ALGER: Pour l’Algérie, l’année 2022 a indubitablement été cadencée par des événements politiques, sociaux et culturels sans précédent. Entre positionnement géo-politique, réunions au sommet, découvertes musicales et reconnaissance internationale, le pays nord africain a été le théâtre d’une pléthore d’épisodes plus marquants les uns que les autres.
Voici donc la liste non exhaustive des moments que l’on retiendra de cette année:
Football: une déception nationale
Bien qu’ayant débuté l’année en remportant la Coupe Arabe, l'élimination des Fennecs par le Cameroun lors d’un match très controversé lors des qualifications à la Coupe du monde en mars a été vécu comme un échec cuisant pour la sélection nationale et les fanatiques de football.
Loin d’être démoralisé, Djamel Belmadi, le sélectionneur algérien se veut optimiste en ce qui concerne le futur de l’équipe algérienne.
«Il est certain que l’équipe nationale algérienne bénéficiera des services de nouveaux joueurs qui viendront renforcer l’effectif des Verts. L’arrivée de certains éléments apportera, à coup sûr, de la fraîcheur et élèvera davantage le niveau de la sélection» assurait-il aux médias locaux.
Dj Snake crée un effet de bombe avec Disco Maghreb
Autre événement retentissant de cette année, la parution du morceau Disco Maghreb du franco-algérien DJ Snake.
Sortie au mois de mai, cette lettre d’amour de l’artiste au pays de sa mère a suscité l’engouement sur les réseaux sociaux, cumulant 107 millions de vues en l’espace de six mois.
Mêlant des rythmes électro à des sonorités raï sur un clip vidéo illustrant l’Algérie profonde, DJ Snake avait souhaité vouloir créer «un pont entre les différentes générations et origines, reliant l’Afrique du Nord, le monde arabe et au-delà».
Réconciliation algéro-française
Retrouvailles qui ne sont pas passées inaperçues, la visite d’Emmanuel Macron en Algérie au mois d’août représente également un événement notable de cette année.
Après une période de brouille suite aux propos controversés du président français sur la colonisation, oú il accusait le «système politico-militaire» algérien d’avoir «réécrit l’histoire de la colonisation».
Cette visite placée sous le signe de la réconciliation s’est achevée sur la signature de la «Déclaration d’Alger pour un Partenariat renouvelé entre l’Algérie et la France».
Cet accord bilatéral vise à renouveler et à instaurer de nouveaux partenariats économiques entre l’Algérie et la France, notamment dans le secteur de l’énergie.
De plus, les dossiers sensibles de l’immigration et de la mémoire ont de nouveau été discutés lors de cette réunion.
A cet effet, les deux présidents ont annoncé la création d’une commission mixte d’historiens français et algériens afin d’effectuer «un travail historique commun» qui permettra aux deux nations d’appréhender une relation future délestée des rancœurs passées.
Un Sommet arabe pas comme les autres
En novembre, l'Algérie a accueilli le 31e sommet de la Ligue Arabe. Cette réunion des dirigeants arabes, composée de 22 pays membres, très différente du dernier sommet qui s’est déroulé en 2019 avant le début de la pandémie
à une période où le monde fait face à de nouveaux défis exacerbés par des tensions entre les nations, la ligue aspire à faire front commun dans
En effet, les événements qui ont bouleversé ces derniers mois, tels que la guerre en Ukraine, ont radicalement remodelé l'agenda de la région. Plusieurs questions ont été débattues lors du sommet qui s’est déroulé à Alger, spécifiquement le rôle du monde arabe dans certains de ces conflits.
Malgré les nouveaux défis auxquels le monde fait face, le président Abdelmadjid Tebboune a réaffirmé son soutien aux Palestiniens vivant sous l’occupation israélienne.
En amont de ce sommet, le dirigeant algérien avait œuvré à réunifier les factions palestiniennes par l’instauration de la «Déclaration d’Alger» pour mettre fin à une scission qui se poursuit depuis 2007.
1er novembre : des célébrations colorées
À l’occasion de la célébration du 1er novembre commémorant le 68ᵉ anniversaire du déclenchement de la révolution de 1954, Alger la blanche a vécu une nuit inoubliable.
Du défilé des scouts musulmans algériens à l’impressionnant cortège de femmes représentant leurs origines ethniques, cette date a été célébrée en grandes pompes.
