Les pays arabes à l'ONU appellent à une action «concrète» après la visite «provocatrice» de Ben Gvir à Al-Aqsa

Itamar ben Gvir, ministre israélien ultranationaliste, s'est rendu sur le site sacré de Jérusalem pour la première fois depuis son entrée en fonction dans le nouveau gouvernement d'extrême droite du Premier ministre, Benjamin Netanyahou. (AP)
Itamar ben Gvir, ministre israélien ultranationaliste, s'est rendu sur le site sacré de Jérusalem pour la première fois depuis son entrée en fonction dans le nouveau gouvernement d'extrême droite du Premier ministre, Benjamin Netanyahou. (AP)
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Publié le Jeudi 05 janvier 2023

Les pays arabes à l'ONU appellent à une action «concrète» après la visite «provocatrice» de Ben Gvir à Al-Aqsa

  • Le monde entier condamne la violation des lieux saints et du droit international, déclare l'ambassadeur palestinien
  • Plus de 50 délégations demandent des mesures du Conseil de sécurité dans une réunion d'urgence

NEW YORK: Les pays arabes et plusieurs autres groupes de pays à l'ONU ont appelé le Conseil de sécurité lors d'une réunion d'urgence proposée jeudi à condamner la visite «provocatrice» du nouveau ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar ben Gvir, dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem-Est mardi.

Le représentant permanent de la Palestine auprès de l'ONU, Riyad Mansour, a déclaré mercredi à Arab News qu'il existait un large soutien pour que des mesures soient prises contre le ministre d'extrême droite et Israël.

Mansour explique que ces groupes de pays se sont unis pour condamner les actions violant le droit international et le statut de Jérusalem, de la mosquée Al-Aqsa et du Haram al-Sharif. Il a tenu ces propos après une longue journée de réunions mercredi, au cours de laquelle plus de 50 délégations de divers comités et groupes internationaux au siège de l’ONU à New-York ont exprimé leur soutien à la Palestine.

La visite de Ben Gvir dans l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa a provoqué la colère des Palestiniens et suscité une condamnation mondiale, accompagnée d’avertissements concernant les projets israéliens de modifier le statu quo des lieux saints.

Ce que l'Arabie saoudite a qualifié d'«action provocatrice» a mobilisé des diplomates auprès des missions de l'ONU à New York. Mercredi s’est tenue une réunion du Conseil des ambassadeurs arabes à l'ONU, suivie du Conseil des ambassadeurs de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).

Vingt ambassadeurs représentant le groupe arabe à l'ONU ont tenu une réunion dirigée par Riyad Mansour, dont le pays assure la présidence tournante pour le mois de janvier. Ils ont été rejoints par la troïka du Mouvement des non-alignés ainsi que des délégations de l'OCI et du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.

Ces différentes actions ont précédé la proposition de réunion d'urgence du Conseil de sécurité  demandée par la Palestine et la Jordanie et soutenue par les Émirats arabes unis (EAU), membre du Conseil de sécurité, ainsi que par la Chine, la France et le nouveau membre, Malte.

«En l'espace de quarante-huit heures, la communauté internationale réagit fortement et de manière unifiée contre (ce) membre fasciste du cabinet israélien Ben Gvir», explique Mansour à Arab News. 

«Cela montre que dès l’entrée en fonction de ce gouvernement, la communauté internationale ne tolérera pas, n'acceptera pas, condamnera et rejettera de telles mesures qui sont une  violation du droit international et du statu quo historique sur les lieux saints, les sites islamiques et chrétiens de Jérusalem, en particulier la mosquée Al-Aqsa et le Haram al-Sharif», ajoute-t-il. 

Ben Gvir, homme politique d'extrême droite reconnu coupable d'incitation à la haine antiarabe en 2007, a été nommé ministre de la Sécurité nationale dans le nouveau gouvernement de coalition de Benyamin Netanyahou, avec des pouvoirs étendus sur la police israélienne. Il a longtemps appelé à la prière juive à Al-Aqsa, qui a été le théâtre de plusieurs conflits dans le passé entre Israéliens et Palestiniens.

Le Hamas a mené une guerre de onze jours avec Israël en 2021 après des semaines d'affrontements croissants à Al-Aqsa. Ce qu'on appelle la deuxième Intifada a également éclaté après une visite incendiaire sur le site en 2000 du défunt Ariel Sharon, alors chef de l'opposition.

«L'État de Palestine et le peuple palestinien sont très reconnaissants de ce soutien massif», a déclaré Mansour devant la salle du Conseil de sécurité, où il était accompagné de plus de 20 ambassadeurs du monde arabe et d'ailleurs, dont le représentant permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'ONU, Abdelrahmane al-Wassil.

«Presque tous les pays aux quatre coins du monde affirment que la communauté internationale est la partie qui décide du sort de la solution à deux États», affirme Mansour. «C'est la communauté internationale qui décide du sort de la défense et de la protection du statu quo historique à Jérusalem pour la défense des sites islamiques et chrétiens de Jérusalem.»

L’attaque ne vise pas seulement les lieux saints de l’islam, indique Mansour, ajoutant que les extrémistes israéliens sont également désormais une menace pour «nos sites chrétiens, et les cimetières chrétiens (qui) sont piétinés par les colons extrémistes. C'est un environnement malsain. La communauté internationale doit parler d'une seule voix pour rejeter cet extrémisme et ces éléments fascistes du gouvernement israélien».

