LYON: Farès D., conducteur d'un fourgon qui a mortellement fauché le policier Franck Labois en 2020 dans une tentative de fuite, a été condamné mercredi soir à 30 ans de réclusion par la cour d'assises de Lyon.
Dans leur verdict rendu après cinq heures de délibéré, les jurés ont retenu l'"extraordinaire gravité de ce geste" résultant selon eux de la volonté de l'accusé "d'échapper coûte que coûte à une interpellation", avec pour conséquence la mort du policier du Groupe d'appui opérationnel (GAO) dans la nuit du 10 au 11 janvier 2020.
Dans ses réquisitions, l'avocat général Olivier Nagabbo avait réclamé la réclusion à perpétuité pour l'accusé de 24 ans, estimant qu'il n'y avait "aucun doute" sur son intention de tuer.
"Il y avait la volonté d'écraser Franck Labois et de passer coûte que coûte", a avancé l'avocat général, relevant que l'accusé n'avait fait état d'"aucun remords".
Selon lui, "l'intention dure pendant toute l'accélération" du fourgon. "Il est impossible que vous n'ayez pas compris que celui qui était sous vos roues était en train d'être traîné", a fait écho Me Jean-François Barre, avocat de la famille du policier.
Jugé depuis lundi pour meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions, l'accusé a nié toute volonté de tuer Franck Labois, alors que ses proches l'ont décrit comme "gentil et calme", mais aussi "influençable".
La nuit du drame, le policier du GAO participait à une opération visant à interpeller une équipe de malfaiteurs qui venait de dérober un chargement de lessive en Isère.
En périphérie de Lyon, le fourgon Volkswagen qui transporte la marchandise volée se retrouve coincé par deux véhicules et tente une manoeuvre pour se dégager, percutant de plein fouet Franck Labois, dressé sur son chemin arme au poing.
Il ne sera relevé aucune trace de freinage au sol et le policier, qui a été traîné sur plusieurs mètres, décèdera trois jours plus tard. L'enquête a permis de remonter à trois hommes, dont Farès D., finalement arrêté cinq jours plus tard.
Pour les parties civiles le caractère volontaire ne faisait aucun doute. "S'il ne le fait pas, il pense qu'il va se faire tirer dessus", a asséné Me Laurent-Franck Liénard, qui représentait les collègues de Franck Labois.
De son côté, la défense s'est élevée contre la peine requise: "La perpétuité, c'est tuer tout espoir", particulièrement pour un homme dans sa vingtaine, avait soutenu Me Julien Charle.
Dans sa dernière prise de parole, l'accusé s'est adressé "à la famille, aux frères, à la mère" de la victime. "Je m'excuse, sincèrement", a-t-il simplement déclaré.