Des caftans (une tunique longue), des haïks (une pièce d’étoffe dont on se drape), sans oublier les tenues traditionnelles sahraouies, chaouie, kabyles ou encore mozabites, des jeunes femmes se sont donné à cœur joie de représenter leur région d’origine dans les rues d’Alger.
Comme à l’accoutumée, mais davantage que d’habitude, les festivités culturelles, scientifiques, sportives, éducatives et autres cérémonies d’hommage des martyrs algériens ont rythmé la journée du premier novembre.
BRICS: L’Algérie se dirige vers de nouveaux alliés économiques
Après avoir exprimé à de nombreuses reprises l’intérêt de l’Algérie à rejoindre les BRICS, le gouvernement algérien a annoncé le 8 novembre avoir amorcé les démarches dans ce sens.
Cette alliance, qui comprend actuellement la Russie, la Chine, le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud, a appelé les dirigeants des pays en développement à se joindre à l’organisation intergouvernementale.
Le dépôt officiel d’une demande d'adhésion à l'organisation a été annoncée par l'envoyée spéciale chargée des grands partenariats internationaux au ministère algérien des Affaires étrangères, Leila Zerrougui.
Fort de ses bonnes relations avec les pays membres, Alger a fait part de son optimisme, d’autant que la Chine et la Russie ont publiquement soutenu l’adhésion algérienne. Si sa candidature est acceptée, l’Algérie bénéficiera de très nombreux avantages économiques, notamment dans l’impulsion des partenariats et des investissements avec les pays membres.
Le pari réussi des jeux méditerranéens
Quarante-sept ans après avoir accueilli les premiers Jeux Méditerranéens à Alger en 1975, l’Algérie a de nouveau été le pays hôte de cette 19ᵉ rencontre sportive régionale, qui s’est déroulée cette fois à Oran.
L'événement sportif qui a débuté le 25 juin, a rassemblé plus de 3000 athlètes de 26 pays de la région méditerranéenne.
Pour marquer le retour des jeux en Algérie, une somptueuse cérémonie d'ouverture a été organisée au stade olympique oranais. Sous les yeux de 40 000 spectateurs ébahis, des centaines d'artistes, musiciens et danseurs ont offert au monde entier deux heures de pur divertissement achevé par un feu d'artifice grandiose.
La cérémonie de clôture de cette édition a été tout aussi spectaculaire grâce aux performances de grands noms de la musique algérienne. Entre autres, l’orchestre composé de 110 musiciens, dirigé par le musicologue Salim Dada a fait son effet.
Plusieurs autres artistes s’y sont produits, notamment Kamel El Harrachi, Mohamed Allaoua, Cheb Mami et Amine du Groupe Babylone, suivi du passage très remarqué du chanteur Djamel Laroussi qui a repris sa chanson phare Étoile Filante, accompagné d’une danseuse orientale.
Oran s’invite à l’Unesco
Au début du mois, l'UNESCO a annoncé les nouvelles entrées dans la Liste du patrimoine culturel mondial, parmi elles, le Raï Algérien.
Lors de la 17e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, l'organisation des Nations unies a classé et reconnu ce genre musical issu de l'Algérie profonde.
Le document justificatif remis aux experts et aux représentants des États membres, précise que le Raï, depuis son apparition au XXᵉ siècle dans les villes de l'ouest algérien, comme Oran, Ain Temouchent, Sidi Bel Abbes et Saïda, «traduit la réalité sociale et chante l'amour, la liberté, le désespoir et les restrictions sociales, sans tabou, ou censure».
Genre musical indémodable, la musique d’Oran s’est exportée avec succès dans le reste du monde a récemment connu un regain d’intérêt grâce à la contribution de DJ Snake.
La belle ville d'Oran s’est révélée être la ville culturelle algérienne de l’année par excellence.
Disco Maghreb, la maison de disques algérienne où ont été produits les plus grandes stars du rai, est devenu, depuis, une attraction touristique visitée par tous.
Ajoutons à cela l’ouverture aux visiteurs de la première demeure du grand couturier français, Yves Saint Laurent, né le 1er août 1936 à Oran, qui a été restaurée par un entrepreneur algérien.
A quelques heures de sa fin, l’année 2022 a été pour la nation algérienne une année riche en émotions et qui annonce, à l’évidence, une année 2023 prometteuse, à tout point de vue.