KUALA LUMPUR : Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim a remporté lundi un vote de confiance au Parlement, consolidant ainsi son mandat un mois après qu'un résultat électoral peu concluant l'ait contraint à s'allier à ses anciens rivaux politiques.
Ce soutien s'est exprimé par un vote oral, les partisans de la direction d'Anwar Ibrahim submergeant ceux qui s'opposaient à lui, a indiqué Johari Abdul, président de la chambre basse du Parlement.
Anwar Ibrahim a déclaré à l'AFP qu'il avait le soutien de 148 des 222 membres de la législature, lui conférant la majorité des deux tiers nécessaire pour faire adopter des réformes après les élections générales controversées du 19 novembre.
Johari Abdul, président de la chambre basse du Parlement et proche allié d'Anwar Ibrahim, avait lui obtenu 147 voix pour son poste plus tôt dans la journée, alors qu'un député de la coalition au pouvoir étant absent, a déclaré Shamsul Iskandar Mohamad Akin, un assistant du premier ministre qui avait d'abord annoncé 148 voix.
Des analystes estiment que cette majorité claire devrait apporter la stabilité politique à la nation d'Asie du Sud-Est, qui a connu quatre changements de direction en quatre ans.
La coalition Pakatan Harapan (Alliance de l'espoir) d'Anwar Ibrahim avait remporté 82 sièges, en tête de ses rivaux mais en deçà de la majorité simple nécessaire pour former un gouvernement.
Une impasse politique de plusieurs jours s'en était suivie, alors qu'un groupe rival dirigé par l'ancien Premier ministre Muhyiddin Yassin déclarait qu'il avait également recueilli le soutien de la majorité, forçant le roi de Malaisie à intervenir.
Anwar Ibrahim, chef de l'opposition de longue date, a prêté serment en tant que 10e Premier ministre du pays le 24 novembre pour diriger un gouvernement d'union.
Funambule politique
Avant le vote de confiance, des questions subsistaient sur la légitimité d'Anwar Ibrahim dans ses fonctions, compte tenu de l'intervention du roi pour le nommer.
"Le gouvernement Anwar Ibrahim ne peut en aucun cas être stable durant les cinq prochaines années", a déclaré à l'AFP l'analyste politique malaisien Oh Ei Sun.
Il marchera probablement sur la corde raide politique alors qu'il "continue d'apaiser ses partenaires de la coalition" tout en faisant face à une flambée des prix alimentaires et au ralentissement de l'économie, a ajouté Oh Ei Sun.
Ancien leader étudiant, Anwar était une étoile politique montante dans les années 1990, devenant ministre des Finances et vice-Premier ministre sous le patriarche politique malaisien Mahathir Mohamad. Mais les deux hommes se sont disputés sur la manière de gérer la crise financière asiatique de 1997-98.
Anwar Ibrahim a été limogé et jeté en prison pour corruption et sodomie, des accusations qui, selon lui, étaient orientées politiquement. Il a de nouveau été emprisonné pour sodomie en 2015, une accusation qu'il a niée et pour laquelle il a été gracié par le roi trois ans après le début de sa peine.
Mahathir Mohamad et Anwar Ibrahim se sont unis à l'occasion des élections générales de 2018 pour évincer Najib Razak, du parti Barisan Nasional.
Mais leur alliance s'est effondrée après 22 mois.