AL-MUKALLÂ: L'ingérence iranienne au Yémen a commencé en 1979, immédiatement après le retour de l'ayatollah Khomeini de son exil à Téhéran, a révélé le président yéménite.
Rachad al-Alimi, président du Conseil présidentiel du Yémen, a déclaré lundi à la chaîne de télévision Al Arabiya qu'en 1983, le gouvernement iranien avait apporté son soutien à un groupe armé commandé par Badr Eddine al-Houthi, le père du leader du mouvement Houthi.
Dans une interview exclusive avec la chaîne, Al-Alimi a révélé que cette année-là, la milice, dirigée par Al-Houthi et Salah Faletah, père du négociateur en chef des Houthis, avait attaqué des cibles civiles et militaires à Sanaa.
«Il devrait être évident pour tout le monde que le projet iranien a été conçu par un plan stratégique précoce et non en 2000 ou 2004. Le problème s'est posé après le retour de Khomeini et le lancement de la stratégie d'expansion régionale de l'Iran.
«L'émergence des cellules iraniennes au Yémen a coïncidé avec l'émergence du Hezbollah au Liban», a ajouté le président.
Il a souligné que de nombreux gouvernements yéménites ont, au cours des quatre dernières décennies, tenté d'alerter la communauté internationale sur la gravité de la situation, notamment lors des conflits entre 2004 et 2010.
Al-Alimi a fait remarquer que le gouvernement reconnu par la communauté internationale et le Conseil présidentiel était déterminé à faire respecter le cessez-le-feu négocié par les Nations unies qui a pris fin en octobre, ainsi que d'autres initiatives de paix visant à mettre fin à la guerre, malgré les violations constantes par les Houthis qui, depuis avril, ont fait des centaines de morts et de blessés parmi le personnel militaire gouvernemental.
«La milice terroriste a refusé de prolonger le cessez-le-feu et d'ouvrir les routes à Taïz jusqu'à ce jour», a-t-il signalé.
En octobre, le Conseil de défense nationale, présidé par Al-Alimi, a qualifié les Houthis de groupe terroriste après leur attaque sur des terminaux pétroliers dans les provinces méridionales d’Hadramaout et de Chabwa, entraînant la fermeture d'installations clés et l'arrêt des exportations de pétrole, principale source de revenus du gouvernement.
À la suite de ces attaques, le gouvernement yéménite pourrait ne pas être en mesure de payer les salaires de milliers d'employés du gouvernement. Les coûts de réparation des dommages causés aux installations d’Hadramaout ont été estimés à 50 millions de dollars (1 dollar américain = 0,94 euro), a-t-il ajouté.
«Nous exhortons la communauté internationale à passer de la condamnation à l'action en classant ce groupe terroriste comme une organisation terroriste. Il est affilié à des groupes terroristes tels que le corps des gardiens de la révolution islamique d'Iran et le Hezbollah.»
Al-Alimi a également accusé les Houthis de collaborer avec des groupes terroristes, notamment Daech et Al-Qaida, en libérant des militants, dont certains emprisonnés pour leur participation à l'attaque du destroyer USS Cole en 2000, en les armant, puis en les envoyant dans les zones libérées dans le but de lancer des attaques contre les troupes gouvernementales.
Le Conseil présidentiel yéménite, composé de huit membres, a pris ses fonctions en avril lorsque l'ancien président Abed Rabbo Mansour Hadi lui a délégué son pouvoir. Il est composé de personnalités militaires et politiques importantes ainsi que des gouverneurs de plusieurs provinces.
Al-Alimi, qui se trouve actuellement à Riyad, a réfuté les allégations des médias faisant état de divisions au sein du Conseil et a affirmé que lui et les autres membres du Conseil se rencontraient souvent en ligne et qu'ils retourneraient à Aden.
En ce qui concerne les réalisations du Conseil, il a souligné son travail de redynamisation des tribunaux et d'autres institutions publiques et le paiement régulier des employés de la fonction publique dans toutes les régions sous le contrôle du gouvernement.
«Aujourd'hui, tous les territoires libérés disposent de tribunaux, de parquets et d'institutions judiciaires pleinement opérationnels», a-t-il indiqué.
Concernant les relations du Yémen avec la coalition arabe, principalement l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, Al-Alimi a déclaré que le Royaume accueillait plus de 2 millions de Yéménites qui envoyaient au moins 4 milliards de dollars par an à leurs familles au Yémen, tandis que l'Arabie saoudite finançait également de nombreux projets tels que la rénovation d'un hôpital à Aden.
En outre, les EAU ont participé à la construction d'une centrale solaire de 120 mégawatts à Aden.
«La relation stratégique entre nous et le Royaume découle des intérêts du peuple yéménite, mais les Houthis ont donné aux intérêts de l'Iran la priorité sur ceux du peuple yéménite», a-t-il soutenu.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com