PARIS: Cent députés, sénateurs et députés européens français "de tous bords politiques" se sont portés volontaires pour parrainer chacun un manifestant condamné à mort en Iran suite aux protestations qui secouent le pays depuis plusieurs semaines, ont annoncé mardi des collectifs français de défense des droits humains en Iran.
Avec ces parrainages, les parlementaires français veulent "visibiliser le sort macabre" des Iraniens condamnés à mort "pour avoir manifesté, chanté, ou posté contre le régime", ont souligné dans un communiqué les collectifs, rappelant que les condamnés "sont susceptibles de voir leur peine exécutée à tout moment".
Amnesty International a indiqué vendredi qu'au moins 26 personnes risquaient d'être exécutées en lien avec les manifestations en Iran déclenchées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans morte après son arrestation par la police des mœurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire imposant aux femmes le port du voile en public.
L'objectif de ces parrainages est de faire "un maximum de bruit pour mettre une pression diplomatique" et espérer "un sursis de ces exécutions", a déclaré à l'AFP l'avocate Chirinne Ardakani, membre du collectif Iran Justice.
Lancée il y a deux jours, cent parlementaires ont déjà répondu à cette initiative transpartisane. "Très rapidement beaucoup de députés se sont manifestés", note le député socialiste Jérome Guedj.
Concrètement, chacun des parlementaires est appelé à médiatiser le sort du condamné à mort qu'il parraine "en entreprenant un travail de plaidoyer actif et constant auprès de toutes autorités utiles", a précisé le communiqué.
"Moi j'ai choisi de tweeter en français et en persan pour que ce soit lisible par le plus grand nombre", a expliqué le député d'origine iranienne Hadrien Ghomi, de la majorité présidentielle, Renaissance.
"C'est un soutien essentiellement symbolique", reconnaît le député de la gauche radicale LFI Arnaud Le Gall.
De leur côté, les collectifs sensibilisent les parlementaires grâce aux informations qu'ils rassemblent, en provenance d'ONG et de sources locales, sur les personnes qui seraient condamnées à mort.
Des informations parfois difficiles à obtenir et à vérifier comme l'a montré la confusion autour d'un tweet de Clémentine Autain. La députée LFI a affirmé, se basant sur des informations des collectifs, que Mehdi Mohammad Karami serait exécuté mardi matin. Une exécution qui n'a finalement pas eu lieu et qui a été démentie après coup sur Twitter par un homme se présentant comme un avocat proche des familles de victimes.
"L'enjeu c'est d'avoir des nouvelles un peu plus fines sur chacun de ces condamnés à mort", souligne Jérome Guedj.
Ces types de parrainages ont aussi été mis en place auprès de parlementaires allemands, norvégiens et canadiens.