Visés par le crime organisé et la violence, les Arabes-Israéliens vivent dans une peur constante

Les Arabes disent que s'ils dénoncent les criminels, il y aura vengeance, et la police ne les protégera pas. (AFP/File)
Les Arabes disent que s'ils dénoncent les criminels, il y aura vengeance, et la police ne les protégera pas. (AFP/File)
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Publié le Lundi 12 décembre 2022

Visés par le crime organisé et la violence, les Arabes-Israéliens vivent dans une peur constante

  • Selon la police israélienne, sept gangs sont actifs dans la communauté arabe
  • Jalal Bana, expert en stratégie de Kufr Yasif en Galilée, a déclaré à Arab News que la pauvreté généralisée dans la société arabe est un facteur qui explique la montée de la criminalité et le fait que de nombreux jeunes hommes rejoignent des gangs crimine

RAMALLAH : Plus de 1,5 million de citoyens palestiniens d'Israël font face à une vague de violence et de crimes perpétrés par des bandes organisées qui ont fait 104 victimes cette année, ont déclaré des sources israélo-arabes à Arab News.

Plusieurs facteurs sont attribués à l'horrible situation à laquelle la communauté palestinienne d'Israël est confrontée. Les banques israéliennes n'accordent pas de prêts aux personnes sans permis de construire, ce qui oblige la communauté à se tourner vers le marché noir ou les bandes criminelles pour obtenir des prêts. Lorsqu'ils ne sont pas en mesure de rembourser leurs dettes à temps, ils sont la cible de violences.

Des armes sont volées dans les entrepôts de l'armée israélienne, dit-on, et finissent dans les mains des criminels. Le prix d'un pistolet varie entre 3 000 et 6 000 dollars (1USD = 0,95 Euro), tandis que le fusil d'assaut M16 coûte environ 21 000 dollars, ce qui constitue un commerce lucratif pour les jeunes chômeurs de 16 à 18 ans.

La plupart des personnes arrêtées par la police israélienne et poursuivies en justice sont susceptibles d'être des agents, mais pas des patrons du crime, ont déclaré des sources à Arab News.

Selon la police israélienne, sept gangs de ce type sont actifs dans la communauté arabe. Certains de leurs membres travaillaient comme agents pour des groupes criminels juifs avant que beaucoup d'entre eux ne soient démantelés vers 2016. Le vide a été comblé par des gangs arabes ayant des dizaines de milliers d'armes entre les mains.

La méfiance des Palestiniens israéliens envers la police israélienne est un énorme obstacle à la lutte contre le crime organisé dans la communauté. Ils estiment que la police ne s'attaque pas suffisamment à la criminalité dans les zones arabes, tandis que la police leur reproche de ne pas coopérer dans la lutte contre le crime.

Les Arabes disent que s'ils dénoncent les criminels, il y aura vengeance, et la police ne les protégera pas. Ils affirment que la police confisque les armes et n'arrête pas les suspects, et que même si elle en capture quelques-uns, elle ne les traduit pas en justice.

La police israélienne affirme qu'elle a besoin de preuves pour poursuivre les suspects, ce qui est difficile en raison d'un manque de personnel policier, de budgets ou de technologies suffisantes comme celles dont dispose le Shin Bet. Par conséquent, des appels ont été lancés pour que le Shin Bet aide la police, mais ils butent contre de fortes réserves quant à l'ingérence du Shin Bet dans les affaires civiles.

Jalal Bana, expert en stratégie de Kufr Yasif en Galilée, a déclaré à Arab News que la pauvreté généralisée dans la société arabe est un facteur qui explique la montée de la criminalité et le fait que de nombreux jeunes hommes rejoignent des gangs criminels.

Il a ajouté : « Il est impossible d'éradiquer en un an ou deux la criminalité qui sévit depuis de nombreuses années. La police israélienne a commencé à lutter contre la criminalité dans la communauté arabe lorsqu'elle a représenté une menace stratégique pour la communauté juive. »

Il a ajouté que la police peut réduire considérablement la criminalité si elle le souhaite, comme elle a réussi à le faire entre 1999 et 2001, en éliminant complètement les gangs du crime organisé dans la communauté juive.

