (...) Nous allons évidemment mener le combat », a assuré l'eurodéputé qui faisait son retour au Parlement européen après avoir manqué les deux premiers jours de la session.

Il a qualifié de « bonne nouvelle » l'annonce de la justice qu'une décision en appel devrait être rendue « à l'été 2026 », donc bien avant la présidentielle.


Condamnation de Marine Le Pen: Macron rappelle au gouvernement l'indépendance de la justice

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés
  • Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours ».

PARIS : Mercredi en Conseil des ministres, le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés, après la condamnation de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen qui a suscité des attaques contre les juges, ont rapporté des participants.

Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours », selon ces sources. La justice a déjà fait savoir qu'un nouveau procès en appel pourrait se tenir dans des délais qui laissent une porte ouverte à une éventuelle candidature présidentielle en 2027 de la leader du Rassemblement national (RN), principale formation d'extrême droite française. 

Devant la presse, à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a rapporté mercredi les propos du chef de l'État.

« La première chose qu'il a rappelée, a poursuivi Mme Primas, est que la justice est évidemment indépendante et prend ses décisions en toute indépendance, et qu'il faut donc la respecter comme l'un des piliers de notre démocratie. La première, a-t-elle dit, est que la justice est indépendante et qu'elle prend ses décisions en toute indépendance et qu'il faut donc la respecter comme un pilier de notre démocratie.

« La troisième chose, pour rappeler que les menaces qui sont faites à l'encontre des magistrats sont absolument insupportables et intolérables, puisque nous sommes encore une fois dans une démocratie. Et la justice est tout à fait indépendante et doit être respectée », a-t-elle ajouté.

« Et la troisième chose, pour rappeler que chacun a le droit à une justice équivalente et que le droit est le même pour tous. »


Bac: l'épreuve de maths en première se précise pour l'an prochain

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
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  • Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté
  • L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première,

PARIS : Le projet d'épreuve de mathématiques en classe de première pour l'an prochain, qui vise à mettre en œuvre le « choc des savoirs » annoncé par l'ex-ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, a été présenté mardi devant une instance consultative de l'Éducation nationale, étape-clé avant sa publication.

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté instaurant cette « épreuve terminale de culture mathématique aux baccalauréats général et technologique ».

Ils ont recueilli 0 voix pour, 27 contre, 31 abstentions et 4 refus de prendre part au vote (l'administration ne votant pas dans cette instance), un vote indicatif qui n'empêche pas la mise en œuvre de la réforme, selon des sources syndicales.

Cette épreuve écrite d'une durée de deux heures, qui entrera en vigueur au printemps 2026, sera « affectée d'un coefficient 2 » (points pris sur l’épreuve du Grand oral en terminale), selon ces textes, consultés par l'AFP.

L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première, un projet confirmé en novembre 2024 par sa successeure, Anne Genetet.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), qualifie auprès de l'AFP la mesure de « rafistolage supplémentaire du bac Blanquer », décidé en 2019 par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer.

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE Unsa, la nouvelle épreuve « alourdit la fin de l'année pour les élèves et les correcteurs ».

La première partie, qui est commune à tous les élèves, sera sous forme de QCM et pourrait être corrigée automatiquement, ce à quoi « de nombreuses organisations syndicales sont opposées », a-t-il ajouté, tandis que la deuxième partie devrait consister en des résolutions de problèmes.

Des projets de textes ont par ailleurs été votés au CSE relatif à « la mise en place du +parcours renforcé+ en classe de seconde générale et technologique » ou professionnelle à partir de la rentrée 2026, avec trois votes pour, 45 contre et 13 abstentions.

Mis en place par la ministre Élisabeth Borne, ce parcours est destiné aux élèves n’ayant pas obtenu le diplôme du brevet. Son organisation relèvera « de l’autonomie de l’établissement sur la base indicative de deux heures hebdomadaires sur tout ou partie de l’année », selon le projet d'arrêté.

Sophie Vénétitay déplore « une coquille vide » tandis que Tristan Brams (CFDT Éducation) regrette l'absence de « moyens supplémentaires ».