Le ministre turc des AE à Washington, Ankara intensifie ses efforts diplomatiques

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue suédois à Ankara, le 22 décembre 2022 (Photo, AFP).
Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue suédois à Ankara, le 22 décembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 06 janvier 2023

Le ministre turc des AE à Washington, Ankara intensifie ses efforts diplomatiques

  • La visite de Mevlut Cavusoglu ce mois-ci ne devrait pas déboucher sur une avancée majeure dans les relations entre Washington et Ankara, selon les experts
  • La plupart des questions non urgentes seront probablement mises en attente jusqu'après les élections turques prévues en juin

ANKARA: Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a annoncé qu'il se rendrait aux États-Unis ce mois-ci, alors qu'Ankara entame la nouvelle année par une offensive diplomatique à Washington.

Il arrivera le 17 janvier et, entre autres engagements, rencontrera le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, le jour suivant. Il pourrait également se rendre à Houston pour y inaugurer le nouveau consulat de Turquie.

Il s'agira de la première visite officielle aux États-Unis d'un haut membre du gouvernement turc depuis l'entrée en fonction du président, Joe Biden, il y a deux ans.

Le département américain du Trésor, quant à lui, a révélé qu'il menait une action conjointe avec la Turquie contre un réseau qui, selon lui, jouait un rôle clé dans la gestion, le transfert et la distribution d'argent pour Daech en Irak et en Syrie.

Le ministère turc des Affaires étrangères a déclaré sur Twitter que les actifs de sept personnes physiques ou morales impliquées dans le financement du groupe étaient gelés.

Le département du Trésor américain a indiqué que quatre personnes et deux entités en Turquie étaient visées par des sanctions américaines.

Les discussions diplomatiques de Cavusoglu avec les responsables américains au cours de cette visite devraient porter sur plusieurs questions épineuses touchant aux relations entre les deux pays, notamment le rapprochement en cours de son pays avec le régime d'Assad en Syrie et la saga concernant la tentative d'achat de 40 avions de combat F-16 par la Turquie, qui dure depuis octobre 2021.

Selon Rich Outzen, chargé de mission au Conseil atlantique, la coopération sur l'Ukraine et la Libye, ainsi que les moyens de réduire les tensions en Syrie et en Méditerranée, seront également à l'ordre du jour des réunions de niveau ministériel.

«Les Balkans seront également couverts, parce qu’Ankara est très préoccupée par le récent regain de tension entre la Serbie et le Kosovo», a-t-il déclaré à Arab News.

«Il sera très intéressant de voir si Cavusoglu tiendra des réunions en dehors du département d'État pendant son séjour à Washington, par exemple avec des membres du Congrès, qui pourraient indiquer des efforts supplémentaires sur l'accord concernant les F16», a ajouté Outzen.

Les efforts déployés par la Turquie pour surmonter les obstacles du Congrès qui bloquent son achat d'avions de combat et de kits de mise à niveau des équipements pour ses avions existants devraient faire partie des discussions. Le sénateur démocrate et président de la Commission des affaires étrangères du Sénat Robert Menendez continue de s'opposer à l'accord. Les ventes d'armes aux pays étrangers sont soumises à l'approbation du Congrès.

 «Je le répète. Je n'approuverai pas de F-16 pour la Turquie tant qu'Erdogan n'aura pas mis fin à ses abus dans la région», a-t-il martelé sur Twitter le mois dernier. En cause, les tensions entre la Turquie et la Grèce concernant l'espace aérien et la militarisation des îles de la mer Égée, ainsi qu'aux objections turques au partenariat des États-Unis avec les Kurdes syriens.

En 2019, la Turquie a été retirée d'un consortium formé pour fabriquer des avions de combat F-35 de nouvelle génération. En décembre de l'année suivante, le Congrès a restreint les ventes militaires à la Turquie en vertu de la loi Countering America's Adversaries Through Sanctions Act (Loi sur la lutte contre les adversaires de l'Amérique par le biais de sanctions), en réponse à l'achat de systèmes de missiles russes S-400 par Ankara. Environ 1,4 milliard de dollars (1 dollar = 0,95 euro) versés par la Turquie pour acquérir des F-35 n'ont pas été remboursés jusqu’à présent.

Pour Cavusoglu, qui a rencontré des groupes d'opposition syriens à Ankara mardi, les États-Unis s'opposent aux récents efforts de réconciliation de la Turquie avec le régime syrien. Il a exhorté Washington et Moscou à respecter leurs engagements en matière de lutte contre le terrorisme en Syrie, dans une allusion voilée à l'alliance des États-Unis avec la milice kurde syrienne YPG. La Turquie considère les Unités de protection du peuple (YPG) comme la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan, ou PKK, à laquelle Ankara s’oppose farouchement.

