Promesse d'humanité, message de fermeté: Biden équilibriste face à la crise migratoire

Le président américain Joe Biden dans la salle du Cabinet de la Maison Blanche (Photo, AFP).
Le président américain Joe Biden dans la salle du Cabinet de la Maison Blanche (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 06 janvier 2023

Promesse d'humanité, message de fermeté: Biden équilibriste face à la crise migratoire

  • Joe Biden a promis de réparer un système d'immigration «cassé», dans un discours à la Maison Blanche
  • Il se rendra dimanche, pour la première fois après deux années au pouvoir, à la frontière sud des Etats-Unis, plus précisément à El Paso, au Texas

WASHINGTON: "Ne venez pas à la frontière" sans avoir lancé auparavant une procédure légale: Joe Biden a tenté jeudi de faire passer un message conjuguant fermeté et humanité face aux arrivées record de migrants à la frontière avec le Mexique, un sujet politiquement périlleux pour le président américain.

Ses annonces ont été critiquées autant par la droite, qui l'accuse régulièrement de laxisme sur le sujet, que par des associations de défense des droits humains, qui lui reprochent de s'en prendre au droit d'asile.

Le démocrate a promis de réparer un système d'immigration "cassé", dans un discours à la Maison Blanche, tout en reconnaissant que ce problème "difficile" ne serait pas résolu "du jour au lendemain".

Joe Biden se rendra dimanche, pour la première fois après deux années au pouvoir, à la frontière sud des Etats-Unis, plus précisément à El Paso, au Texas.

Il ira ensuite à Mexico, et a d'ores et déjà fait savoir que le "renforcement de la frontière" serait au coeur de ses discussions avec son homologue mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador, qui entretient avec son grand voisin des relations parfois très fraîches.

Le président a fustigé les républicains "extrêmes", les accusant de "démagogie" face à la crise migratoire, et leur reprochant de bloquer ses demandes de financement pour faire face au problème.

"Nous pouvons sécuriser notre frontière et réparer la politique d'immigration pour qu'elle soit ordonnée, sûre et humaine; nous pouvons faire tout cela sans éteindre la flamme de la liberté qui a fait venir en Amérique des générations d'immigrés", a-t-il lancé.

Mais son administration n'en a pas moins annoncé de "nouvelles conséquences" pour les migrants qui franchiront illégalement la frontière: les Etats-Unis auront plus souvent recours à des expulsions immédiates, assorties d'une interdiction de nouvelle entrée sur le territoire pendant cinq ans.

Plus de 230.000 arrestations ont encore été enregistrées en novembre à la frontière sud des Etats-Unis, un niveau record.

Les Etats-Unis vont créer 30.000 titres de séjour supplémentaires par mois pour des migrants originaires de Cuba, d'Haïti, du Nicaragua et du Venezuela, les pays qui fournissent actuellement les plus importants flux de clandestins.

Mais les ressortissants de ces pays pourront, s'ils n'empruntent pas cette voie légale, être refoulés dès qu'ils tenteront de franchir illégalement la frontière. Même s'il est difficile de les renvoyer dans leurs pays respectifs, en raison des conditions politiques ou sécuritaires, le Mexique s'est engagé à en accepter 30.000 par mois.

Les Etats-Unis veulent aussi restreindre l'éligibilité au droit d'asile en établissant une règle selon laquelle les individus qui n'ont pas fait de demande en bonne et due forme auprès des Etats-Unis, ou dans un autre pays traversé, en seront exclus sauf exception.

800 morts
"Le président Biden a dit avec justesse aujourd'hui que l'asile est un droit légal et il a parlé avec compassion des personnes qui fuient la persécution. Mais le programme qu'il a annoncé met son administration dans la droite ligne des politiques hostiles aux migrants de Trump", a dénoncé l'ACLU, une puissante association de défense des droits civiques.

A l'inverse l'AFL, organisation marquée à droite, a reproché au président de promettre "une amnistie de masse à 30.000 étrangers illégaux chaque mois", ce qui est selon elle une "violation éhontée du droit".

De larges pans de l'économie américaine, notamment dans l'agriculture, dépendent de la main d'oeuvre immigrée.

Les migrants, soucieux d'échapper à la pauvreté ou à la violence dans leurs pays d'origine, prennent souvent d'énormes risques pour entrer sur le sol américain.

Plus de 800 personnes sont mortes lors de l'année fiscale, en grande partie noyées dans le fleuve Rio Grande, selon un responsable des gardes-frontières cité par la radio NPR.

Ces flux exercent également des pressions sur les localités frontalières, dont les infrastructures peinent à accueillir ces migrants dans des conditions décentes.

Pour l'instant, l'administration Biden s'est surtout appuyée sur une mesure mise en place par son prédécesseur républicain Donald Trump pendant la pandémie, qui permet de refouler immédiatement tout étranger clandestin intercepté à la frontière, y compris les potentiels demandeurs d'asile.

Cette mesure, baptisée "Title 42", fait l'objet d'une intense guérilla judiciaire dont l'épilogue sera connu en juin à la Cour suprême des Etats-Unis.


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.