RAMALLAH : Plus de 1,5 million de citoyens palestiniens d'Israël font face à une vague de violence et de crimes perpétrés par des bandes organisées qui ont fait 104 victimes cette année, ont déclaré des sources israélo-arabes à Arab News.
Plusieurs facteurs sont attribués à l'horrible situation à laquelle la communauté palestinienne d'Israël est confrontée. Les banques israéliennes n'accordent pas de prêts aux personnes sans permis de construire, ce qui oblige la communauté à se tourner vers le marché noir ou les bandes criminelles pour obtenir des prêts. Lorsqu'ils ne sont pas en mesure de rembourser leurs dettes à temps, ils sont la cible de violences.
Des armes sont volées dans les entrepôts de l'armée israélienne, dit-on, et finissent dans les mains des criminels. Le prix d'un pistolet varie entre 3 000 et 6 000 dollars (1USD = 0,95 Euro), tandis que le fusil d'assaut M16 coûte environ 21 000 dollars, ce qui constitue un commerce lucratif pour les jeunes chômeurs de 16 à 18 ans.
La plupart des personnes arrêtées par la police israélienne et poursuivies en justice sont susceptibles d'être des agents, mais pas des patrons du crime, ont déclaré des sources à Arab News.
Selon la police israélienne, sept gangs de ce type sont actifs dans la communauté arabe. Certains de leurs membres travaillaient comme agents pour des groupes criminels juifs avant que beaucoup d'entre eux ne soient démantelés vers 2016. Le vide a été comblé par des gangs arabes ayant des dizaines de milliers d'armes entre les mains.
La méfiance des Palestiniens israéliens envers la police israélienne est un énorme obstacle à la lutte contre le crime organisé dans la communauté. Ils estiment que la police ne s'attaque pas suffisamment à la criminalité dans les zones arabes, tandis que la police leur reproche de ne pas coopérer dans la lutte contre le crime.
Les Arabes disent que s'ils dénoncent les criminels, il y aura vengeance, et la police ne les protégera pas. Ils affirment que la police confisque les armes et n'arrête pas les suspects, et que même si elle en capture quelques-uns, elle ne les traduit pas en justice.
La police israélienne affirme qu'elle a besoin de preuves pour poursuivre les suspects, ce qui est difficile en raison d'un manque de personnel policier, de budgets ou de technologies suffisantes comme celles dont dispose le Shin Bet. Par conséquent, des appels ont été lancés pour que le Shin Bet aide la police, mais ils butent contre de fortes réserves quant à l'ingérence du Shin Bet dans les affaires civiles.
Jalal Bana, expert en stratégie de Kufr Yasif en Galilée, a déclaré à Arab News que la pauvreté généralisée dans la société arabe est un facteur qui explique la montée de la criminalité et le fait que de nombreux jeunes hommes rejoignent des gangs criminels.
Il a ajouté : « Il est impossible d'éradiquer en un an ou deux la criminalité qui sévit depuis de nombreuses années. La police israélienne a commencé à lutter contre la criminalité dans la communauté arabe lorsqu'elle a représenté une menace stratégique pour la communauté juive. »
Il a ajouté que la police peut réduire considérablement la criminalité si elle le souhaite, comme elle a réussi à le faire entre 1999 et 2001, en éliminant complètement les gangs du crime organisé dans la communauté juive.
Des sources arabo-israéliennes ont déclaré à Arab News qu'un certain nombre de personnes impliquées dans la commission de crimes contre des Arabes ont fui en Turquie et aux EAU par peur d'être arrêtées.
Bana a déclaré qu'il s'agit d'une « situation terrifiante » dans un contexte de commerce d'armes et de drogues, d'extorsion et de maires contraints d'attribuer des appels d'offres aux bailleurs de fonds des bandes criminelles organisées.
Mahmoud Khatib, écrivain et conférencier du village de Kafr Kanna en Galilée, a déclaré à Arab News que le nombre de morts cette année avait dépassé les 100, ce qui signifie que les mesures policières ont échoué à combattre le crime.
Khatib a précisé qu'il était nécessaire d'intensifier les efforts de la police, de promulguer des lois dissuasives et de promouvoir les valeurs religieuses et nationales dans la communauté arabe.
« La perte de sécurité nous attriste plus que le nombre de personnes tuées par la criminalité, et il y a un million et demi d'Arabes qui ne vivent pas en sécurité, mais plutôt dans un état constant de peur et de terreur », a-t-il déclaré.
Malgré la promesse du gouvernement israélien de réprimer la violence, les armes illégales et les projets de création de postes de police supplémentaires, les activités criminelles n'ont pas diminué.
La police israélienne a récemment créé une unité spéciale appelée Saif (épée) pour s'attaquer au problème, une force de 32 000 hommes qui cherche à recruter plus de 5 000 personnes supplémentaires. Elle cherche également à obtenir un budget plus important et une meilleure technologie pour vaincre les gangs criminels.
Entre-temps, Itamar Ben-Gvir, désigné ministre de la Sécurité nationale, a déclaré qu'il lutterait avec détermination contre la violence et les crimes au sein de la communauté arabe. Mais les Arabes-Israéliens estiment que cela ne fera aucune différence car « Ben-Gvir présente des problèmes, pas des solutions, et toutes ses réponses sont basées sur la violence. »
Par ailleurs, Ben-Gvir a déclaré qu'il avait posé comme condition à son entrée dans la nouvelle coalition gouvernementale dirigée par Benjamin Netanyahou de modifier le statu quo à la mosquée Al-Aqsa, en autorisant les juifs à prier dans le sanctuaire.
La prière juive dans la mosquée Al-Aqsa est interdite, mais la police israélienne autorise la tenue de prières silencieuses, à l'écart de la mosquée Al-Qibli et du Dôme du Rocher.
Ekrima Sabri, le grand mufti de Jérusalem et prédicateur à la mosquée Al-Aqsa, a déclaré à Arab News : « Nous sommes toujours attentifs à toute surprise que Ben-Gvir ou toute autre figure insensée pourrait susciter. Nous affirmons notre droit légitime en tant que musulmans à prier seuls à Al-Aqsa, et nous considérons les déclarations de Ben-Gvir comme une agression contre les musulmans. »
Sabri a souligné : « Nous empêcherons les juifs de prier dans la mosquée Al-Aqsa et ses cours, en toutes circonstances et à n'importe quel prix. »
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com