La semaine dernière, le service turc du réseau radiophonique américain Voice of America a cité un porte-parole du département d'État américain qui aurait déclaré que les États-Unis ne soutiennent pas les pays qui «améliorent leurs relations pour réhabiliter le dictateur» Bachar al-Assad, le président syrien.

Malgré l'opposition de Washington à toute démarche visant à légitimer le régime Assad, ce qui donnerait un poids diplomatique supplémentaire à la Russie, alliée du régime, une réunion entre les ministres des Affaires étrangères syrien et turc est attendue dans la deuxième moitié de janvier pour discuter d'une éventuelle rencontre entre les présidents des deux pays pour la première fois depuis le début de la guerre en Syrie en 2011.

Jeudi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé que les présidents turcs, russes et syriens se rencontreraient après la réunion des ministres des Affaires étrangères pour discuter des efforts de paix en Syrie.

Du point de vue des États-Unis, la Russie pourrait s'engager dans les pourparlers entre la Turquie et la Syrie en approuvant une offensive militaire turque contre les YPG en échange de la poursuite des pourparlers avec le régime syrien, ce qui détournerait les Kurdes syriens de leur lutte contre Daech.

Les experts ne prévoient pourtant pas de percée majeure dans les relations entre Washington et Ankara lors de la rencontre entre Cavusoglu et Blinken, compte tenu des prochaines élections présidentielles et parlementaires turques en juin.

«Ce serait une grande surprise», a déclaré Outzen. «Washington semble satisfait de prévenir les crises à l'approche des élections turques de cette année et ne veut pas qu'une rupture ou une percée devienne une intrigue dans la compétition politique intérieure de la Turquie.»

Il sera donc possible de progresser dans les mois qui suivront l'élection, quel que soit le camp vainqueur, a-t-il ajouté.

«Mais les problèmes sont assez enracinés, donc des progrès pourraient être réalisés (pendant la visite de Cavusoglu) – mais je ne m'attends pas à une grande percée», a avisé Outzen.

Ozgur Unluhisarcikli, directeur du bureau d'Ankara du Fonds Marshall allemand des États-Unis, est d'accord avec cette analyse.

«Je crois que nous ne devons pas attendre de cette visite des percées majeures dans les relations américano-turques», a-t-il expliqué à Arab News.

«En Turquie, des élections présidentielles et parlementaires auront lieu dans quelques mois et l'administration Biden accorde une attention particulière afin d’éviter d'être dépeinte comme prenant parti dans le processus politique turc.»

Unluhisarcikli a signalé que les États Unis seront heureux de reporter les questions qui ne sont pas considérées comme particulièrement importantes ou urgentes à après les élections turques.

«Je pense que l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Otan et la demande de la Turquie d'acheter de nouveaux avions F-16, ainsi que des kits de modernisation pour sa flotte de F-16 existante, seraient les points centraux de la réunion Blinken-Cavusoglu, car ce sont deux questions importantes, la dernière étant également urgente», a-t-il estimé.

Bien que Washington refuse d’associer les deux questions, a déclaré Unluhisarcikli, elles sont pratiquement liées car une évolution positive de l'une donnerait stimulerait l'autre.

Cavusoglu et Blinken se sont récemment entretenus par téléphone et ce dernier a exprimé son inquiétude quant à la situation en Syrie, selon le Département d'État américain.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.
 


L'Arabie saoudite et la France renforcent leur partenariat stratégique dans le domaine de la santé

Le ministre saoudien de la santé, Fahd ben Abdulrahman Al-Jalajel, a rencontré vendredi à Paris des responsables français de la santé afin de réaffirmer et d'approfondir la coopération entre les deux pays dans le domaine de la santé. (SPA)
Le ministre saoudien de la santé, Fahd ben Abdulrahman Al-Jalajel, a rencontré vendredi à Paris des responsables français de la santé afin de réaffirmer et d'approfondir la coopération entre les deux pays dans le domaine de la santé. (SPA)
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  • Fahd ben Abdulrahmane Al-Jalajel en visite en France

PARIS : Le ministre saoudien de la Santé, Fahd ben Abdulrahmane Al-Jalajel, a rencontré vendredi à Paris des responsables français dans le domaine de la santé pour réaffirmer et approfondir la coopération entre les deux pays dans ce secteur, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

Les entretiens entre M. Al-Jalajel, Catherine Vautrin et Yannick Nodder ont porté sur la construction d'un partenariat stratégique mettant l'accent sur la politique de santé publique, le développement des systèmes de santé, la prévention des maladies et la réponse aux situations d'urgence, selon l’agence.

