RENNES : Un festival musical peut-il réduire son impact sur l'environnement ? Quinze ans après avoir commencé à dire au-revoir au plastique, les Trans Musicales de Rennes poursuivent leur transition et lancent une "contribution environnementale" pour soutenir des projets verts.
Pour la première fois, le festival rennais défricheur de talents, qui attend cette année encore plus de 80 artistes et 50 000 visiteurs sur cinq jours, collectera un fonds pour compenser l'empreinte de CO2 de son public et de ses artistes.
Objectif: réunir 60 000 euros. La somme correspond à "la conversion en euros des 750 tonnes de CO2 émises par les transports des artistes et des publics en moyenne sur une édition", expliquent les organisateurs des Trans Musicales.
En lançant cette opération, "l'idée c'était de dire qu'on est bien conscient que toute action humaine, tout événement a un coût écologique", souligne Xavien Paillat responsable développement durable et solidaire à l'association des Trans Musicales.
Loin derrière les publics des gros festivals comme les Vieilles Charrues, compenser ce coût écologique est néanmoins devenu une préoccupation incontournable pour les Trans, parce que "25% des artistes viennent de très loin. On a des artistes qui viennent des Etats-Unis, d'Afrique, du Proche-Orient...", rappelle Xavier Paillat.
Mise en place de navettes, restauration écoresponsable, végétarienne, interdiction du plastique jetable: depuis leur création en 1979, les Trans Musicales ont pris une série d'engagements pour le développement durable, décrochant dès 2008 un label Green'n'Clean de l'association de festivals européens Yourope.
Ont aussi été mises en place des actions solidaires à destination des personnes hospitalisées ou en situation de handicap et depuis 2019, en matière de prévention contre les violences sexistes, sexuelles et le harcèlement.
Sans changer le projet artistique mais pour "continuer à rendre possible cette rencontre", M. Paillat estime que "le mieux, c'est de compter l'empreinte carbone, pour se rendre compte de la réalité des choses".
Concrètement les festivaliers pourront contribuer à cette cagnotte, à l'achat du billet, en faisant don de leur gobelet consigné ou de leur crédit de consommation (cashless).
La contribution environnementale n'est pas nouvelle dans un festival. La formule a déjà été expérimentée l'année dernière au festival de Cannes où chaque festivalier devait régler une contribution de 20 euros.
Une aide aux fermes biologiques
In fine, l'argent sera reversé intégralement à des organismes agissant pour la réduction des émissions de carbone.
Pour Emilie Crouzard, coordinatrice à l'association Terre de liens Bretagne, l'un des projets retenus, cette aide "est vraiment la bienvenue".
L'association qui accompagne en moyenne chaque année 4-5 agriculteurs dans la création de fermes biologiques, espère accompagner deux nouveaux agriculteurs l'année prochaine.
Ce don "va nous aider à nous projeter vers plus d'actions, à dynamiser sur l'agriculture biologique", se réjouit Emilie Crouzard. C'est aussi "un moyen de transmettre notre message à un public qui n'est pas habitué, de sensibiliser sur l'alimentation locale", estime-t-elle.
Du côté des autres organismes, les Compagnons bâtisseurs de Bretagne, une association de lutte contre le mal logement et la précarité énergétique des personnes vulnérables, on se réjouit aussi de ce soutien.
Selon Laurence Duffaud, directrice régionale de l'association interrogée par l'AFP, le message selon lequel "je compense ce que j'ai pu générer en empreinte carbone" est une "démarche très intéressante".
La contribution environnementale pourrait toutefois avoir une limite: que les dons ne soient pas au rendez-vous.
Jeudi, les Trans avaient recueilli à peine plus que 13 000 euros.
"Il s'agit vraiment d'une expérimentation", souligne Xavier Paillat. "Si les dons des publics n'augmentent pas (...) ce serait décevant", mais "on n'aura pas de regret par rapport au montant (...) on refera cela l'an prochain".