DOHA: Sacrée il y a quatre ans à Moscou, la France a battu mercredi le Maroc (2-0) pour atteindre sa quatrième finale de Coupe de monde après 1998, 2006 et 2018.
Il se passe toujours quelque chose quand les Bleus arrivent jusque-là... Pour le meilleur (1998, 2018) ou pour le pire (2006).
«Et 1, et 2, et 3-0»
12 juillet 1998, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)
Brésil-France 0-3
Les mots d'Aimé Jacquet, avant la finale, sont prophétiques: "Sur les coups de pied arrêtés, ils sont assez dilettantes", relève le sélectionneur avant de défier le Brésil au Stade de France.
Concentré, Zinédine Zidane écoute religieusement. C'est lui qui marquera les deux premiers buts de la tête, d'abord après un corner d'Emmanuel Petit (27e), puis un autre de Youri Djorkaeff juste avant la pause.
En seconde période, les Brésiliens de Ronaldo (malade le jour du match) retrouvent un peu d'espoir après l'expulsion de Marcel Desailly (67e).
Mais les Bleus, portés par leur public, résistent à tout et concluent même le score par un ultime but d'Emmanuel Petit (90e+3).
"Et 1, et 2, et 3-0", hurle tout un pays qui fête ses héros sur les Champs-Élysées, avec le visage de "Zizou" projeté sur l'Arc de triomphe, accompagné du slogan "Zidane président".
«Pas ça Zinédine, pas aujourd'hui»
9 juillet 2006, à Berlin
Italie-France, 1-1 (5-3 aux t.a.b.)
Un coup de boule de Zidane et un grand sentiment de gâchis: voilà ce qu'il restera de cette défaite au goût amer pour les Bleus.
Tout commence pourtant parfaitement dans cette soirée du 9 juillet à Berlin. Florent Malouda s'effondre dans la surface italienne, après une faute de Marco Materazzi.
La panenka sur le penalty, qui frappe la transversale mais franchit tout de même la ligne, bétonne la légende de "Zizou", pour son dernier match en tant que joueur.
Quelques minutes après le but français, Materazzi balance toutefois un coup de tête sur corner et égalise.
L'histoire va en retenir un autre. Pendant les prolongations, Zidane dégoupille à la 108e minute, après s'être chauffé avec Materazzi. "Zizou" craque et lui envoie, sur le torse, le coup de boule le plus célèbre du monde. Carton rouge.
Le commentaire incrédule de Thierry Gilardi, au micro de TF1, reste dans les mémoires: "Oh Zinédine, pas ça, pas ça Zinédine, pas ça Zinédine, oh non, oh non pas ça, pas aujourd'hui, pas maintenant, pas après tout ce que tu as fait."
À la sortie du joueur, le sélectionneur Raymond Domenech n'a pas un regard pour lui. La suite est terrible, spécialement pour David Trezeguet, le seul à manquer son penalty lors de la séance de tirs au but. Ses larmes et ses excuses devant la foule quelques jours plus tard place de la Concorde à Paris resteront elles aussi.
«À Moscou, la pluie ne mouillait pas»
15 juillet 2018, à Moscou
France-Croatie, 4-2
Pluie battante et pluie de buts au stade Loujniki: ce 15 juillet 2018, les buteurs sont déterminés à marquer l'histoire.
Pour la première fois dans la finale d'un Mondial, un but contre son camp est inscrit, lorsque Mario Mandzukic dévie dans ses cages le coup franc de Griezmann (18e). Puis il y a un recours à l'assistance vidéo à l'arbitrage (VAR), nouvellement instaurée, pour offrir à "Grizou" le penalty du 2-1 (38e), là encore une première, avant que Pogba n'enfonce le clou (59e).
Et que dire de la précocité de Kylian Mbappé ? Alors âgé de 19 ans, l'attaquant du Paris Saint-Germain inscrit le quatrième but de la France et devient le deuxième plus jeune joueur de l'histoire à marquer dans une finale de Coupe du monde après Pelé en 1958.
Tant pis pour les Croates, qui ont brièvement égalisé par Ivan Perisic (28e) puis réduit l'écart par Mandzukic (69e) après une énorme erreur de Hugo Lloris. C'est la France qui décroche son deuxième titre et Lloris qui soulève le trophée sous des trombes d'eau et une pluie de confettis dorés.
Didier Deschamps, capitaine des champions du monde 1998, de nouveau champion comme entraîneur, résumera cet état de grâce dans une récente interview au quotidien français L'Équipe: "À Moscou, la pluie ne mouillait pas."