Le Maroc est devenu la vedette du football mondial après avoir atteint les demi-finales de la Coupe du Monde de la Fifa. Or, son parcours, qui a été suivi de très près par le monde entier, et par le monde arabe en particulier, ne devait rien au hasard.
Il y a quatre ans, en Russie, les Lions de l’Atlas avaient hérité d’un groupe redoutable avec l’Espagne, le Portugal et l’Iran. Ils n’ont pas réussi à accéder à la phase finale. Cette année, l’histoire de l’Arabie saoudite semble similaire: elle aussi s’est trouvée dans un groupe difficile, avec l’Argentine, la Pologne et le Mexique. Les joueurs saoudiens ont été impressionnants, mais ils ne sont pas parvenus à sortir de leur groupe.
Hervé Renard est le lien entre ces deux équipes et ces deux événements. En 2018, il était le sélectionneur du Maroc; aujourd’hui, il est l’entraîneur des Faucons verts. Il a marqué cette compétition et, comme son contrat court jusqu’en 2027, ce sera à nouveau le cas lors de la prochaine Coupe du monde.
Il a dû être fier de son ancienne équipe lorsqu’il l’a vue vaincre le Portugal en quarts de finale. Et cela lui a sûrement apporté un regain de motivation avec l’équipe dont il a désormais la charge. Les parallèles sont donc évidents: ce que le Maroc a fait en quatre ans entre la Russie et le Qatar, l’Arabie saoudite pourrait le faire entre le Qatar et les États-Unis, le Canada et le Mexique – les trois pays qui organiseront la Coupe du monde en 2026.
Renard a passé trois ans et demi au Maroc avant de partir pendant l’été 2019, passant de Rabat à Riyad. Il a vu l’académie Mohamed VI, un centre de formation de niveau mondial, ouvrir ses portes en 2009 avec des installations, un encadrement et une éducation de premier ordre. Parmi les diplômés, on compte désormais des joueurs de renommée mondiale tels qu’Azzedine Ounahi, Youssef en-Nesyiri et Nayef Aguerd.
La patience et les efforts – à tous les niveaux – ont été récompensés: les footballeuses marocaines ont atteint la finale de la Coupe d’Afrique des nations cette année et elles sont devenues la première équipe du monde arabe à se qualifier pour la Coupe du monde féminine, qui aura lieu l’été prochain.
Cette philosophie et cette politique ne sont pas courantes dans un monde arabe rempli de fédérations, de clubs et d’équipes nationales qui cherchent des résultats immédiatement. Le succès du Maroc ne devrait pas uniquement être une source d’inspiration qui montre le potentiel des équipes arabes dans le monde, mais il pourrait également démontrer l’importance du travail acharné réalisé dans les coulisses.
L’Arabie saoudite est toujours sur cette voie et des améliorations ont été faites ces dernières années. Le succès des différentes équipes de jeunes en témoigne. En effet, l’équipe des moins de 23 ans a rugi vers le titre asiatique en juin dernier, soulevant le trophée après avoir joué «à la marocaine» – sans encaisser le moindre but. Le groupe était pourtant relevé, avec le Japon, les Émirats arabes unis et le Tadjikistan.
Ensuite sont venues les victoires à élimination directe contre le Vietnam, l’Australie puis l’Ouzbékistan en finale. Les équipes des moins de 19 ans et moins de 20 ans sont également championnes d’Asie et elles ont remporté les deux dernières Coupes arabes des moins de 20 ans. On le voit, tous ces résultats sont d’excellent augure. Le pays abrite les champions d’Asie et on peut donc considérer que la Ligue professionnelle saoudienne est la plus forte du continent; son seul vrai rival est le Japon.
Pour ceux qui ont regardé le parcours de l’équipe saoudienne au Qatar, les exploits de cette équipe n’ont pas été surprenants. La victoire spectaculaire et méritée contre l’Argentine lors du match d’ouverture a évidemment constitué une surprise majeure. Mais on s’attendait à ce que l’équipe saoudienne soit compétitive et qu’elle pose des difficultés à ces Argentins – qui finiront par être sacrés champions du monde.
Cependant, il y a eu une malheureuse défaite (0-2) contre la Pologne: l’équipe avait bien commencé, mais elle a raté un penalty, se heurtant à un gardien de but affûté. Puis les Faucons verts ont essuyé une nouvelle défaite, contre le Mexique (1-2). Dans un groupe difficile, l’Arabie saoudite aura fait mieux que se défendre; elle était proche de la qualification.
Le Maroc avait quelque chose que les footballeurs saoudiens n’ont pas: une équipe nationale composée de joueurs qui vivent à l’étranger. Cela sera probablement la prochaine étape pour l’Arabie Saoudite, dont les joueurs habitent à domicile. Étant donné la manière dont cette équipe s’exprime, il y a un véritable intérêt pour certains joueurs en Europe. Saoud Abdelhamid a eu des contacts avec des clubs en Angleterre, en Italie et en Espagne. Mohamed Kanno figure également parmi les prétendants. Ce ne sera évidemment pas facile pour les pionniers, mais, s’ils réussissent à trouver leur place et à se frayer un chemin vers l’Europe, d’autres suivront.
Il s’agit d’un rêve: des stars qui partent vers l’étranger pour s’améliorer et apporter leur expérience internationale, tout en représentant leur pays et en laissant à des jeunes prometteurs l’opportunité de se créer un nom. C’est ainsi que fonctionne le cercle vertueux.
Renard adorerait voir certains de ses joueurs se diriger vers le nord. Il a joué un rôle certain sur l’épopée enthousiasmante du Maroc et a montré que l’équipe d’Arabie saoudite possédait des atouts. Si l’histoire venait à se répéter, le monde devrait à nouveau entendre parler des Faucons verts en 2026.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com