Turquie: À Diyarbakir, les électeurs kurdes attendent un candidat «courageux»

Cette photo prise le 23 décembre 2022 montre une vue générale du quartier historique de Sur à Diyarbakir (Photo, AFP).
Cette photo prise le 23 décembre 2022 montre une vue générale du quartier historique de Sur à Diyarbakir (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 27 décembre 2022

Turquie: À Diyarbakir, les électeurs kurdes attendent un candidat «courageux»

  • Alors que la Turquie est appelée aux urnes au printemps pour élire président et parlement, la menace plane sur le Parti démocratique des peuples
  • En mars 2021, un procureur général avait réclamé son interdiction en l'accusant de liens avec le «terrorisme»

DIYARBAKIR: Sans même s'arrêter, un homme désigne en passant les meurtrissures des balles au pied des piliers de basalte du minaret d'une mosquée historique du district de Sur. Là où le bâtonnier de Diyarbakir, l'avocat Tahir Elçi, a été tué fin 2015.

Dans ce cœur historique de la grande cité à majorité kurde du sud-est de la Turquie, rebâti à la hâte après les combats dévastateurs de 2015-2016 entre combattants kurdes du PKK et forces spéciales turques, les plaies béantes du passé pèsent sur les élections à venir.

Alors que la Turquie est appelée aux urnes au printemps pour élire président et parlement, la menace plane sur le Parti démocratique des peuples (HDP), le principal parti prokurde.

En mars 2021, un procureur général avait réclamé son interdiction en l'accusant de liens avec le "terrorisme". Il demande désormais le gel de ses comptes.

Mais le "vote kurde", considéré comme le "faiseur de roi", ne se vendra pas au premier venu.

"Nous sommes 6 millions d'électeurs [environ 10% de l'électorat] et nous voulons un candidat courageux pour soutenir les Kurdes", prévient Orhan Ayaz, élu maire sous l'étiquette du HDP en 2019 avec 72% des suffrages.

Comme plus d'une soixantaine d'autres édiles du parti accusés de "terrorisme", M. Ayaz n'a jamais pu entamer son mandat, remplacé par un "kayyum", ou maire de substitution, par le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan.

«Criminaliser le HDP»

Des milliers de responsables et partisans du HDP sont emprisonnés, dont son ancien dirigeant, l'avocat Selahattin Demirtas, accusé de "propagande terroriste".

Depuis les années 90, près d'une dizaine de partis kurdes ont été interdits ou se sont auto-dissous.

En but au harcèlement du pouvoir depuis 2016, le HDP constitue la troisième force au parlement turc avec 12% des suffrages aux législatives en 2018.

Les autorités dénoncent ses liens "organiques" avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe armé classé comme terroriste par Ankara, l'Union européenne et Washington.

L'armée turque vient de conduire une série de raids aériens contre des positions du PKK et de ses alliés dans le nord de l'Irak et de la Syrie et menace d'une opération terrestre.

"Ces accusations de terrorisme servent à criminaliser le HDP", estime Orhan Ayaz.

"Le PKK est un mouvement populaire né de la pression subie par les Kurdes", relève-t-il avant de préciser: "Nous, nous voulons une solution politique. La voie militaire n'est pas une solution, mais il faut un système démocratique pour faire taire les armes".

Sans le HDP, vers qui se tourner ? "Les grands partis ne pensent pas aux Kurdes et nous ne soutiendrons pas un parti qui ne (nous) soutient pas", reprend M. Ayaz, qui attend un geste du premier parti d'opposition, le CHP (social-démocrate) de Kemal Kilicdaroglu: "Qu'il parle pour les Kurdes".

L'AKP, parti du chef de l'Etat au pouvoir depuis 2002, a remporté 30% des suffrages ici aux dernières élections.

"Les Kurdes ne voteront pas pour leur ennemi, mais ils peuvent rester neutres: cela suffira pour qu'Erdogan passe", menace cependant un homme d'affaires sous couvert d'anonymat.

"Le gouvernement a toujours eu peur des Kurdes et toutes les politiques sont basées sur cette peur", explique Mesut Azizoglu, président du centre de recherches local "Ditam".

«N'ayez pas peur»

"Notre message c'est: +n'ayez pas peur, nous ne voulons pas nous séparer de la Turquie+", martèle-t-il. "Mais les responsables de l'opposition ne veulent pas être vus avec des Kurdes et leur silence aide Erdogan", regrette-t-il.

Abdullah Zeytun, 34 ans, avocat de l'Association des droits de l'homme, à Diyarbakir, redoute la montée des tensions à l'approche des élections. "Tous les élus ou militants ont été punis. Ce gouvernement ne supporte pas la moindre critique", dit-il.

Mais Hüseyin Beyoglu, le "kayyum" AKP désigné par les autorités, l'assure: "Il n'y a jamais eu de problème kurde en Turquie et certainement pas à Diyarbakir".

Naci Sapan, vieil éditorialiste du quotidien Tigris, dit toutefois avoir vu la situation se dégrader: "Si on compare aux années 80, c'est pire sur tous les plans. Avant on avait une forme d'équilibre entre le président, la justice, le parlement".

"Aujourd'hui, journaliste ou citoyen, on n'a aucune chance de défendre ses droits", ajoute-t-il.

La majorité des Kurdes a moins de 20-25 ans et beaucoup voteront pour la première fois en 2023. "Ils sont les plus affectés par la politique du gouvernement, ça devrait les mobiliser", veut-il croire. "Ils sont les moteurs du changement."


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.