RIYAD: Comme pour la majorité de la planète, l'année 2022 au Moyen-Orient et en Afrique du Nord a été l'année où les choses ont finalement commencé à revenir à la normale après les périodes de confinement et d’isolement de la pandémie de la Covid-19.
Toutefois, les effets économiques résiduels, conjugués à la hausse de l'inflation consécutive au déclenchement de la guerre en Ukraine, ont rapidement anéanti les espoirs d'une forte reprise postpandémie, amenant de nombreuses économies au bord de la récession.
Ces défis économiques ont été durement ressentis dans une grande partie de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), où les prix des produits alimentaires et des carburants sont montés en flèche au cours de l'année, aggravant dans de nombreux cas les problèmes nationaux déjà existants.
La région a toutefois connu des moments de triomphe et d'excitation en 2022, avec des événements sportifs majeurs, des sommets diplomatiques et des extravagances culturelles qui ont ouvert la voie à une année 2023 plus durable et potentiellement plus pacifique.
Les Houthis attaquent les Émirats arabes unis
L'année a commencé sur une note basse pour le Golfe avec une escalade dangereuse de la longue guerre au Yémen, lorsque la milice houthie soutenue par l'Iran a lancé de nouvelles attaques contre les pays de la région. Les Émirats arabes unis, qui ont annoncé le retrait de leurs troupes du Yémen en 2019, mais qui font toujours partie de la Coalition pour rétablir la légitimité au Yémen, ont été touchés par un drone Houthi et un assaut de missiles le 17 janvier. L'attaque, tuant trois travailleurs dans le secteur du pétrole dans la capitale Abu Dhabi, a été le premier assaut meurtrier contre les Émirats arabes unis revendiqué par les Houthis et le premier d'une série d'attaques qui vont suivre.
Insécurité alimentaire
Lorsque la Russie a lancé ce qu'elle a appelé une «opération militaire spéciale» en Ukraine le 24 février, les effets ont été rapidement ressentis dans le monde entier. Dans les pays de la région MENA, l'effet le plus évident a été le bond soudain du prix des produits alimentaires de base, le blocus des ports ukrainiens de la mer Noire ayant privé les marchés de céréales et d'engrais. Bien qu'un accord négocié par les Nations unies ait été conclu en juillet afin de relancer les exportations de céréales, les perturbations de la chaîne d'approvisionnement ont entraîné une hausse des prix dans des pays dépendant des importations comme l'Égypte et le Liban, et ont provoqué une véritable panique dans des pays comme le Yémen, qui est au bord de la famine.
L’agitation en Libye
Après des signes encourageants en 2021 indiquant que les parties belligérantes de la Libye se rapprochaient d'une résolution politique du conflit vieux de dix ans, le pays semblait à nouveau au bord de la guerre civile. Un cessez-le-feu négocié par l'ONU en octobre 2020 entre le gouvernement d'entente nationale basé à Tripoli et l'Armée nationale libyenne dans l'est a ouvert la voie à des élections en décembre 2021, mais les scrutins ont été reportés à cause d'un désaccord sur leur base juridique. En août, des affrontements meurtriers ont secoué Tripoli. La crise a été déclenchée en mars après que le Parlement de l'Est a choisi un nouveau gouvernement, mais le Premier ministre, Abdel Hamid al-Dbeibeh, soutenu par l'ONU, a refusé de se retirer.
L'Expo de Dubaï se termine
Fin mars, l'Expo 2020 de Dubaï a pris fin. Retardée d'un an en raison de la pandémie de la Covid-19, il s'agissait de la première exposition universelle organisée au Moyen-Orient et de la première où chaque pays participant – 192 au total – disposait de son propre pavillon, ce qui en fait l'exposition la plus inclusive jamais organisée. Répartie sur trois districts thématiques basés sur les sous-thèmes des opportunités, de la mobilité et de la durabilité, l'exposition a enregistré 22,93 millions de visites jusqu’au 29 mars. Le pavillon de l'Arabie saoudite a remporté de nombreux prix, ce qui le place en bonne position pour accueillir l'exposition 2030.
Fusillade d'Abou Akleh
Shireen Abou Akleh, journaliste palestinienne américaine chevronnée, a été tuée le 11 mai alors qu'elle effectuait un reportage sur un raid de l'armée israélienne en Cisjordanie occupée, suscitant un tollé mondial. Elle portait un gilet pare-balles, sur lequel le mot «presse» était inscrit, et un casque bleu lorsqu'elle a été tuée d'une balle dans la tête dans le camp de réfugiés de Jénine, un point chaud du conflit israélo-palestinien. L'armée israélienne a reconnu le 5 septembre qu'un de ses soldats avait probablement tiré sur Abou Akleh après l'avoir prise pour un combattant. Des appels ont été lancés en faveur d'une enquête menée par Washington.
Impasse politique au Liban
Depuis les élections de mai, le Liban est dirigé par un gouvernement intérimaire, malgré les avertissements des créanciers qui estiment que des réformes sont nécessaires afin d’ouvrir la voie à des milliards de dollars de prêts d'urgence. La Banque mondiale a qualifié la crise économique du Liban de l'une des pires de l'histoire moderne. Le Parlement a échoué à plusieurs reprises à élire un successeur à l'ancien président Michel Aoun. Les législateurs sont divisés entre les partisans de la milice du Hezbollah, soutenue par l'Iran, et ses opposants, aucun d'entre eux ne disposant d'une nette majorité.
