CRÉTEIL: Treize ans de réclusion criminelle ont été requis jeudi en France contre un sulfureux homme d'affaires, Arnaud Mimran, jugé en appel pour avoir séquestré en 2015 un richissime financier suisse en vue de lui extorquer des millions d'euros.
Arnaud Mimran, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, "est au cœur" d'opérations "soigneusement élaborées", a estimé l'avocat général Jean-Christophe Muller devant la cour d'Assises du Val-de-Marne, près de Paris.
Le 15 janvier 2015, un trader suisse avait été enlevé par quatre hommes encagoulés et conduit dans un appartement du nord de Paris. Ses geôliers lui ont fait acheter pour quelques millions d'euros de titres d'une société de droit américain détenue de fait par Arnaud Mimran.
La victime a finalement été libérée après presque six jours de séquestration.
Condamné en premier instance en juin 2021 à treize ans de réclusion, M. Mimran comparaît à nouveau depuis le 6 décembre pour enlèvement, séquestration et extorsion en bande organisée avec un autre accusé, condamné lui à huit ans de prison.
Pour cet homme qui comparaît libre, l'avocat général a demandé une peine de cinq ans d'emprisonnement.
"J'ai fait des choses graves, des fraudes, des délits financiers, je le reconnais et je n'en suis pas fier, mais je ne suis ni dangereux, ni violent, je n'ai pas participé à une séquestration pour de l'argent", a dit mercredi Arnaud Mimran pour sa défense.
Endetté, il aurait décidé de monter cette "opération" pour gagner de l'argent rapidement, en faisant venir le banquier suisse sous un faux prétexte.
Pour l'avocat général, Arnaud Mimran est plutôt "quelqu'un d'agréable, quelqu'un qui se moque de tout, qui prend tout à la rigolade", mais il y voit "un rire triste qui fait je crois toute la complexité de sa personnalité".
Une avocate de la victime a rappelé que son client, qui a vécu pendant plusieurs jours "avec la certitude qu'il allait être tué", avait été "cagoulé, entravé, frappé", lors de la séquestration.
Lors du premier procès, deux hommes, dont le champion de boxe thaï Farid Khider, ont été acquittés. Deux autres encore, dont un absent à l'audience mais arrêté depuis, ont été condamnés mais n'ont pas fait appel.
Le verdict est attendu vendredi.