Les Pays-Bas présentent des excuses officielles pour l'esclavage

Les invités ont écouté le Premier ministre des Pays-Bas Mark Rutte présenté les excuses officielles du gouvernement pour le rôle de l'Etat néerlandais dans 250 ans d'esclavage. (Photo, AP)
Les invités ont écouté le Premier ministre des Pays-Bas Mark Rutte présenté les excuses officielles du gouvernement pour le rôle de l'Etat néerlandais dans 250 ans d'esclavage. (Photo, AP)
Short Url
Publié le Mardi 20 décembre 2022

Les Pays-Bas présentent des excuses officielles pour l'esclavage

Les invités ont écouté le Premier ministre des Pays-Bas Mark Rutte présenté les excuses officielles du gouvernement pour le rôle de l'Etat néerlandais dans 250 ans d'esclavage. (Photo, AP)
  • Les excuses ont été saluées comme un «tournant dans l'histoire du royaume» néerlandais, mais le manque d'actions concrètes de la part du gouvernement a été déploré au Suriname
  • Les organisations de commémoration de l'esclavage souhaitaient que ces excuses soient présentées le 1er juillet 2023, date marquant les 150 ans de la fin de l'esclavage

LA HAYE: Le Premier ministre des Pays-Bas Mark Rutte a présenté lundi à La Haye les excuses officielles du gouvernement pour le rôle de l'Etat néerlandais dans 250 ans d'esclavage, qu'il a qualifié de "crime contre l'humanité".

Les excuses ont été saluées comme un "tournant dans l'histoire du royaume" néerlandais. Mais le manque d'actions concrètes de la part du gouvernement a été déploré au Suriname, et la Première ministre de Sint Maarten a fustigé le manque de dialogue de la part des Pays-Bas.

"Aujourd'hui, je présente des excuses au nom du gouvernement néerlandais pour les actions de l'Etat néerlandais dans le passé : à titre posthume à tous les esclaves du monde entier qui ont souffert de cet acte. À leurs filles et fils et à tous leurs descendants", a déclaré M. Rutte.

"Nous ne pouvons que reconnaître et condamner l'esclavage dans les termes les plus clairs comme un crime contre l'humanité", a-t-il affirmé.

Au même moment, plusieurs de ses ministres étaient présents dans sept anciennes colonies, au Suriname et dans les Caraïbes, pour discuter de la question avec les habitants.

"Des personnes ont été transformées en marchandise. La dignité humaine a été foulée aux pieds, d'une manière horrible", a ajouté M. Rutte, avant de dire "Je suis désolé" en anglais, en sranan (créole surinamien) et en papiamento (créole des Antilles néerlandaises).

"Je ne remarque pas grand-chose à propos d'actions des Pays-Bas et c'est dommage" a réagi Iwan Wijngaarde, président de la Fédération des Afro-Surinamiens à Paramaribo.

"Ce qui manquait complètement dans ce discours, c'est la responsabilité et l'imputabilité" a déclaré Armand Zunder, président de la Commission nationale de réparation du Suriname, tout en relevant que la reconnaissance y était claire.

Le gouvernement a promis plusieurs événements de commémorations majeurs à partir de l'année prochaine, et annoncé un fonds de 200 millions d'euros destiné à des initiatives sociales.

"Nous pensons qu'à terme, il devrait y avoir un fonds qui se comptera en termes de milliards", a déclaré M. Zunder.

Controverse

Evelyn Wever-Croes, Première ministre d'Aruba, petite île des Antilles néerlandaises a salué un "tournant dans l'histoire du royaume" auprès de l'agence de presse néerlandaise ANP.

Mais la volonté du gouvernement de présenter des excuses lundi, qui avait fuité dans la presse néerlandaise, suscitait depuis plusieurs semaines une vive controverse aux Pays-Bas et outre-mer.

Les organisations de commémoration de l'esclavage souhaitaient que ces excuses soient présentées le 1er juillet 2023, date marquant les 150 ans de la fin de l'esclavage.

Certains demandent également des compensations.

La Première ministre de Sint Maarten, Silveria Jacobs a regretté lundi des "excuses forcées" mais invité les Pays-Bas au dialogue.

"Nous n'en sommes pas au stade où nous pouvons accepter ou rejeter les déclarations/excuses", a-t-elle déclaré à la radiodiffusion publique NOS.

"Je pense que des excuses devraient être présentées au Suriname", a également réagi Sangita Kalloe, institutrice à Paramaribo.

«Siècle d'or»

L'esclavage a contribué à financer le "Siècle d'or" néerlandais, période de prospérité grâce au commerce maritime aux XVIe et XVIIe siècles. Le pays a procédé à la traite d'environ 600 000 Africains, principalement vers l'Amérique du Sud et les Caraïbes.

