PARIS: A l'instar de nombreuses personnalités et défenseurs des droits humains depuis ce week-end, le réalisateur Asghar Farhadi a lui aussi demandé mardi la "libération" de l'actrice iranienne Taraneh Alidoosti, arrêtée samedi en Iran pour avoir soutenu la vague de protestation.
"Je suis aux côtés de Taraneh et je demande sa libération ainsi que celle de mes autres camarades cinéastes Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof, et de tous les autres prisonniers moins connus dont le seul crime est d'avoir voulu une vie meilleure", a affirmé Asghar Farhadi mardi sur Instagram.
Figure du cinéma iranien ("Leïla et ses frères"), Taraneh Alidoosti, 38 ans, a été arrêtée samedi pour des publications sur les réseaux sociaux en soutien aux protestations dénonçant notamment l'exécution de manifestants, ou dans lesquelles on la voit enlever son voile.
"Si montrer un tel soutien est un crime, alors des dizaines de millions de personnes de ce pays sont des criminels", a également écrit le cinéaste iranien, deux fois oscarisé, qui fit notamment jouer l'actrice dans "Le client" (Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2017).
Taraneh Alidoosti est la personnalité la plus renommée arrêtée en lien avec le mouvement de contestation agitant l'Iran depuis trois mois. Plusieurs personnalités du cinéma iranien ont aussi été inquiétées ou arrêtées par les autorités, avant même l'actuelle vague de contestation, comme les réalisateurs Mohammad Rasoulof et Jafar Panahi, toujours en détention.
Depuis ce week-end, les appels à la libération de l'actrice fusent, tant en Iran qu'à l'international.
"La courageuse actrice d'Iran a été arrêtée", a publié sur Instagram sa consœur Golshifteh Farahani, qui a débuté sa carrière en Iran avant de fuir le pays et de s'installer en France.
Le groupe pop britannique des Pet Shop Boys a lui dénoncé un "gouvernement fasciste" en Iran à la suite de cette arrestation, tandis que le festival de Cannes a demandé la "libération immédiate" de Taraneh Alidoosti.
La diplomatie américaine a joint sa voix à ces appels, le porte-parole du département d'Etat, Ned Price, disant mardi que les Etats-Unis "surveilleraient de près la manière dont le régime traite Mme Alidoosti" et demandant à Téhéran de cesser ces "détentions arbitraires".
"Cela fait partie des efforts du régime pour propager la peur et faire cesser ces manifestations pacifiques", a-t-il dénoncé devant la presse.
La contestation en Iran a été déclenchée par la mort, le 16 septembre, de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée après avoir été arrêtée à Téhéran par la police des moeurs. Depuis, des centaines de personnes ont été tuées, des milliers arrêtées et deux hommes de 23 ans ont été pendus.