RDC: ils ont échappé au massacre de Kishishe et s'entassent dans un camp de déplacés

Les habitants tiennent des bougies alors qu'ils se rassemblent à Beni le 7 décembre 2022 lors d'une veillée de prière en souvenir des victimes des troubles en cours dans l'Est du pays. (AFP)
Les habitants tiennent des bougies alors qu'ils se rassemblent à Beni le 7 décembre 2022 lors d'une veillée de prière en souvenir des victimes des troubles en cours dans l'Est du pays. (AFP)
Short Url
Publié le Samedi 10 décembre 2022

RDC: ils ont échappé au massacre de Kishishe et s'entassent dans un camp de déplacés

  • Selon le chemin emprunté, ils ont parcouru 40 ou 60 km entre les collines pour arriver dans ce camp appelé Mungote, après avoir fui les tueries du 29 novembre
  • Eric est hanté par l'image des deux enfants de son grand frère qui sont «sortis de la maison en criant "il y a des tirs!". «Ils ont reçu des balles juste à la porte et sont morts sur le coup»

KITSHANGA: Ils ont vu des horreurs dans leur village de Kishishe, dans l'est de la République démocratique du Congo, se sont enfuis et ont marché, dans la peur et le froid, sur des dizaines de km, pour échapper aux rebelles du M23.

Une équipe de l'AFP a rencontré Samuel, Tuyisenge, Eric, Florence et d'autres, vendredi dans un camp de déplacés de la localité de Kitshanga, dans le territoire de Masisi, où ils sont arrivés ces derniers jours.

Selon le chemin emprunté, ils ont parcouru 40 ou 60 km entre les collines pour arriver dans ce camp appelé Mungote, après avoir fui les tueries du 29 novembre.

Selon une enquête préliminaire de l'ONU, au moins 131 civils ont été exécutés ce jour-là par le M23 ("Mouvement du 23 mars"), une rébellion majoritairement tutsi qui s'est emparée ces derniers mois de vastes portions du territoire de Rutshuru, voisin du Masisi, au nord de la capitale provinciale du Nord-Kivu, Goma.

Les rebelles sont aussi accusés de viols, enlèvements et pillages, commis sur la population civile en représailles d'une attaque de groupes armés essentiellement hutu.

"Les rebelles du M23 ont commencé à tirer partout", raconte Samuel, un tout jeune homme, qui dit avoir vu de ses yeux six morts - trois membres de sa famille, dont son grand frère James, et trois autres habitants de Kishishe.

"J'ai pris la décision de m'enfuir et j'ai mis une semaine pour arriver, à pied, à Kitshanga", déclare-t-il.

Tuyisenge, elle, est une mère de famille de 30 ans. "J'étais à l'église et j'ai pu m'échapper. Certains ont résisté et ont été tués. J'ai vu neuf morts", confie-t-elle, les larmes aux yeux.

"J'ai sept enfants, mais je suis arrivée ici avec trois. Les quatre autres ont disparu et mon mari, je n'ai pas de nouvelles", ajoute-t-elle, entourée d'autres femmes qui elles aussi veulent raconter la terreur qu'elles ont vécue.

Elles n'ont rien, juste les habits qu'elles portaient quand elles se sont enfuies.

«Ils arrivent sans rien»

Un peu plus loin, au milieu des huttes des déplacés, Florence, 45 ans, explique avoir marché plusieurs jours pour arriver ici. Elle n'a pas de nouvelles elle non plus de son mari, ni de deux de ses enfants. "Au camp, celui qui a pitié de moi me donne des patates douces", souffle-t-elle tristement.

Eric est hanté par l'image des deux enfants de son grand frère qui sont "sortis de la maison en criant +il y a des tirs!+". "Ils ont reçu des balles juste à la porte et sont morts sur le coup", ils s'appelaient Jacques et Musayi.

Il y a des déplacés de guerre à Kitshanga depuis des années, certains étant arrivés à l'époque d'une précédente offensive du M23. Le mouvement avait occupé Goma pendant une dizaine de jours fin 2012, avant d'être vaincu l'année suivante par l'armée congolaise appuyée par les Casques bleus de l'ONU.

Le M23 a repris les armes en fin d'année dernière, reprochant au gouvernement de Kinshasa de ne pas avoir respecté des engagements sur la démobilisation de ses combattants.

Selon ses responsables, le camp de Mungote abritait déjà plus de "40 000 ménages" et environ 4 000 de plus sont arrivés tout récemment.

"Jusqu'à quatre familles dorment dans une hutte, des hommes, femmes et enfants. Les gens sont en train de mourir", déclare Vumilia Peruse, vice-présidente du camp. "Ils arrivent sans rien... Les autorités doivent intervenir au plus vite pour éviter une catastrophe", s'alarme-t-elle.

"Nous pensions que cette guerre était entre militaires et que nous serions épargnés", commente Toby Kahunga, président de la société civile de la chefferie (regroupement de villages) de Bashali. "Mais ils tuent les gens!", s'indigne-t-il, en demandant que le président rwandais Paul Kagame "retire ses hommes".

Selon le gouvernement congolais, des experts de l'ONU ainsi que les diplomaties américaine et belge, le Rwanda soutient le M23. Kigali conteste, en accusant en retour Kinshasa de soutenir des rebelles hutu impliqués pour certains dans le génocide des Tutsi rwandais de 1994.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Short Url
  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Short Url
  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Short Url
  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.