À l'apogée de son empire colonial, les Provinces-Unies, connues aujourd'hui sous le nom de Pays-Bas, possédaient des colonies comme le Suriname, l'île caribéenne de Curaçao, l'Afrique du Sud et l'Indonésie, où la Compagnie néerlandaise des Indes orientales était basée au XVIIe siècle.

L'esclavage a formellement été aboli au Suriname et dans d'autres territoires détenus par les Néerlandais le 1er juillet 1863, mais n'a vraiment pris fin qu'en 1873 après une période de "transition" de 10 ans.

Des ministres néerlandais étaient lundi dans les îles des Caraïbes: Bonaire, Sint Maarten, Aruba, Curaçao, Saba et Saint-Eustache, et au Suriname.

Ces dernières années, les Pays-Bas ont commencé à regarder en face leur rôle dans l'esclavage. Les villes d'Amsterdam, Rotterdam, Utrecht et La Haye ont officiellement présenté leurs excuses.

Mark Rutte a longtemps émis des réserves quant à la présentation d'excuses officielles, affirmant par le passé que la période de l'esclavage était trop ancienne et que des excuses attiseraient les tensions dans un pays où l'extrême droite reste forte.

"J'avais tort", a-t-il reconnu lundi, même si selon un récent sondage à peine 38% de la population adulte était en faveur d'excuses officielles.

"Des siècles d'oppression et d'exploitation affectent le présent, dans les stéréotypes racistes, la discrimination et l'inégalité sociale", a-t-il ajouté.


«Tout est sur la table »: le Canada se prépare à répondre aux menaces économiques de Trump

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime lors d'une conférence de presse à Rideau Cottage à Ottawa, Canada, le 6 janvier 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime lors d'une conférence de presse à Rideau Cottage à Ottawa, Canada, le 6 janvier 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants provinciaux ont déclaré mercredi que toutes les options étaient sur la table pour répondre à la possible augmentation des droits de douane par les Etats-Unis
  • Depuis que le président élu américain a annoncé son intention de faire passer les taxes douanières à 25% avec ses voisins pour son retour à la Maison Blanche lundi prochain, le Canada cherche une parade

OTTAWA: Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants provinciaux ont déclaré mercredi que toutes les options étaient sur la table pour répondre à la possible augmentation des droits de douane par les Etats-Unis, tout en gardant l'espoir d'éviter une guerre commerciale.

Depuis que le président élu américain a annoncé son intention de faire passer les taxes douanières à 25% avec ses voisins pour son retour à la Maison Blanche lundi prochain, le Canada cherche une parade.

"Si l'administration américaine choisit de mettre en œuvre son augmentation des droits de douane, nous réagirons de manière ciblée, énergique et résolue", a expliqué Justin Trudeau.

"Tout est sur la table", a-t-il ajouté.

Selon une source gouvernementale à l'AFP, Ottawa réfléchit notamment à imposer des droits de douane plus élevés sur certains produits en acier, sur les céramiques telles que des toilettes et des éviers, de la verrerie et du jus d'orange de Floride.

Les dirigeants des provinces et de l'opposition ont également évoqué la possibilité de bloquer les exportations de pétrole, d'électricité et de minéraux critiques du Canada.

Mais la Première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, s'est désolidarisée de ses collègues sur ce point, refusant mercredi de signer le communiqué final de la réunion. Elle s'oppose à toute perturbation en matière d'exportations pétrolières: plus de trois millions de barils de pétrole sont expédiés quotidiennement depuis sa province vers les États-Unis.

"L'Alberta n'acceptera tout simplement pas de droits de douane sur l'exportation de notre énergie ou d'autres produits, et nous ne soutenons pas non plus une interdiction des exportations de ces mêmes produits", a-t-elle posté sur X.

A l'inverse, son homologue de l'Ontario, moteur économique du pays, préconise une réponse forte. "Je suis désolé mais lorsque quelqu'un attaque votre pays et tente de priver des gens de leurs moyens de subsistance, il faut se battre comme on ne l'a jamais fait auparavant", a déclaré Doug Ford.

Ce dernier a expliqué que 500.000 emplois seraient en danger dans sa province si Donald Trump augmentait les droits de douane à 25%.

Cette mesure serait catastrophique pour le Canada selon les experts. Les Etats-Unis en sont en effet le premier partenaire commercial et la destination de 75% de ses exportations. Près de 2 millions de personnes au Canada en dépendent, sur une population de 41 millions d'habitants.