La tournée de Joe Biden au Moyen-Orient
En juillet, le président américain, Joe Biden, s'est rendu au Moyen-Orient pour faire face à la hausse des prix du pétrole et encourager de nouvelles mesures de normalisation entre Israël et les pays arabes. Biden a passé deux jours à Jérusalem pour des entretiens avec des dirigeants israéliens avant de rencontrer le président palestinien, Mahmoud Abbas, à Bethléem. Ensuite, il a pris un vol direct d'Israël à Djeddah pour des entretiens avec des responsables saoudiens et des alliés du Golfe. Les deux parties ont conclu des accords portant sur la défense, l'énergie et le climat, l'exploration spatiale, les chaînes d'approvisionnement, les voyages et les visas d'affaires, le sport, la technologie et la santé, ainsi qu'un accord visant à œuvrer pour la paix au Yémen.
Le chef d'Al-Qaïda tué
Avant le retrait des États-Unis d'Afghanistan l'année dernière, les talibans se sont engagés à ne pas héberger de terroristes comme ils l'avaient fait avant les attentats du 11 septembre 2001 contre les États-Unis. Toutefois, Washington les a accusés de violer leur engagement après la découverte de la cachette du chef d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, à Kaboul. En août, Al-Zawahiri a été tué dans une attaque de drone américaine sur la capitale afghane.
Des drones iraniens utilisés pour attaquer l'Ukraine
En septembre, des drones kamikazes de fabrication iranienne ont fait leurs débuts au combat en Ukraine, au service de l'armée russe. Les drones iraniens fournis aux mandataires régionaux de Téhéran ont eu un effet dévastateur contre les infrastructures civiles dans le Golfe et au Moyen-Orient. Compte tenu des récents revers russes sur le champ de bataille, les nouvelles armes ne semblent pas avoir inversé le cours des choses en Ukraine.
Le pétrolier FSO Safer
En septembre, les Nations unies ont annoncé qu'elles avaient réuni les 75 millions de dollars (1 dollar américain = 0,94 euro) nécessaires au sauvetage du pétrolier FSO Safer au large des côtes du Yémen afin d'éviter une marée noire catastrophique en mer Rouge et un nettoyage potentiel de 20 milliards de dollars. Le pétrolier de quarante-cinq ans, longtemps utilisé comme plate-forme de stockage flottante et aujourd'hui abandonné au large du port yéménite d’Al-Hodeïda, contrôlé par les Houthis, n'a pas été entretenu depuis que le Yémen a plongé dans la guerre civile, il y a plus de sept ans.
Manifestations en Iran
Le 13 septembre, Mahsa Amini, une Iranienne de 22 ans, a été arrêtée à Téhéran pour avoir enfreint le code vestimentaire strict imposé aux femmes par la République islamique. Détenue par la célèbre police des mœurs du régime, elle a subi un traumatisme crânien catastrophique et est décédée à l'hôpital après trois jours de coma. Sa mort a déclenché des manifestations dans tout le pays, les femmes évitant ouvertement le hijab et se coupant les cheveux en public en signe de défi. Après une répression policière brutale, les manifestants ont élargi leurs revendications à la suppression pure et simple du régime clérical. Les protestations se poursuivent.
Le nouveau gouvernement irakien
En octobre, le Parlement irakien a approuvé le gouvernement du Premier ministre Mohammed Chia al-Soudani, après plus d'un an de paralysie politique. Al-Soudani doit maintenant s'atteler à la tâche gigantesque de tenir ses promesses en matière de lutte contre la corruption et d'offrir des emplois aux jeunes mécontents du pays. Toutefois, l'Irak, riche en pétrole, souffre depuis des années d'une corruption endémique qui empêche la distribution adéquate des fonds, et les analystes ne prévoient pas de fin imminente aux crises prolongées du pays.
Le retour de Netanyahu
L'homme politique chevronné et ancien Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a obtenu le 1er novembre un mandat pour former un nouveau gouvernement, ouvrant la voie à son retour à la tête de ce qui devrait être l'administration de droite la plus radicale de l'histoire du pays. Après une période d'impasse politique sans précédent qui a mis l'électorat à l'épreuve avec cinq votes en moins de quatre ans, l'élection de novembre a donné à Netanyahou et à ses alliés d'extrême droite une nette majorité au Parlement qui compte 120 sièges.
COP27 Égypte
La conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP27) s'est déroulée en novembre dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge. Il s'agissait du premier sommet de ce type à se tenir au Moyen-Orient. Parmi les résultats les plus significatifs de la conférence figure un accord novateur visant à fournir un financement pour les «pertes et dommages» aux pays vulnérables durement touchés par les catastrophes climatiques. Parallèlement au sommet, l'Arabie saoudite a accueilli les initiatives vertes, l’Initiative saoudienne verte et l’initiative Moyen-Orient vert, qui visent à promouvoir le boisement, la conservation et la réduction des émissions dans la région. La COP28 doit se tenir l'année prochaine aux Émirats arabes unis.
Coupe du monde au Qatar
L'année s'est terminée par le plus grand événement sportif de la planète. Dans une autre première pour le Moyen-Orient, le Qatar a accueilli la Coupe du monde de football de 2022. La réalisation la plus marquante a été celle du Maroc, dont l’équipe est allée plus loin dans le tournoi que n'importe quelle équipe arabe ou africaine dans l'histoire. Parmi les temps forts du tournoi, citons la victoire surprise de l'Arabie saoudite sur l'Argentine (2-1) et l'une des plus grandes finales de Coupe du monde de tous les temps. L'Argentine a battu la France 4-2 aux tirs au but pour remporter son troisième titre de champion du monde. L'Arabie saoudite envisagerait de poser sa candidature pour accueillir la Coupe du monde en 2030, aux côtés de l'Égypte et de la Grèce.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com