KABOUL : Un haut responsable taliban a gracié le meurtrier de son père, condamné à mort pour ces faits, a annoncé un tribunal du nord de l'Afghanistan, quelques jours après la première exécution publique depuis le retour au pouvoir des islamistes.
Le gouverneur adjoint de la province septentrionale de Djôzdjân, Gul Mohammad, a amnistié l'homme qui avait assassiné son père en 1992, a indiqué dimanche la Cour suprême dans un communiqué.
Les tribunaux afghans, qui appliquent la charia (loi islamique), avaient déclaré Abdul Qayyum coupable de meurtre et avaient ordonné son exécution en vertu de la loi du talion (Qisas).
«La famille du meurtrier m'a demandé de lui pardonner. Aujourd'hui, je laisse tomber le +qisas+ et je lui pardonne», a déclaré Gul Mohammad dans un discours prononcé récemment, cité par la Cour suprême.
Le 7 décembre, pour la première fois depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021, un homme condamné pour meurtre, a été exécuté en public dans la province occidentale de Farah. En vertu de la loi du talion il a été abattu de trois balles par le père de sa victime.
Cette exécution a eu lieu après que le chef suprême des talibans, Hibatullah Akhundzada, a ordonné mi-novembre aux juges d'appliquer tous les aspects de la loi islamique, notamment les exécutions publiques, les lapidations et les flagellations, ainsi que l'amputation de membres pour les voleurs.
Akhundzada, qui n'a pas été filmé ou photographié en public depuis le retour au pouvoir des talibans, gouverne par décret depuis Kandahar, berceau et cœur spirituel du mouvement.
Au cours de leur première période de pouvoir, qui s'est achevée (1996-2001), les talibans ont régulièrement infligé des châtiments corporels en public, notamment des flagellations et des exécutions au stade national de Kaboul, auxquelles les Afghans étaient encouragés à assister.
Les islamistes à l'interprétation ultra-rigoriste de l'islam avaient promis à leur retour un régime plus souple, mais ils ont introduit des restrictions de plus en plus sévères dans la vie des Afghans.
Les femmes, en particulier, ont été progressivement écartées de la vie publique depuis le retour des talibans.