De belles déclarations à la réunion du Conseil de sécurité ne seront pas suffisantes, ajoute-t-il. «Nous voulons une mise en œuvre concrète. Nous voulons que ce comportement ne se reproduise pas et une garantie que le statu quo historique sera honoré et respecté en actions et non seulement en paroles.»

Dans sa lettre au Conseil de sécurité demandant une réunion d'urgence, Mansour a appelé la communauté internationale à agir de toute urgence pour arrêter «l'explosion imminente de la situation en Palestine occupée et les graves menaces qu'elle fait peser sur la paix et la sécurité internationales».

Mansour a exhorté le Conseil de sécurité à «condamner sans équivoque ces actions illégales et dangereuses, et à exiger qu'Israël cesse ses violations et agressions sur ce lieu saint, et respecte pleinement ses obligations en vertu du droit international. «Il incombe au Conseil de sécurité de rappeler à Israël qu'il est la puissance occupante et qu'il n'a aucun droit de souveraineté sur la Palestine occupée», insiste-t-il.

«Le Conseil de sécurité a l'opportunité d'agir maintenant pour donner le ton pour cette nouvelle année en affirmant que la violation du droit international et des droits humains ne sera pas tolérée et qu'il y aura des redditions de comptes et des conséquences pour leurs auteurs.»

La visite de Ben Gvir a eu lieu dans un contexte de tensions croissantes entre Israéliens et Palestiniens en Cisjordanie, l'année écoulée y étant la plus meurtrière pour les Palestiniens depuis la fin de la deuxième Intifada.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Manipulation médiatique et instrumentalisation de Forbes France au service de la propagande royale du Maroc

Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
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  • Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime marocain.
  • Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante.

RIYAD : L’enquête explosive menée par Marianne, complétée par les révélations incisives d’Africa Intelligence, lève le voile sur un système d’influence sophistiqué dans lequel le Maroc, sous couvert de soft power, orchestre une propagande méthodique via des relais médiatiques internationaux.

Forbes France, autrefois symbole d’excellence journalistique, apparaît aujourd’hui comme un instrument docile entre les mains des autorités marocaines.

Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime de Mohammed VI.

Ces textes déguisés en journalisme peignent un portrait idyllique du royaume, occultant sciemment la répression des libertés individuelles, les inégalités criantes et les réalités économiques sombres du pays. Il s'agit d'une véritable mascarade qui sape l’intégrité journalistique et trompe délibérément les lecteurs.

Forbes France : un média au service de la propagande royale

Plus qu’un simple complice passif, le magazine semble s’être vendu au plus offrant, troquant son indépendance contre des millions d’euros provenant des cercles de pouvoir marocains.

Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante. Pire, selon des sources internes, le Maroc achète régulièrement des articles pour redorer l’image de son régime monarchique, tout en évitant toute transparence sur les financements réels.

Abdelmalek Alaoui, présenté comme un analyste ou un économiste, mais qui n'est en réalité qu'un agent de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), est identifié comme un rouage clé de cette machinerie propagandiste.

Des courriels internes obtenus par Marianne montrent comment Alaoui et d’autres agents influencent directement la ligne éditoriale de ces articles en faveur de la monarchie marocaine. Forbes France ne serait rien d’autre qu’un outil au service de cette désinformation orchestrée depuis Rabat.

Un documentaire sous influence : glorification du règne de Mohammed VI

Les tentacules de cette stratégie de manipulation s’étendent bien au-delà de la presse écrite. Africa Intelligence révèle qu’un documentaire diffusé sur Public Sénat à l’approche d’une visite officielle d’Emmanuel Macron au Maroc a été conçu comme une véritable opération de communication. 

Réalisé par des proches de l’élite politique marocaine et française, ce film, présenté comme un travail journalistique, n’est rien d’autre qu’une glorification du roi Mohammed VI.

Tout en vantant les prétendus succès du roi, notamment en matière de condition féminine et de développement économique, le documentaire escamote les critiques concernant les inégalités sociales et la répression des libertés. Il s'agit là d'une manipulation éhontée, à peine voilée, où les consignes éditoriales semblent avoir été dictées par Rabat pour protéger l’image royale.

Le Maroc : un État stratège du mensonge médiatique

Ce qui se dévoile ici est bien plus qu’un simple scandale médiatique. Il s’agit d’une stratégie délibérée et agressive de soft power, dans laquelle le Maroc utilise des moyens financiers considérables pour infiltrer et manipuler les récits médiatiques internationaux.

En contrôlant la narration sur des plateformes influentes telles que Forbes France, le royaume impose une version réécrite et aseptisée de la réalité, tout en muselant les voix dissidentes.

Ces pratiques immorales révèlent la complicité choquante de médias qui, en échange d'avantages financiers, renoncent à leur devoir d'informer honnêtement. Ce brouillage systématique de la frontière entre journalisme et propagande constitue une attaque directe contre l’intégrité de l’information.

Un appel urgent à l’éthique journalistique

Les révélations de Marianne et d’Africa Intelligence mettent en lumière le manque de diligence de la part d'acteurs tels que Forbes France.

Il est désormais impératif de mener une enquête indépendante sur ces pratiques. En effet, tant que des médias accepteront de se vendre au plus offrant, les citoyens continueront à être trompés par des récits soigneusement fabriqués pour servir des intérêts politiques. 

L’intégrité de la presse n’est pas à vendre, il est temps de le rappeler.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).