Des sources arabo-israéliennes ont déclaré à Arab News qu'un certain nombre de personnes impliquées dans la commission de crimes contre des Arabes ont fui en Turquie et aux EAU par peur d'être arrêtées.

Bana a déclaré qu'il s'agit d'une « situation terrifiante » dans un contexte de commerce d'armes et de drogues, d'extorsion et de maires contraints d'attribuer des appels d'offres aux bailleurs de fonds des bandes criminelles organisées.

Mahmoud Khatib, écrivain et conférencier du village de Kafr Kanna en Galilée, a déclaré à Arab News que le nombre de morts cette année avait dépassé les 100, ce qui signifie que les mesures policières ont échoué à combattre le crime.

Khatib a précisé qu'il était nécessaire d'intensifier les efforts de la police, de promulguer des lois dissuasives et de promouvoir les valeurs religieuses et nationales dans la communauté arabe.

« La perte de sécurité nous attriste plus que le nombre de personnes tuées par la criminalité, et il y a un million et demi d'Arabes qui ne vivent pas en sécurité, mais plutôt dans un état constant de peur et de terreur », a-t-il déclaré.

Malgré la promesse du gouvernement israélien de réprimer la violence, les armes illégales et les projets de création de postes de police supplémentaires, les activités criminelles n'ont pas diminué.

La police israélienne a récemment créé une unité spéciale appelée Saif (épée) pour s'attaquer au problème, une force de 32 000 hommes qui cherche à recruter plus de 5 000 personnes supplémentaires. Elle cherche également à obtenir un budget plus important et une meilleure technologie pour vaincre les gangs criminels.

Entre-temps, Itamar Ben-Gvir, désigné ministre de la Sécurité nationale, a déclaré qu'il lutterait avec détermination contre la violence et les crimes au sein de la communauté arabe. Mais les Arabes-Israéliens estiment que cela ne fera aucune différence car « Ben-Gvir présente des problèmes, pas des solutions, et toutes ses réponses sont basées sur la violence. »

Par ailleurs, Ben-Gvir a déclaré qu'il avait posé comme condition à son entrée dans la nouvelle coalition gouvernementale dirigée par Benjamin Netanyahou de modifier le statu quo à la mosquée Al-Aqsa, en autorisant les juifs à prier dans le sanctuaire.

La prière juive dans la mosquée Al-Aqsa est interdite, mais la police israélienne autorise la tenue de prières silencieuses, à l'écart de la mosquée Al-Qibli et du Dôme du Rocher.

Ekrima Sabri, le grand mufti de Jérusalem et prédicateur à la mosquée Al-Aqsa, a déclaré à Arab News : « Nous sommes toujours attentifs à toute surprise que Ben-Gvir ou toute autre figure insensée pourrait susciter. Nous affirmons notre droit légitime en tant que musulmans à prier seuls à Al-Aqsa, et nous considérons les déclarations de Ben-Gvir comme une agression contre les musulmans. »

Sabri a souligné : « Nous empêcherons les juifs de prier dans la mosquée Al-Aqsa et ses cours, en toutes circonstances et à n'importe quel prix. »

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Un système d’armement américain utilisé dans une frappe israélienne au Liban violerait le droit international

Des débris entourent les bâtiments détruits par une frappe israélienne dans le village frontalier de Mays al-Jabal, dans le sud du Liban, le 5 mai 2024 (AFP).
Des débris entourent les bâtiments détruits par une frappe israélienne dans le village frontalier de Mays al-Jabal, dans le sud du Liban, le 5 mai 2024 (AFP).
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  • The Guardian et Human Rights Watch (HRW) ont identifié les fragments d’une bombe JDAM fabriquée par Boeing sur le site où les secouristes ont été tués
  • Les États-Unis interdisent la vente de ces systèmes à des armées étrangères lorsqu’il existe des «informations crédibles» sur des violations des droits de l’homme

LONDRES: Une frappe aérienne israélienne au Liban, qui a fait sept morts parmi les travailleurs humanitaires en mars, pourrait avoir été lancée à l’aide d’un système d’armement fourni par les États-Unis, selon une enquête menée par le quotidien The Guardian.

