Discriminations en Afghanistan: L'Arabie saoudite se joint aux appels à garder l'université ouverte aux femmes

Des étudiantes se tiennent à l'extérieur d'une université de Kaboul après que les talibans les ont empêchées d'y entrer, mercredi (Photo, AFP).
Des étudiantes se tiennent à l'extérieur d'une université de Kaboul après que les talibans les ont empêchées d'y entrer, mercredi (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 22 décembre 2022

Discriminations en Afghanistan: L'Arabie saoudite se joint aux appels à garder l'université ouverte aux femmes

  • Le régime ultraconservateur a annoncé mardi la suspension immédiate de l'enseignement universitaire pour les femmes
  • Depuis leur retour au pouvoir, les talibans ont annulé l'enseignement secondaire pour les filles et écarté les femmes de la vie publique

LONDRES: L'Arabie saoudite s'est jointe aux appels lancés aux Talibans pour qu'ils reviennent sur leur décision d'interdire l'enseignement supérieur aux femmes en Afghanistan. Cette décision intervient un jour après que le groupe a ordonné aux femmes de tout le pays de ne plus fréquenter les universités privées et publiques jusqu'à nouvel ordre.

Le ministère des Affaires étrangères du Royaume a exprimé sa surprise et son regret face à cette décision et a déclaré qu'elle avait été accueillie avec étonnement dans tous les pays musulmans.

Il a signalé que cette décision privait les femmes afghanes de leurs pleins droits juridiques et du droit à l'éducation, qui contribue à soutenir la sécurité, la stabilité, le développement et la prospérité en Afghanistan.

Dans la capitale afghane, les forces de sécurité talibanes ont fait respecter l'interdiction de l'enseignement supérieur pour les femmes en leur bloquant l'accès aux universités mercredi. Des femmes ont été filmées en train de pleurer et de se consoler les unes les autres devant un campus de Kaboul.

Les dirigeants talibans ont annoncé la dernière restriction des droits des femmes et des filles dans une déclaration laconique, mardi en fin de journée.

«Vous êtes tous informés qu'il faut immédiatement mettre en œuvre l'ordre mentionné de suspendre l'éducation des femmes jusqu'à nouvel ordre», a déclaré Neda Mohammed Nadeem, le ministre taliban de l'Enseignement supérieur.

Des femmes afghanes ont organisé des manifestations à l'université en octobre après que des étudiantes ont été expulsées des dortoirs (Photo, AFP).

Cette annonce n'est que la dernière en date d'une série de restrictions de plus en plus strictes des libertés des femmes afghanes, qui incluent désormais le port obligatoire du voile sur le visage et l'interdiction de voyager sans escorte masculine.

Selon l'ancien conseiller à la sécurité nationale de l'Afghanistan, la frustration de la population à l'égard du régime et de ses politiques oppressives semble s'accroître, à l'image du mouvement de protestation mené par les femmes dans l'Iran voisin.

«Je crois qu'à chaque jour qui passe, la frustration du peuple afghan augmente face à l'oppression des talibans», a déclaré Hamdullah Mohib, conseiller en matière de sécurité nationale auprès du gouvernement afghan déchu d'Achraf Ghani, au talk-show «Frankly Speaking» d'Arab News en octobre.

«Si cette situation perdure, cette oppression du peuple afghan continue, je suis certain qu'il y aura une mobilisation de masse dans le pays. C'est juste une question de savoir quand ce sera le cas», a-t-il estimé.

Les gouvernements et les autorités religieuses ont rapidement dénoncé l'interdiction de mardi. L'Organisation de la coopération islamique a déclaré qu'elle «portait gravement atteinte à la crédibilité du gouvernement».

Le Qatar, qui a joué un rôle clé dans la facilitation des pourparlers entre l'Occident et les Talibans, a déclaré que tout le monde mérite le droit à l'éducation et a exhorté les dirigeants afghans à revoir cette décision «conformément aux enseignements de la religion islamique».

Bien qu'il ait rejeté cette décision, le Pakistan, voisin de l'Afghanistan, a affirmé que l'alliance avec les talibans restait la meilleure voie à suivre.

«Je pense toujours que le chemin le plus facile pour atteindre notre objectif, malgré de nombreux revers en matière d'éducation des femmes et d'autres sujets, passe par Kaboul et par le gouvernement intérimaire», a signalé Bilawal Bhutto Zardari, le ministre pakistanais des Affaires étrangères.