Les deux parties ont fait l'éloge des réformes ambitieuses du secteur de la santé de l'Arabie saoudite dans le cadre de Vision 2030, notamment en matière de santé numérique, de biotechnologie et d'innovation.

Les ministres se sont félicités de la quasi-finalisation d'un accord majeur visant à formaliser la collaboration en matière de soins de santé et ont assisté à la signature de plusieurs protocoles d'accord entre l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris et l'Autorité saoudienne du Croissant-Rouge.

Ces accords visent à stimuler la recherche scientifique, l'innovation et les services d'urgence préhospitaliers.

Ils se sont également engagés à renforcer la coopération sur les questions de santé mondiale, notamment la résistance aux antimicrobiens, et ont souligné l'importance de collaborer avec des institutions internationales telles que l'Académie de l'Organisation mondiale de la santé et le Centre international de recherche sur le cancer.

Au cours de sa visite, M. Al-Jalajel a également rencontré des responsables français de haut niveau, notamment Clara Chappaz, ministre de l'Intelligence artificielle et du Numérique, et Laurent Saint-Martin, ministre du Commerce extérieur et de la diaspora française.

Il a également assisté au forum du Conseil d'affaires franco-saoudien, au cours duquel des accords stratégiques ont été signés dans les domaines de la santé numérique, de l'oncologie, de la médecine d'urgence et de la biotechnologie, à l'appui des objectifs de la Vision 2030.

Les deux pays se sont engagés à maintenir un dialogue régulier et à activer des canaux d'action conjoints pour assurer la mise en œuvre efficace de leur partenariat en matière de santé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Tunisie: entre 13 et 66 ans de prison pour des opposants jugés pour "complot"

Dalila Ben Mbarek (C), avocate et membre du comité de défense des détenus accusés de « complot contre la sécurité de l'État », brandit le signe de la victoire devant le palais de justice de Tunis. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Dalila Ben Mbarek (C), avocate et membre du comité de défense des détenus accusés de « complot contre la sécurité de l'État », brandit le signe de la victoire devant le palais de justice de Tunis. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Vendredi soir, lors de la troisième et dernière audience, plusieurs avocats de la défense ont dénoncé une « mascarade » quand le juge a mis sa décision en délibéré sans réquisitoire ni plaidoiries. 
  • Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, par lequel il s'est octroyé les pleins pouvoirs, défenseurs des droits et opposants dénoncent une régression des libertés en Tunisie, pays qui avait lancé le Printemps arabe en 2011.

TUNIS, TINISIE : Le tribunal de première instance de Tunis a prononcé des peines de prison allant de 13 à 66 ans à l'issue d'un procès pour « complot » contre le président Kais Saied. Les prévenus ont été jugés coupables de « complot contre la sûreté de l'État » et d' « adhésion à un groupe terroriste ».

Parmi les condamnés, des personnalités de l'opposition, des avocats et des hommes d'affaires. Certains étaient déjà emprisonnés, d'autres en liberté ou en exil.

Vendredi soir, lors de la troisième et dernière audience, plusieurs avocats de la défense ont dénoncé une « mascarade » quand le juge a mis sa décision en délibéré sans réquisitoire ni plaidoiries. 

Contrairement aux deux précédentes, l'audience, à laquelle les journalistes internationaux et les diplomates étrangers n'étaient pas conviés, a été particulièrement houleuse et surveillée par la police. Plusieurs accusés étaient accusés de contacts suspects avec certaines ambassades.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, par lequel il s'est octroyé les pleins pouvoirs, défenseurs des droits et opposants dénoncent une régression des libertés en Tunisie, pays qui avait lancé le Printemps arabe en 2011.

À partir du printemps 2023, des dizaines de responsables politiques, avocats, militants des droits, notamment des migrants, et chroniqueurs connus ont été arrêtés en vertu d'un décret réprimant la diffusion de fausses nouvelles, contesté comme prêtant à une interprétation trop large.

Le procès dit « du complot » a commencé le 4 mars. Les accusés sont en détention et doivent s'exprimer en visioconférence. Leurs avocats ont exigé leur présence au tribunal, sans succès. Au moins six d'entre eux ont observé une grève de la faim pour faire valoir ce « droit élémentaire ».

La défense a critiqué le dossier, tandis que l'ONG Human Rights Watch a affirmé que le procès se tenait dans « un contexte répressif ».

En février, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme avait dénoncé la « persécution des opposants » en Tunisie.

Le gouvernement a répondu en exprimant sa « profonde stupéfaction ».