Cet incident a coûté la vie à sept secouristes âgés de 18 à 25 ans, tous bénévoles, qui se trouvaient dans un centre ambulancier à Al-Habariyé, dans le sud du Liban, le 27 mars.

Il a eu lieu cinq jours avant qu’une frappe israélienne à Gaza ne tue sept travailleurs humanitaires travaillant pour l’ONG World Central Kitchen.

Les débris trouvés sur les lieux à Al-Habariyé ont été identifiés par The Guardian, un expert indépendant et Human Rights Watch (HRW) comme appartenant à une bombe israélienne MPR de 230 kg et à une bombe JDAM (Joint Direction Attack Munition) fabriquée par Boeing, un système attaché aux explosifs pour les transformer de bombes non guidées en bombes guidées par GPS.

Ramzi Kaiss, chercheur de HRW sur le Liban, a indiqué à The Guardian que «les assurances d’Israël sur son utilisation légale des armes américaines ne sont pas crédibles. Étant donné que le comportement d’Israël à Gaza et au Liban continue de violer le droit international, l’administration Biden devrait immédiatement suspendre les ventes d’armes à Israël».

En vertu de la loi Leahy de 1997, le gouvernement américain ne peut légalement ni aider ni armer des armées étrangères lorsqu’il existe des «informations crédibles» sur des violations des droits de l’homme.

Un porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis a assuré à The Guardian: «Les États-Unis veillent constamment à ce que le matériel de défense fourni par les États-Unis soit utilisé conformément au droit national et international applicable. Si des violations sont constatées, nous prenons les mesures nécessaires.»

Quant à Josh Paul, chercheur non résident à Democracy for the Arab World Now et ancien employé du département d’État, il a précisé: «Le département d’État a approuvé plusieurs de ces transferts (d’armes) en quarante-huit heures. Il n’y a aucune préoccupation politique concernant les munitions destinées à Israël, à l’exception du phosphore blanc et des bombes à sous-munitions».

Il a ajouté que les JDAM constituent des «armes clés» régulièrement demandées par Israël depuis le début de la guerre à Gaza.

Mercredi, le secrétaire d’État Antony Blinken remettra au Congrès un rapport sur l’utilisation par Israël d’armes américaines et sur la possibilité qu’elles aient été impliquées dans des violations de cette loi ou d’autres.

Le sénateur du Maryland, Chris Van Hollen, a déclaré à The Guardian que les conclusions de l’enquête à Al-Habariyé sont «profondément préoccupantes et doivent faire l’objet d'une enquête approfondie de la part de l’administration Biden. Les conclusions de cette enquête approfondie devraient certainement être incluses dans le rapport NSM-20 qui doit être soumis au Congrès le 8 mai».

La frappe aérienne sur le centre ambulancier d’Al-Habariyé a été lancée sans avertissement le 27 mars avant 1h du matin. Aucun combat n’avait été signalé dans la région.

Les victimes, qui travaillaient au centre la nuit, sont les frères jumeaux Hussein et Ahmad al-Chaar, âgés de 18 ans; Abderrahmane al-Chaar, 19 ans; Mohammed Hamoud, 21 ans; Mohammed al-Farouk Aatwi, 23 ans; Abdallah Aatwi, 24 ans; et Baraa Abou Kaiss, 24 ans.

Selon l’armée israélienne, la frappe, qui a détruit le bâtiment de deux étages, a tué un «terroriste de premier plan appartenant à la Jamaa Islamiya», un groupe politique libanais armé lié au Hezbollah. L’armée n’a pas désigné cette personne par son nom.

Un porte-parole de la Jamaa Islamiya a confirmé que certains des secouristes bénévoles étaient membres du groupe, mais a nié qu’ils faisaient partie de sa branche armée.

Samer Hardane, responsable du centre local de Défense civile, qui faisait partie des premiers intervenants, a affirmé à The Guardian : «Nous avons inspecté chaque centimètre à la recherche des membres et des possessions des victimes. Nous n’avons rien vu qui soit lié à l’armée. Nous connaissions personnellement les victimes. Nous avons donc pu identifier leurs corps».

