DOHA: Humble et "bûcheur", bien loin de l'image de "play-boy" qu'il renvoie parfois, le Français Hervé Renard commence mardi contre l'Argentine (10h00 GMT) sa deuxième Coupe du monde d'affilée, cette fois à la tête de l'Arabie saoudite, un "rêve d'enfant" pour lui.
Délit de belle gueule. Avec son teint hâlé, sa chemise blanche et ses cheveux longs, "de l'extérieur on pense que c'est un play-boy, mais pas du tout", assure à l'AFP sa compagne, Viviane Dièye.
"Et quand on lui dit qu'il est beau, il répond que non", rigole-t-elle.
Gaël Mahé, agent Fifa de matches internationaux qui connaît Renard du temps où il était l'adjoint de Claude Le Roy avec le Ghana (2007-2008), salue pour sa part "une personnalité à la fois rayonnante et charismatique".
Il décrit "un technicien bûcheur, devenu aujourd'hui l'entraîneur français en poste à l'étranger le plus emblématique", le seul sélectionneur vainqueur de deux Coupes d'Afrique avec deux pays différents, la Zambie (2012) et la Côte d'Ivoire (2015).
Et même s'il s'apprête à disputer sa deuxième Coupe du monde, après avoir guidé le Maroc en 2018, Renard "a su garder la même humilité qu'à ses débuts", juge Mahé.
Viviane Dièye confirme: "Hervé est très humble, il n'oublie jamais d'où il vient".
«Reconnaissance» envers Le Roy
"J'ai commencé ma carrière d'entraîneur en 1998, à 30 ans, en National 3 à Draguignan", raconte-t-il à l'AFP. En ces temps-là, le Mondial, "c'est un rêve d'enfant, qui paraissait même inimaginable".
Il s'est lancé tôt sur le banc: "Je n'ai pas fait la carrière de joueur dont j'aurais rêvé, et à juste titre (un seul match en L1 avec Cannes, NDLR), j'ai essayé de me rattraper en tant qu'entraîneur".
Renard monte aussi son entreprise de nettoyage de villas sur la Côte d'Azur, RV Net, commence à travailler à 3h00 du matin puis entraîne le soir Draguignan.
"Je n'ai pas travaillé dans une mine dans le nord de la France", nuance-t-il, "mais j'ai fait un métier difficile. Comme beaucoup de monde qui doit se lever de bonne heure pour aller travailler et a des journées bien remplies".
C'était déjà "un gros bosseur", assure à Ouest-France l'homme qui lui a soufflé l'idée de monter sa boîte, Pierre Romero.
"J'ai eu par ma maman, qui est d'origine polonaise, une éducation un peu sévère mais pour mon profil c'était la meilleure des choses", sourit Renard.
Romero, "qui a été un peu un papa" dixit Renard, va aussi lui offrir la rencontre qui va "changer (son) destin": Claude Le Roy, dont il deviendra l'adjoint.
"J'aurai toujours de la reconnaissance envers Claude", appuie le coach saoudien. "Il y a plein d'entraîneurs très compétents en N1 et N2 en France, mais qui ne sortiront jamais de cette division. Moi j'en suis sorti par une rencontre, ensuite j'ai eu la capacité de m'adapter."
«Apprécier le moment présent»
"C'est ce chemin parcouru dont je suis le plus fier, avec des hauts et des bas, mais sur ma route j'ai eu des expériences exceptionnelles, et à la fin il ne restera que les grandes lignes", poursuit Renard.
Oubliés les passages mitigés à Sochaux (2013-2014) ou Lille (2015)... Depuis 2019, il dirige les "Faucons Verts" d'Arabie Saoudite, et a même prolongé récemment jusqu'en 2027.
Intraitable à domicile, son équipe a traversé de brillantes qualifications, avec une seule défaite au Japon.
Dans le groupe de l'Argentine, de la Pologne et du Mexique, "on fait partie des plus petites équipes de cette Coupe du monde", prévient le technicien, "il faut se préparer un peu plus pour être performant".
"L'important c'est de vivre ses rêves, d'apprécier le moment présent", poursuit le coach.
C'est souvent devant un cappuccino qu'il savoure le plus sa bonne fortune, la boisson qu'il sirotait aussi quand il avait fini son premier emploi du matin, à Draguignan.
"C'est un moment convivial, un moment de détente", conclut-il. Quand je prends un petit café ou un petit cappuccino, tranquillement, j'aime bien rétrospectivement penser à toutes ces années passées et ce qu'il y a encore à faire, et toujours avec la même réflexion: c'est une chance inouïe de faire ce métier."