PARIS: Le procès de deux hommes radicalisés accusés d'un projet d'attentat "imminent", déjoué avec leur interpellation à Marseille cinq jours avant le premier tour de l'élection présidentielle française de 2017, s'est ouvert jeudi devant la cour d'assises spéciale de Paris.
Près de six ans après le coup de filet, Clément Baur et Mahiedine Merabet sont jugés pendant quatre semaines pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, aux côtés de dix hommes soupçonnés de les avoir aidés à se procurer des armes, dont huit comparaissent libres sous contrôle judiciaire.
L'un des accusés, un Tchétchène de 30 ans, ne s'est pas présenté à l'audience.
Debout dans le box, Clément Baur, 29 ans, qui vivait sous différents alias et se faisait notamment passer pour un réfugié tchétchène, a décliné son identité d'un maigre filet de voix, l'air désabusé, avant de se rasseoir, tête baissée.
Mahiedine Merabet, un délinquant multirécidiviste de 35 ans, chemise blanche, fines lunettes et barbe taillée, est assis à l'extrême opposé du box.
Les deux hommes s'étaient connus en 2015 à la maison d'arrêt de Lille-Sequedin, dans le nord de la France, où ils ont partagé quelques semaines la même cellule pour des faits de droit commun.
Soupçonnés d'une attaque "imminente", ils avaient été identifiés par les enquêteurs après une cyberinfiltration et une vaste surveillance téléphonique.
C'est notamment la recherche début avril 2017 par Mahiedine Merabet d'un contact pour transmettre à l'Etat islamique (EI) une vidéo de revendication qui avait alerté les services antiterroristes.
Puis le 12 avril, un agent cyberinfiltré était destinataire d'une vidéo montrant des dizaines de munitions disposées sur une table de manière à écrire "la loi du talion", au côté d'un fusil mitrailleur, d'un drapeau de l'EI et la une du journal Le Monde du 16 mars 2017 avec une photo du candidat François Fillon, suivie d'un montage d'enfants victimes de bombardements en Syrie.
Le 18 avril 2017, Mahiedine Merabet et Clément Baur avaient été interpellés près de l'appartement qu'ils louaient à Marseille (sud). La perquisition avait permis de saisir un arsenal important: le fusil mitrailleur de type Uzi, trois pistolets de calibre 7,65 mm, des centaines de munitions et un sac de boulons.
Les enquêteurs avaient aussi découvert plus de 3,5 kg de TATP, un explosif instable prisé des djihadistes, dont une partie était prête à l'emploi.
Au terme de quatre ans d'enquête, la cible du duo n'a pu être déterminée avec certitude.
L'exploitation d'un téléphone avait identifié des recherches tous azimuts quelques jours avant le coup de filet, dont des clubs libertins, des bars, un restaurant casher et un meeting dela candidate d'extrême droite Marine Le Pen à Marseille, prévu le 19 avril 2017.
Le verdict est attendu le 3 février.