Le secrétaire d'État désigné par Trump appelle à une « diplomatie audacieuse » pour mettre fin à la guerre en Ukraine

Le sénateur américain Marco Rubio témoigne devant une audience du comité sénatorial des relations étrangères sur sa nomination à la fonction de secrétaire d’État, au Capitole de Washington, DC, le 15 janvier 2025. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
Le sénateur américain Marco Rubio témoigne devant une audience du comité sénatorial des relations étrangères sur sa nomination à la fonction de secrétaire d’État, au Capitole de Washington, DC, le 15 janvier 2025. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
Short Url
  • L'actuel sénateur républicain de Floride a affirmé que le principal problème de l'Ukraine n'était pas qu'elle soit « à court d'argent », mais plutôt « à court d'Ukrainiens ».
  • « La vérité, c'est que dans ce conflit, la Russie ne peut en aucun cas s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine », a-t-il affirmé.

WASHINGTON : Marco Rubio, désigné secrétaire d'État par Donald Trump, a appelé mercredi à une « diplomatie audacieuse » des États-Unis pour mettre un terme à la guerre menée en Ukraine par la Russie.

« Cette guerre doit cesser, et cela devrait être la politique officielle des États-Unis que nous voulons qu'elle cesse », a déclaré le probable futur chef de la diplomatie américaine lors de son audition de confirmation au Sénat.

L'actuel sénateur républicain de Floride a affirmé que le principal problème de l'Ukraine n'était pas qu'elle soit « à court d'argent », mais plutôt « à court d'Ukrainiens ».

« La vérité, c'est que dans ce conflit, la Russie ne peut en aucun cas s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine », a-t-il affirmé.

Mais « il est également irréaliste de croire qu'une nation de la taille de l'Ukraine, aussi compétente soit-elle (...), puisse repousser ces gens jusqu'à l'endroit où ils se trouvaient la veille de l'invasion » en 2022, a ajouté Marco Rubio.

Le 20 janvier, dès son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a promis de résoudre le conflit en « 24 heures », ce qui fait craindre à l'Ukraine d'être forcée à faire des concessions majeures en échange de la paix. Or, Moscou a gagné du terrain ces derniers mois, tandis que l'armée ukrainienne, épuisée, manque de moyens.

Mercredi, Marco Rubio a également affirmé que « le rôle des États-Unis et de l'OTAN au XXI^e siècle » devait être remis en question.

Tout en reconnaissant l'importance de l'Alliance atlantique pendant la Guerre froide, le sénateur a affirmé qu'il était important pour les États-Unis d'avoir « non seulement des alliés de défense », mais aussi « des alliés de défense compétents, capables de défendre leur région ».

Début janvier, Donald Trump avait déclaré que les pays de l'Otan devaient accroître leur budget de défense pour le porter à 5 % de leur PIB.

Le président élu ne cache pas son mépris pour l'Alliance atlantique, pilier de la sécurité en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Il avait notamment semé la panique durant la campagne électorale en menaçant de ne plus garantir la protection des pays de l'Otan face à la Russie tant que ceux-ci ne consacreraient pas un budget suffisant à leur défense.


L'UE appelle les 27 à scruter les investissements des entreprises à l'étranger pour endiguer les fuites de technologies

Short Url
  • La Commission européenne a recommandé aux États membres de l'UEd'examiner les risques d'investissements étrangers de leurs entreprises, craignant des fuites de technologies
  • Bruxelles recommande aux Vingt-Sept de « réexaminer » les « risques pour la sécurité économique » des transactions entre les entreprises européennes et celles de « pays tiers »

BRUXELLES : La Commission européenne a recommandé mercredi aux États membres de l'UE d'examiner les risques d'investissements étrangers de leurs entreprises, craignant des fuites de technologies dans trois secteurs clés : les semi-conducteurs, l'intelligence artificielle et le quantique.

Bruxelles recommande aux Vingt-Sept de « réexaminer » les « risques pour la sécurité économique » des transactions entre les entreprises européennes et celles de « pays tiers » dans ces trois domaines.

La Commission ne mentionne pas l'invasion russe en Ukraine, la concurrence de la Chine ou l'arrivée au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis, mais le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, évoque le contexte « géopolitique » et les « risques potentiels » qu'il peut entraîner.

« L'objectif est d'empêcher les investissements sortants de l'UE d'avoir une incidence négative sur la sécurité économique de l'Union en veillant à ce que des technologies et un savoir-faire essentiels ne tombent pas entre de mauvaises mains », a expliqué la Commission.

Le réexamen demandé par Bruxelles « doit durer 15 mois et couvrir les transactions en cours et passées, en remontant jusqu'au 1^(er) janvier 2021 ».

Les États membres sont invités à fournir un premier rapport d'avancement pour le 15 juillet, puis un rapport complet sur les risques identifiés pour le 31 mars 2026.

La souveraineté industrielle est au cœur du nouveau mandat de l'exécutif européen, dans le sillage du rapport de Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) et ancien Premier ministre italien, qui doit être publié en 2024.

L'Europe accuse un retard économique par rapport aux États-Unis et accroît sa dépendance envers la Chine, a-t-il mis en garde.