L'Espagnol Mikel Irastorza, un temps considéré comme un chef de l'ETA, condamné à Paris

Le leader de l'ETA Mikel Irastorza est arrêté par la police judiciaire anti-terroriste de la police française (Photo, AFP).
Le leader de l'ETA Mikel Irastorza est arrêté par la police judiciaire anti-terroriste de la police française (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 06 janvier 2023

L'Espagnol Mikel Irastorza, un temps considéré comme un chef de l'ETA, condamné à Paris

  • Mikel Irastorza a été condamné jeudi à Paris à trois ans de prison dont 19 mois ferme pour association de malfaiteurs terroriste
  • Cet Espagnol de 47 ans, aujourd'hui journaliste pour un média basque, s'est présenté en début d'après-midi à la barre de la 16e chambre correctionnelle

PARIS: Un temps présenté comme l'un des chefs de l'ETA, Mikel Irastorza a été condamné jeudi à Paris à trois ans de prison dont 19 mois ferme pour association de malfaiteurs terroriste, non comme un dirigeant mais comme un simple "membre actif" de l'organisation séparatiste entre 2012 et 2016.

Cet Espagnol de 47 ans, aujourd'hui journaliste pour un média basque, s'est présenté en début d'après-midi à la barre de la 16e chambre correctionnelle du tribunal de la capitale, s'exprimant dans sa langue natale à l'aide d'une interprète.

Son interpellation en novembre 2016, dans la maison d'un couple qui l'hébergeait à Ascain (Pyrénées-Atlantiques), avait fait grand bruit: le ministère espagnol de l'Intérieur l'avait alors présenté comme "le plus haut dirigeant du groupe terroriste ETA qui échappait à la justice".

A l'époque, l'Euskadi Ta Askatasuna (ETA), tenue pour responsable d'au moins 829 morts en plus de 40 ans, avait décrété en 2011 la fin de la lutte armée. C'est en 2017 que l'organisation séparatiste a annoncé son "désarmement total" avant, en 2018, de déclarer sa dissolution.

Mis en examen peu après son arrestation, Mikel Irastorza était alors soupçonné d'avoir dirigé l'appareil logistique de l'ETA et d'avoir succédé à Iratxe Sorzabal et David Pla, deux dirigeants présumés d'ETA, à la suite de leur arrestation en septembre 2015 en France.

Mais à l'issue de l'information judiciaire, le juge d'instruction soulignait que les investigations n'avaient pas permis de "déterminer son rôle" au sein d'ETA: il avait été renvoyé devant le tribunal pour avoir été un simple "membre actif".

Le couple franco-espagnol qui l'hébergeait, mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste, avait bénéficié d'un non-lieu.

Clandestinité
Lors de la perquisition du domicile, des ordinateurs et disques durs avaient notamment été saisis, ainsi que des outils de cryptage informatique. Ces supports contenaient une documentation "conséquente" de l'ETA concernant entre autres la confection de faux documents, les armes et les explosifs, a rappelé le président du tribunal.

L'ADN du prévenu a en outre "matché" dans les fichiers avec des relevés génétiques datant de 2012 et 2013, dans deux enquêtes antérieures visant des etarras.

Remis en liberté en août 2017, Mikel Irastorza s'est présenté à la barre comme un "militant indépendantiste" tout en répétant n'avoir été "membre d'aucune structure" et "encore moins numéro un de quoi que ce soit".

Cet homme brun, en jeans et pull tricolore, au casier vierge, a affirmé avoir eu un "rendez-vous" avec des membres de l'ETA à la "fin de l'été 2012", dans le contexte du "processus de paix".

Ont suivi ensuite selon lui "quelques mois" de "formation" sur la "vie en clandestinité, l'informatique, des débats politiques" mais "jamais de formation militaire".

Il a assuré n'avoir ensuite plus eu de "nouvelle" de l'organisation jusqu'à 2016, où on lui a "demandé de garder du matériel appartenant à l'ETA", un "sac" contenant le matériel informatique retrouvé en perquisition.

Une version peu goûtée par la procureure du parquet national antiterroriste (Pnat), qui a requis à son encontre cinq ans de prison, dont 20 mois ferme, ainsi qu'une inscription au fichier des auteurs d'infraction terroriste (Fijait).

"La procédure démontre qu'il a fréquenté de nombreux individus qui ont été membres de l'ETA, certains de rangs élevés", a-t-elle notamment fait valoir, relevant une "volonté persistante de dissimuler ses activités", une "maîtrise des technologies de cryptologie" et une "adhésion persistante à la cause nationaliste basque".

"On présente au départ M. Irastorza comme le numéro un de l'ETA. C'est complètement faux", a plaidé Me Serge Portelli pour la défense. "Ce que nous vous demandons, c'est de prendre la mesure de ce qu'est devenue cette procédure. Il y a presque plus rien, donc admettez-le", a-t-il lancé.

Après une courte suspension, le tribunal a rendu son jugement dans la soirée.

La partie ferme de la peine correspond aux mois de détention provisoire et de bracelet électronique que le prévenu a déjà effectués: il ne devra donc pas la purger. Mikel Irastorza n'a pas non plus été inscrit au Fijait, comme la plupart des condamnés pour ce type d'infraction.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.