Depuis le 7 octobre, 16 travailleurs médicaux ont été tués par des frappes aériennes israéliennes au Liban, et 380 autres personnes ont péri, dont 72 civils. Onze soldats israéliens et huit civils ont également été tués.

Kassem al-Chaar, père des jumeaux Ahmed et Hussein, a confié qu’il avait déconseillé à ses fils de se porter volontaires.

«Je leur ai dit qu’il était dangereux de faire ce type de travail, mais ils m’ont répondu qu’ils acceptaient le risque. Je ne sais pas ce qui a poussé Israël à agir de la sorte: il s’agissait de jeunes gens enthousiastes à l’idée d’aider les autres», a-t-il déploré.

«Mes fils voulaient faire du travail humanitaire, et voyez ce qui leur est arrivé. Israël n’oserait pas agir de la sorte si les États-Unis ne le soutenaient pas.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: le Hamas dit avoir accepté une proposition de cessez-le-feu présentée par l'Egypte et le Qatar

Des Palestiniens déplacés se tiennent à côté de leurs biens, dans le quartier d'Al-Mawasi, à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. (Reuters)
Des Palestiniens déplacés se tiennent à côté de leurs biens, dans le quartier d'Al-Mawasi, à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. (Reuters)
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  • Des scènes de joie et des tirs en l'air ont accueilli lundi cette annonce à Rafah
  • Un responsable du Hamas a indiqué que «la balle est désormais dans le camp» d'Israël, après l'annonce

GAZA: Le Hamas a indiqué lundi avoir informé l'Egypte et le Qatar qu'il acceptait leur proposition pour un cessez-le-feu avec Israël dans la bande de Gaza dévastée par sept mois de guerre.

"Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, s'est entretenu par téléphone avec le Premier ministre qatari Cheikh Mohammed bin Abdelrahmane Al Thani et le ministre égyptien des Renseignements, Abbas Kamel, et les a informés que le Hamas avait approuvé leur proposition d'accord de cessez-le-feu", selon un communiqué publié sur le site du mouvement palestinien.

Un responsable du Hamas a indiqué à l'AFP que "la balle est désormais dans le camp" d'Israël, après l'annonce. 

Des scènes de joie et des tirs en l'air ont accueilli lundi à Rafah, ville à la lisière sud de la bande de Gaza assiégée sur laquelle Israël projette une offensive militaire d'ampleur

 


L’Arabie saoudite met Israël en garde contre le ciblage de Rafah à Gaza

De la fumée s’élève après des frappes israéliennes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. (Reuters)
De la fumée s’élève après des frappes israéliennes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. (Reuters)
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  • Cet avertissement intervient après que l’armée israélienne a ordonné à des dizaines de milliers de personnes dans la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, de commencer à évacuer les lieux plus tôt dans la journée de lundi
  • Le ministère des Affaires étrangères a réaffirmé le rejet catégorique par le Royaume des violations continues du droit international par l’armée israélienne

RIYAD: Lundi, l’Arabie saoudite a mis en garde contre les dangers d’un ciblage de la ville de Rafah par Israël dans le cadre de sa campagne «sanglante et systématique visant à envahir toutes les zones de la bande de Gaza et à déplacer ses habitants».

Cet avertissement intervient après que l’armée israélienne a ordonné à des dizaines de milliers de personnes dans la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, de commencer à évacuer les lieux plus tôt dans la journée de lundi, signalant qu’une invasion terrestre, promise depuis longtemps, pourrait être imminente.

Le ministère des Affaires étrangères a réaffirmé le rejet catégorique par le Royaume des violations continues du droit international par l’armée israélienne, qui exacerbent la crise humanitaire dans le territoire et entravent les efforts de paix internationaux.

Le ministère a réitéré l’appel du Royaume à la communauté internationale pour qu’elle intervienne immédiatement afin d’arrêter le génocide israélien en cours dans les territoires palestiniens occupés.

Lundi, Volker Turk, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a déclaré que les ordres israéliens de déplacer les Palestiniens de Rafah étaient inhumains et risquaient de les exposer à davantage de dangers et de souffrances. Il a averti que de telles actions peuvent parfois constituer des crimes de guerre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com