PARIS : Le scandale de corruption présumé impliquant le Qatar au Parlement européen et visant notamment la vice-présidente de l'institution, Éva Kaili, n'est que «la face émergée de l'iceberg», a dénoncé samedi l'eurodéputée insoumise Manon Aubry, demandant une enquête dans les 27 États de l'Union.
«Aujourd'hui ce qui a été révélé, ce n'est que la face émergée de l'iceberg», a asséné la coprésidente du groupe de Gauche sur franceinfo, même si «évidemment l'ensemble des députés européens au Parlement ne sont pas corrompus».
L'institution a été ébranlée par la révélation d'un scandale de corruption présumé visant notamment l'eurodéputée grecque Éva Kaili, soupçonnée d'avoir été payée par le Qatar pour défendre les intérêts de l'émirat qui accueille actuellement le Mondial de football.
Mme Kaili a été déchue de sa vice-présidence par le Parlement et fait l'objet d'une enquête préliminaire du parquet financier d'Athènes pour «corruption» et «blanchiment d'argent» en coopération avec la justice belge. En détention, elle clame son innocence.
Trois autres personnes, dont son compagnon, sont également visés.
«Il faut qu'il y ait une enquête dans les 27 États membres. L'ampleur de ce scandale, les effets que j'ai pu voir et dénoncé déjà depuis un mois démontre clairement que ce ne sont pas quelques cas isolés, il faut faire le jour sur l'ensemble du réseau», a plaidé Manon Aubry.
Contre une «démocratie européenne malade», elle a exhorté à nouveau à la mise en place d'une «autorité éthique indépendante» pour mieux contrôler les activités de lobbying et mieux contrôler les délais de carence «pas toujours respectés» concernant les anciens commissaires européens qui seraient tentés de «vendre leur carnet d'adresses».
«Aujourd'hui au Parlement européen il n'y a pas d'instance qui peut contrôler les conflits d'intérêts. Le registre de transparence dans lequel on renseigne les rendez-vous avec les lobbys, moi je le fais mais il n'est pas obligatoire», a-t-elle regretté. «Il faut que ce soit mis en place d'ici la fin du mandat en 2024».
Jeudi, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a annoncé des réformes «d'ampleur» pour 2023 parlant de «lacunes» concernant «les activités d'anciens membres du Parlement européen» et «les inscriptions sur le registre de transparence».
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a réitéré sa proposition d'une «autorité indépendante» qui «couvrirait toutes les institutions de manière uniforme».