Washington a immédiatement dénoncé cette interdiction et a prévenu que le régime taliban risquait d'être encore plus isolé du reste du monde.

«Les talibans doivent s'attendre à ce que cette décision, qui va à l'encontre des engagements qu'ils ont pris à plusieurs reprises et publiquement envers leur propre peuple, entraîne des coûts concrets pour eux», a déclaré Ned Price, le porte-parole du département d'État.

Les talibans ont de plus en plus restreint l'accès des femmes à l'éducation (Photo, AFP).

«Ils ont sérieusement, peut-être même fatalement, sapé l'une de leurs ambitions les plus profondes... à savoir l'amélioration des relations avec les États-Unis et le reste du monde», a averti Price.

«Cette position inacceptable aura des conséquences importantes pour les talibans et les éloignera encore plus de la communauté internationale, leur refusant la légitimité qu'ils désirent.»

Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, a été «profondément alarmé» par cette interdiction, a déclaré mardi son porte-parole, Stephane Dujarric.

Annalena Baerbock, la ministre allemande des Affaires étrangères, a déclaré qu'elle mettrait la question à l'ordre du jour du G7, le club des nations riches, dont l'Allemagne assure actuellement la présidence.

Au cours des vingt années qui séparent les deux règnes des talibans, les filles ont été autorisées à aller à l'école et les femmes ont pu chercher un emploi dans tous les secteurs, même si le pays est resté socialement conservateur.

Le retour des talibans a considérablement réduit ces avancées modérées. Une enquête récente sur les femmes en Afghanistan, citée par les Nations unies, a révélé que seulement 4% des femmes déclaraient avoir toujours assez à manger, tandis qu'un quart d'entre elles déclaraient que leur revenu était tombé à zéro.

Les violences familiales et les fémicides auraient augmenté, et 57% des femmes afghanes sont mariées avant l'âge de 19 ans, selon l'enquête. Il existe même des cas de familles qui vendent leurs filles et leurs biens pour acheter de la nourriture.

Le traitement des femmes par les talibans pourrait également aggraver la situation de l'Afghanistan dans son ensemble. Selon les Nations unies, le fait d'empêcher les femmes de travailler coûte à l'Afghanistan jusqu'à 1 milliard de dollars (1 dollar américain = 0,94 euro), soit 5% du produit intérieur brut.

Des études ont également montré que chaque année supplémentaire de scolarisation peut augmenter jusqu'à 20% les revenus d'une fille à l'âge adulte, avec d'autres répercussions sur la réduction de la pauvreté, l'amélioration de la santé maternelle, la diminution de la mortalité infantile, la prévention du VIH et la réduction de la violence à l'égard des femmes.

«Le statut des filles et des femmes afghanes a rarement été bon, même lorsque les talibans n'étaient pas au pouvoir», a révélé à Arab News Michael Kugelman, directeur adjoint du programme Asie et associé principal pour l'Asie du Sud au Wilson Center.

«Mais cette succession rapide de restrictions concernant leur habillement, leurs déplacements, leur travail et leur éducation les ramène à un point où elles n'ont plus été depuis les années 1990, lorsque les talibans étaient aux commandes.

Les gouvernements et les autorités religieuses ont rapidement dénoncé l'interdiction de mardi (Photo, AFP).

«Je dirais que les choses pourraient être pires aujourd'hui qu'elles ne l'étaient dans les années 1990, parce que, contrairement à l'époque, les talibans contrôlent l'ensemble du pays et il n'y a pas de poches de résistance substantielles. Cela signifie qu'il sera encore plus difficile de faire reculer ce type de politique qu’il ne l’était dans les années 1990.»

Les États-Unis ont précipitamment battu en retraite d'Afghanistan en août 2021 après avoir conclu un accord de paix fragile avec les talibans. Depuis lors, le pays est plongé dans la crise économique, la pauvreté et l'isolement international.

Au cours des négociations de Doha, les talibans ont essayé de convaincre le monde qu'ils avaient changé depuis leur précédent passage au pouvoir, de 1996 à 2001, lorsqu'une interprétation extrême de l'islam avait empêché les femmes et les filles d'accéder à l'éducation et à la vie publique, et que la liberté d'expression avait été largement supprimée.

Toutefois, dès son retour au pouvoir, le régime a réimposé un grand nombre de ces restrictions, réduisant à néant deux décennies de progrès modestes en matière de droits des femmes et de développement institutionnel du pays. 

