PARIS: Une marche blanche en hommage à trois militantes kurdes assassinées à Paris en janvier 2013 a débuté mercredi dans la capitale française, les manifestants, principalement des femmes, étant encore sous le choc de la toute récente tuerie raciste de fin décembre.
Dans la nuit du 9 au 10 janvier 2013, trois militantes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) - Sakine Cansiz, 54 ans, Fidan Dogan, 28 ans et Leyla Saylemez, 24 ans - ont été tuées de plusieurs balles dans la tête dans l'enceinte du Centre d'information du Kurdistan (CIK) situé dans le Xe arrondissement de Paris.
En tête du cortège de quelques centaines de personnes, dont beaucoup de femmes portant des oeillets rouges, six femmes aux visages émus et fermés portent de grandes photos portraits encadrées des six Kurdes assassinés en 2013 et fin décembre.
Sous la pluie, la marche a débuté par le dépôt de trois gerbes de fleurs en hommage aux trois victimes du 23 décembre.
L'auteur présumé de cette attaque, un Français de 69 ans interpellé dans la foulée, a dit aux enquêteurs avoir agi parce qu'il était "raciste". Il a été inculpé pour assassinat et tentative d'assassinat en raison de la race, l'ethnie, la nation ou la religion et incarcéré.
Conernant l'assassinat de 2013, le CDK-F - qui dit fédérer 26 associations de la diaspora kurde en France - demande aux autorités françaises de lever le secret défense protégeant "des informations détenues par les différents services du renseignement français".
Le CDK-F accuse depuis des années le service de renseignement turc (MIT) et le président Recep Tayyip Erdogan d'être derrière cet assassinat, perpétré, selon le CDK-F, par un agent du MIT.
L'enquête en France avait pointé "l'implication" d'agents turcs dans ce triple assassinat mais sans désigner de commanditaires.
Des médias turcs avaient notamment diffusé un document présenté comme un "ordre de mission" du MIT pour Omer Güney. Seul suspect, cet homme de nationalité turque, arrêté en France, est mort fin 2016 en prison quelques semaines avant la tenue de son procès, éteignant l'action publique à son encontre.
Mais en mai 2019, un juge antiterroriste français a été chargé de reprendre l'enquête sur des complicités dans l'assassinat. Une information judiciaire a été ouverte pour "complicité d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle".
Le MIT avait officiellement démenti toute implication en janvier 2014.
Au micro, dans la manifestation, Melike Yasar, représentante du mouvement des femmes kurdes en Europe a lancé "notre réponse, ce sera la continuité du combat de ces femmes, nous allons continuer la lutte et les rêves de toutes celles qui ont donné leur vie".