«C'est douloureux à dire, mais cette décision n'est pas si surprenante», a affirmé Kugelman. «Depuis des mois, les talibans réimposent bon nombre de leurs politiques les plus draconienne des années 1990, et ce n'est donc que la dernière étape – particulièrement traumatisante pour les femmes et les filles afghanes – de leur stratégie actuelle visant à imposer leur idéologie épouvantable au sein de toute la société.»

Les talibans avaient initialement promis d'adoucir leurs positions les plus extrêmes, affirmant qu'ils respecteraient les obligations en matière de droits de l'homme, notamment celles des femmes. Néanmoins, un mois à peine après son retour au pouvoir, le régime a imposé la ségrégation des sexes à l'entrée des universités et dans les salles de classe, ainsi que le port du hijab dans le cadre d'un code vestimentaire obligatoire.

Puis, le 23 mars de cette année, alors que les écoles secondaires pour filles devaient rouvrir, les talibans ont brusquement annulé la directive, empêchant des dizaines de milliers d'adolescentes de recevoir leur éducation. Les filles en âge de fréquenter l'école primaire, du moins pour l'instant, sont toujours autorisées à recevoir un enseignement jusqu'à la sixième année.

En mai, le chef suprême des talibans, Hibatullah Akhundzada, a ordonné aux femmes de se couvrir entièrement en public, surtout le visage, de rester chez elles et de ne se déplacer entre les villes qu'accompagnées d'un homme. En novembre, une nouvelle directive a interdit aux femmes d'entrer dans les parcs, les fêtes foraines, les salles de sport et les bains publics.

Les hauts responsables ont envoyé des messages contradictoires concernant l'éducation des femmes et des filles, ce qui pourrait être le signe d'un schisme dans les rangs des talibans entre les radicaux basés dans le bastion du mouvement à Kandahar et les responsables plus modérés qui gèrent les affaires depuis la capitale.

«Il est certain qu'un grand nombre de dirigeants talibans rejettent cette décision», a assuré Kugelman. «Le fait qu'elle ait quand même eu lieu reflète les divisions idéologiques au sein du groupe ainsi que le pouvoir du chef suprême des talibans basé à Kandahar et de ses alliés.

Les dirigeants talibans ont annoncé la dernière restriction des droits des femmes et des filles dans une déclaration laconique, mardi en fin de journée (Photo, AFP).

«Ils constituent la faction la plus radicale sur le plan idéologique au sein des talibans, et c'est là que réside véritablement le pouvoir – particulièrement le droit de veto permettant de renverser les mesures prises par les dirigeants à Kaboul», a souligné Kugelman.

À moins que les talibans ne montrent qu'ils sont disposés à assouplir leur ligne dure, notamment sur les questions relatives aux droits des femmes, il est peu probable que le régime ait accès aux milliards de dollars d'aide, de prêts et d'actifs gelés par les États-Unis, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, dont les Talibans ont désespérément besoin.

«La communauté internationale peut condamner cette action et exprimer sa solidarité envers les filles et les femmes afghanes, et elle le fera. Mais au bout du compte, elle ne peut pas faire grand-chose qui puisse changer ce triste état de fait», a jugé Kugelman.

«Les talibans ne sont pas prêts à modérer leur idéologie de base, et les hauts dirigeants se moquent bien de savoir si cela leur ferme les portes de l'aide financière internationale et de la reconnaissance diplomatique officielle. Ce qui compte pour ceux qui mènent la barque des talibans, c'est que leur idéologie de base continue d'être imposée dans tout le pays.»

Bien que Kugelman reconnaisse que l'opposition aux restrictions croissantes imposées par les talibans est largement répandue parmi les Afghans, il doute que la société civile ait les moyens – du moins pour l'instant – de menacer l'autorité du régime.

«Il est certain que la résistance interne potentielle est à surveiller. Nous avons déjà vu des élèves de sexe masculin quitter leur classe par solidarité avec leurs camarades de sexe féminin, et c'est une donnée essentielle. La société afghane est peut-être patriarcale, mais cela ne signifie pas que le pays – notamment ses hommes - va se contenter d'ignorer cette situation», a-t-il ajouté.

«Mais la question qui se pose n'est pas un manque de volonté de résister, mais un manque de capacité. Les talibans gouvernent d'une main de fer et, à moins que les protestations ne prennent une telle ampleur qu'ils ne puissent les contrôler, ils n'hésiteront probablement pas à réprimer toute dissidence et toute opposition à cette décision.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.